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N'est-on moral que par intérêt?

Publié le 13/01/2005

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Dans de telles conditions, l'individu n'a pas intérêt à respecter les lois de nature car il n'est pas sûr que les autres les respecteront également. Ainsi les lois de nature sont alors inefficaces. -          Les lois de nature qui fondent la moralité nous invitent ainsi à chercher l'état civil, dans lequel seul il peut y avoir la paix, condition sine qua non pour que soient efficaces ces lois. C'est la loi civile qui pourra ensuite les imposer, car, ainsi qu'il l'écrit dans le chapitre XXVI du Léviathan : « déclarer ce qu'est l'équité, ce qu'est la justice et la vertu morale, et faire en sorte que [les personnes privées] leur soient soumises, cela requiert les ordonnances de la puissance souveraine, et que les châtiments soient ordonnés pour celles qui les enfreindraient. » -          Du point de vue hobbesien, nous ne sommes donc moraux que par intérêt, pour parvenir à mettre en acte ces lois de nature qui nous guident, et qui n'ont pour objectif que nous-mêmes. Le fait que seul le pouvoir du souverain dans l'Etat civil garantisse la réalité concrète de ces lois morales en imposant la crainte du châtiment prouve bien que c'est le seul intérêt qui nous amène à la morale. L'évidence du fait moral et du sens du devoir. -          On ne peut toutefois s'empêcher de penser qu'Hobbes a manqué quelque chose, à savoir le sentiment moral. En effet, il semble nier l'expérience immédiate que nous avons de la moralité : comment sa théorie peut-elle rendre compte du trouble de la conscience que l'on éprouve en face de l'immoralité ? Pourquoi serions-nous choqué par une injustice qui ne nous concerne pas si nous étions dépourvus de conscience morale ?

« - Du point de vue hobbesien, nous ne sommes donc moraux que par intérêt, pour parvenir à mettre en acte ces lois de nature qui nous guident, et qui n'ont pour objectif que nous-mêmes.

Lefait que seul le pouvoir du souverain dans l'Etat civil garantisse la réalité concrète de ces loismorales en imposant la crainte du châtiment prouve bien que c'est le seul intérêt qui nous amèneà la morale. L'évidence du fait moral et du sens du devoir. 2. - On ne peut toutefois s'empêcher de penser qu'Hobbes a manqué quelque chose, à savoir le sentiment moral.

En effet, il semble nier l'expérience immédiate que nous avons de la moralité : comment sa théorie peut-ellerendre compte du trouble de la conscience que l'on éprouve en face de l'immoralité ? Pourquoi serions-nous choquépar une injustice qui ne nous concerne pas si nous étions dépourvus de conscience morale ? Comment, encore,Hobbes pourrait-il expliquer par sa théorie le sacrifice pour autrui ? Il faut donc postuler qu'en dehors de notre intérêt personnel, il existe une morale que nous ne pouvons jamais totalement faire taire. - C'est ce que fait Kant, qui considère que la morale est une loi de la raison et non de l'intérêt, une loi qu'il appelle la loi morale.

Il écrit dans la Critique de la raison pratique que : « La loi morale est donnée comme un fait de la Raison dont nous sommes conscients a priori et qui est apodictiquement certain, en supposant même qu'on ne puisse alléguer dans l'expérience aucunexemple où elle ait été exclusivement suivie.

» - On peut la postuler si l'on postule que l'homme est libre.

Or, considérer que l'homme est libre, c'est imaginer qu'il est capable de s'affranchir des déterminations sensibles, par exemple enrenonçant à l'intérêt personnel et au plaisir immédiat. - Si l'homme est capable ainsi de mettre en action sa liberté, c'est parce qu'il est sensible à quelque chose de plus noble que l'intérêt.

Agir par intérêt,ce n'est en effet pas agir en homme libre, car c'est êtrepoussé par une impulsion animale.

Selon Kant, cette chosequi serait supérieure à l'intérêt, ce serait le sens du devoirqui nous enjoint à un respect inconditionnel envers la loimorale.

La loi morale se formulant en ces termes : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloiren même temps qu'elle devienne une loi universelle .

» (Fondements de la métaphysique des moeurs , deuxième section) Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans ce cas la raison exerce une contrainte sur lavolonté.

Cette contraintes'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes :— les impératifs hypothétiques expriment la nécessitépratique de certaines actions considérées non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme desmoyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendrece médicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifshypothétiques serattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, maispour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sontaperçus, la volonté sait qu'elle doit s'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, lesimpératifs catégoriques s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.

Ils se caractérisentdonc par leur universalité.

C'est pourquoi il n'y a au fond qu'un seul impératif catégorique d'où tousles impératifs du devoir peuvent être dérivés et que Kant énonce ainsi : « Agis uniquement d'aprèsla maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ».

Decette formule, Kant en déduit trois autres :• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de lanature.

»• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personnede tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

»• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujetdans un règne des fins rendu possible par la liberté de la volonté.

» - C'est pourquoi selon Kant, il faut obéir à la morale, quelles qu'en soient les conséquences sur notre bonheur.

Aussi ne pouvons-nous considérer d'après lui que nous ne sommes moraux que parintérêt.

Nous sommes moraux parce que nous éprouvons du respect pour la loi morale, or la loimorale répond aux critères d'universalité et d'impartialité, et non aux exigences de l'intérêt. 3.. »

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