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Nicolas Machiavel, Le Prince:

Publié le 31/01/2020

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Nicolas Machiavel, Le Prince

Il n’est pas nécessaire d’avoir en fait toutes les susdites qualités, mais il est bien nécessaire de paraître les avoir. Et même, j’oserai dire ceci : que si on les a et on les observe toujours, elles sont dommageables; et que si on paraît les avoir, elles sont utiles ; comme de paraître pitoyable, fidèle, humain, droit, religieux, et de l’être; mais d’avoir l’esprit édifié de telle façon que, s’il faut ne point l’être, tu puisses et saches devenir le contraire. Et il faut comprendre ceci : c’est qu’un prince, et surtout un prince nouveau, ne peut observer toutes ces choses pour lesquelles les hommes sont tenus pour bons, étant souvent contraint, pour maintenir l'État, d’agir contre la foi, contre la charité, contre l’humanité, contre la religion. Aussi faut-il qu’il ait un esprit disposé à tourner selon que les vents de la fortune et les

variations des choses le lui commandent, et comme j ’ai dit plus haut, ne pas s'écar-ter du bien, s’il le peut, mais entrer dans le mal, s’il le faut.

Traduction Y. Lévy, Garnier-Flammarion, 1980, chapitre r8, p. 142-143.

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« COMMENTAIRE DE TEXTE ..

2.

Les exigences de l'État A.

Qu'est-ce que le prince pour Machiavel? Le prince, c'est l'homme d'État dans une monarchie.

L'intérêt de Machiavel se porte surtout sur « le prince nou­ veau» : c'est l'homme d'État qui crée de toutes pièces l'État qu'il gouverne.

B.

Le prince ne nie pas le caractère vénérable de la morale, mais il est « contraint» de la transgresser.

C.

Le deuxième mouvement explique pourquoi l'utilité doit être la règle suprême du prince.

Le prince doit« maintenir l'État» : être prince, c'est être prêt à faire du salut de l'État la règle ultime .

..

3.

La fortune et l'action politique A.

La notion de fortune est très importante : elle désigne les événements qui ne dépendent pas de l'homme.

L'homme d'État de qualité est celui qui, par sa vertu, c'est-à-dire, pour Machiavel, par son énergie, est à l'abri de la fortune.

Pour cela, il doit savoir s'adapter aux événements imprévus; autrement dit, obéir« aux vents de la fortune et aux variations des choses ».

B.

Parce que le salut de l'État est la règle suprême de l'homme politique et parce que le salut de l'État exige l'obéissance à la fortune, la fortune peut contraindre le prince à violer la morale.

-Discussion Machiavel s'oppose dans ce texte aussi bien à la tradition philosophique qu'à la tradition religieuse.

Pour les philosophes, particulièrement pour Aristote ou pour Cicéron, l'action politique doit se régler sur la morale.

Il n'y a pas de distinction entre les principes de l'action privée et individuelle et ceux de l'action publique.

Pareillement, l'analyse de la politique développée par les théologiens exige du prince qu'il se soumette aux principes moraux établis par la religion.

Par ailleurs, Machiavel s'oppose à nos intuitions et à nos exigences contemporaines : on attend des hommes d'État une acceptation des droits de l'homme.. »

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