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N'est-on moral que par intérêt ?

Publié le 04/02/2004

Extrait du document

Analyse du sujet :

 

-          Le sujet ne demande pas s’il arrive qu’on soit moral par intérêt, mais si l’intérêt n’est pas justement l’unique raison d’être de la morale.

-          La formulation du sujet est quelque peu provocatrice, car intuitivement, on a tendance à opposer la morale à l’intérêt, comme on opposerait l’altruisme à l’égoïsme. Il est courant de considérer que ce qui est moral est désintéressé, et que ce qui est intéressé est immoral.

-          Aussi, si l’on n’était moral que par intérêt, ce serait alors comme si la morale n’existait pas.

-          On constate pourtant des actes moraux désintéressés. Pour en rendre compte par l’intérêt, il serait nécessaire d’effectuer un détour par lequel on débusquerait des intérêts cachés : cela semble une complication inutile.

-          A contrario¸ si l’on n’était pas moral par intérêt, il faudrait cependant rendre compte de cette morale : comment expliquer qu’un agent rationnel sacrifie son bonheur à la morale ?

-          Il faudrait alors également rendre compte du fait que tous les hommes n’ont pas la même morale : s’ils n’ont pas la même, n’est-ce pas parce que tous n’y trouvent pas leur compte de la même façon, c’est-à-dire justement parce que c’est l’intérêt individuel qui en décide ?

 

 

Problématisation :

 

La question posée par le sujet est source d’interrogations, car il existe comme une opposition de nature entre la morale et l’intérêt. Répondre par l’affirmative consisterait à nier la valeur de la morale, dont la prégnance est pourtant toujours sensible. Décider qu’il faille en conséquence donner une réponse négative, c’est cependant soulever de nouveaux problèmes, car l’intérêt a l’avantage de rendre compte des comportements humains selon des schémas qui font l’économie de nombreux postulats problématiques. Ne faudrait-il pas alors affiner notre représentation de l’intérêt pour ne pas tomber dans une négation absurde de l’évidence morale ?

« Face à de telles conceptions, le rigorisme kantien n'en affirme pas moins quel'intérêt ne saurait être authentiquement moral.

De ce point de vue, sedemander si l'on n'est moral que par intérêt n'a pas de sens : dès que l'intérêtintervient, on n'agit plus par devoir, mais, au mieux, en conformité avec ledevoir.La distinction, chez Kant, est d'importance : elle marque ce qui séparel'action moralement bonne et l'action qui semble bonne, mais sans que l'onpuisse décider de sa qualité réelle.

L'exemple célèbre du commerçant quisemble honnête, parce qu'il rend correctement la monnaie, enseigne à seméfier de la seule apparence, et à sonder les intentions.

Mais précisément,les intentions du commerçant me sont inconnues : rend-il correctement lamonnaie parce qu'il respecte la loi interdisant de voler, ou pour garder saclientèle ? Dans la première hypothèse, il se conduit moralement, en obéissantà une loi universelle qui peut contrarier son intérêt immédiat ; dans laseconde, il n'est que conformiste, parce que son intérêt privé coïncideempiriquement avec ce que la loi ordonne.C'est que Kant a une conception très exigeante de la moralité : être moraln'est pas donné, cela suppose un effort quasi permanent, une lutte contre lesimpulsions égoïstes et donc contre tout intérêt individuel.

Par définition, enquelque sorte, la loi s'oppose à l'intérêt, parce que ce dernier flatte lestendances de l'individu à suivre ses simples penchants, alors que la loi, par savigueur strictement formelle, oblige l'homme à se détourner de lui-même pour se convertir à un bien qui concerne l'humanité comme unité possible.

L'intérêt est du côté de la satisfactionsensible, la loi est du côté de la raison : il n'y a donc pas de conciliation possible entre les deux, et il est clair qu'ilappartient à l'homme de faire triompher la raison (sinon, il serait incompréhensible, ou absurde, que la nature l'en aitdoté). Intérêt Devoir détermination sensible Détermination rationnelle conseils de prudence règles morales recherche d'un moyen technique visée d'une fin morale impératif hypothétique : « si tu veux... alors » Impératif catégorique : « tu dois ! » maxime particulière subjective Loi universelle objective individu personne besoins valeurs hétéronomie autonomie esclavage liberté au plus élevé : la légalité au plus élevé : la moralité habileté pratique rectitude morale. »

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