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N'est-on libre qu'en étant citoyen ?

Publié le 04/03/2004

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Donner une définition simple et univoque de la liberté n’est possible qu’au prix d’une simplification inacceptable du concept de liberté. En effet, pour définir la liberté, il faut nécessairement faire référence à un terme qui s’oppose à elle. Ainsi on peut définir la liberté par opposition à l’esclavage : alors elle est la condition d’une personne qui n’est pas sous la dépendance d’une autre. Elle s’oppose également à la contrainte, puisqu’elle est le pouvoir de faire ce que l’on veut ; mais elle s’oppose également à l’oppression, en tant qu’elle est le droit de faire tout ce que les lois permettent, sous réserve de ne pas porter atteinte aux droits d’autrui. Enfin, elle s’oppose au déterminisme, puisqu’elle est le pouvoir de la raison humaine de se déterminer en toute indépendance.

Par citoyen, on entend une personne soumise a l’autorité d’un état, qui jouit de la protection de ce dernier et bénéficie de droits civiques. Il est également astreint à des devoirs envers cet état. La citoyenneté s’exerce de manière différente selon les pays puisqu’elle est définie par la loi et intégrée dans le système général des mœurs dans lequel le citoyen est intègre.

En posant la question « n’est-on libre qu’en étant citoyen ? « nous cherchons à savoir si la liberté ne se conquiert que dans le seul état de citoyen. En ce sens, la liberté serait impossible en dehors de la citoyenneté et ne s’obtiendrait que pour autant que l’individu devienne citoyen. A première vue, une telle thèse ne peut que nous paraitre intenable, dans la mesure où la liberté elle-même est un état qui peut nous sembler en tout état de cause impossible à obtenir par l’individu. Mais nous verrons ensuite que l’état de citoyen permet effectivement à l’individu d’être libre, de sorte que liberté et citoyenneté peuvent apparaitre comme deux états complémentaires. Enfin, nous verrons que la liberté est rendue possible par la citoyenneté, mais qu’elle est néanmoins possible dans d’autres états, notamment celui de l’individu solitaire.

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si la citoyenneté se confond avec la liberté ou n’est qu’une condition nécessaire de cette dernière. 

Parties du programme abordées :  - L'État.  - Le pouvoir.  - La liberté.    Analyse du sujet : Est-ce seulement en jouissant des droits propres aux membres d'une cité ou d'un État que l'on parvient à la liberté ?    Conseils pratiques : La liberté possède une signification métaphysique, mais aussi éthique, politique, etc. Ne restez pas dans le vague et la mauvaise abstraction. Efforcez-vous de circonscrire ce concept.    Bibliographie :  Hegel, Principes de la philosophie du droit, Idées, NRF, pp. 270 sq.  Spinoza, Philosophie et politique, Textes choisis, PUF.    Difficulté du sujet : **    Nature du sujet : Classique.

I.                   On ne saurait etre libre en etant citoyen car la liberte est un ideal inatteignable

  1. La liberte est un etat inatteignable pour l’homme
    1. Il existe un désir d’obéir qui empêche la réalisation de la liberté humain

      II.                L’individu est libre dans l’etat de citoyen car il lui permet d’etre considéré comme une personne

      1. Le citoyen est libre par définition même 
        1. L’état de citoyen permet à l’individu de jouir de droits

          III.             La liberté du citoyen conditionne les autres libertés et n’est qu’une incarnation possible de la liberté elle-même

          1. La liberté du citoyen, condition d’une liberté incarnée dans d’autres activités
            1. La liberté du solitaire

« extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l'impulsion de la cause extérieure venant àcesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement.

Cette persistance de la pierre dans le mouvement est unecontrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une causeextérieure.

Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexitéqu'il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulièreest nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sachequ'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir.

Cette pierre assurément, puisqu'elle a conscience de soneffort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévèredans son mouvement que parce qu'elle le veut.Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ontconscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent ». Ce texte très important dans l'histoire de la philosophie montre bien que la liberté est une illusion pour les hommes,qui ne sont conscients que dans leurs volitions et non des causes qui les génèrent.

Nous ne sommes donc pas libresqu'en étant citoyen, car nous ne sommes pas libres du tout. Il existe un désir d'obéir qui empêche la réalisation de la liberté humaine b. Allant plus loin, nous pouvons ajouter que si nous ne sommes pas libres qu'en étant citoyen, c'est dans la mesure oùil existe, notamment dans l'ordre politique, un désir d'obéir qui empêche l'individu de le devenir.

En effet, nepouvons-nous noter certains comportements humains qui semblent manifester un véritable désir d'obéir ? Le domainepolitique est sans doute l'un des meilleurs domaines pour observer des comportements humains qui paraissentprouver l'existence d'un désir d'obéir.

Si nous en croyons Etienne de la Boetie, auteur du XVIe siècle et grand ami deMontaigne, il existe chez les individus un véritable désir d'obéir, qui vient s'opposer a l'aspiration naturelle etspontanée à la liberté.

Nous pouvons donc parler a juste titre, en reprenant le titre de l'essai fameux de La Boetie,d'une Servitude volontaire des individus répondant à un désir émanant de ces derniers : « C'est ainsi que le tyran asservit ses sujets les uns par les autres.

Il est gardé par ceux dont il devrait se garder,s'ils valaient quelque chose.

Mais on l'a fort bien dit : pour fendre le bois, on se fait des coins du bois même; telssont ses archers, ses gardes, ses hallebardiers.

Non que ceux-ci n'en souffrent souvent eux-mêmes; mais cesmisérables abandonnés de Dieu et des hommes se contentent d'endurer le mal et d'en faire, non à celui qui leur enfait, mais bien à ceux qui, comme eux, l'endurent et n'y peuvent mais.

Quand je pense à ces gens qui flattent letyran pour exploiter sa tyrannie et la servitude du peuple, je suis presque aussi souvent ébahi de leur méchancetéqu'apitoyé de leur sottise.

Car à vrai dire, s'approcher du tyran, est-ce autre chose que s'éloigner de sa liberté et,pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa servitude ? ».

Discours de la servitude volontaire, Étienne deLa Boetie. L'homme ne saurait donc être libre en étant citoyen, dans la mesure où il aspire obscurément à l'obéissance. II.

L'individu est libre dans l'etat de citoyen car il lui permet d'etre considéré comme une personne Le citoyen est libre par définition même a. Cependant, nous ne pouvons en rester a cette thèse, dans la mesure où les individus qui vivent dans l'état decitoyenneté font l'expérience d'une véritable liberté, sinon de la seule liberté qu'ils sont capables d'obtenir.

En effet,Rousseau montre que la liberté civile est garantie par ce qu'il nomme le « Contrat social » (dans son ouvrageéponyme).

Ce contrat permet à « chacun de nous de mettre en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisibledu tout ».

Chacun s'engageant à ne reconnaître d'autre volonté que la volonté générale, la liberté de tous les membres du corps politique est préservée, de même que leur égalité.

« L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté » écrit Rousseau.

Par conséquent, l'instauration d'un Etat maîtrisé par les individus (en tant qu'il émane de la volonté populaire exprimée dans le suffrage) permet de mettre un terme à la tension incluse dans le problème del'Etat et de répondre au problème politique que Rousseau énonce dans ces termes : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant ».

Nous dirons donc que les individus sont libres lorsqu'ils sont citoyens, puisque l'état est seul à même de servir leurs intérêts et b.. »

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