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Nietzsche: Il y a des rêveurs politiques

Publié le 27/02/2008

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nietzsche
Il y a des rêveurs politiques et sociaux qui dépensent du feu et de l'éloquence à réclamer un bouleversement de tous les ordres, avec l'illusion qu'aussitôt le plus superbe temple d'une belle humanité s'élèverait, pour ainsi dire, de lui-même. Dans ces rêves dangereux persiste un écho de la superstition de Rousseau, qui croit à une bonté de l'humaine nature, miraculeusement originelle, mais pour ainsi dire enterrée, et met au compte des institutions de civilisation, dans la société, l'Etat, l'éducation, toute la responsabilité de cet enterrement. Malheureusement on sait par des expériences historiques que tout bouleversement de ce genre ressuscite à nouveau les énergies les plus sauvages, les caractères les plus effroyables et les plus effrénés des âges reculés : que par conséquent un bouleversement peut bien être une source de force dans une humanité devenue inerte, mais jamais ordonnateur, architecte, artiste, perfecteur de la nature humaine. Friedrich NIETZSCHE.

DIRECTIONS DE RECHERCHE    • Est-ce de réclamer « un bouleversement de tous les ordres« qui est « un écho de la superstition de Rousseau « selon Nietzsche ?  • Qu'est-ce qui est précisément « un écho de la superstition de Rousseau « ?  • En quoi « ces rêves dangereux « sont-ils des « rêves « et sont-ils m dangereux « selon Nietzsche ?  • Nietzsche est-il contre tout « bouleversement « ? (Il parle de « tout bouleversement de ce genre « )  Apprécie-t-il quelque chose dans un bouleversement ?  • Que pensez-vous de « la preuve « invoquée par Nietzsche : « on sait par des expériences historiques que tout bouleversement de ce genre... « ?  • Est-il important de remarquer la présence de termes du « domaine esthétique « pour la compréhension du texte et de la thèse de Nietzsche (« superbe temple d'une belle humanité «, « architecte «, « artiste « ). Selon quelle(s) figure(s) Nietzsche pense-t-il l'ordre : des « figures « d'ordre « politique «, « moral «, ou « artistique « ?

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« Nietzsche parle de l' « illusion » d'une élévation de l'humanité.

Pourquoi est-elle illusoire ? Parce queprécisément elle repose sur le présupposé suivant : « la superstition de Rousseau, qui croit à une bonté del'humaine nature, miraculeusement originelle ».

Le présupposé réside dans le fait de croire que la bonté estoriginelle.

Plus précisément, elle serait originelle parce qu'elle est naturelle.

Autrement dit, on pourrait déduirede la nature humaine la bonté.

Encore faudrait-il connaître la nature humaine.

Comment pourrait-on même laconnaître puisque tout homme naît et vie déjà en société ? Il faudrait déjà être revenu à un état de naturepour pouvoir constater que l'homme est naturellement bon.

Donc affirmer comme Rousseau que l'homme estd'emblée bon revient à présupposer ce qu'il faudrait démontrer : c'est donc une pétition de principe. Si la bonté naturelle est un présupposé inadmissible, alors il est impossible d'affirmer qu'en bouleversant l'ordre,l'humanité s'élèverait d'elle-même. Transition : Nietzsche n'a pas à ce moment de l'argumentation montré que l'homme n'était pas naturellement bon.

Il aseulement montré que l'affirmer était un présupposé.

C'est pourquoi un second argument apparaît nécessaire :Nietzsche va alors en appeler aux faits historiques. III – Réfutation de l'idée de bonté naturelle par les faits Nietzsche écrit : « tout bouleversement de ce genre ressuscite à nouveau les énergies les plus sauvages, lescaractères les plus effroyables et les plus effrénés des âges reculés ».

Cette affirmation constitue la thèseopposée de celle de Rousseau : chacun des bouleversements que l'histoire à connu montre qu'à l'état denature, l'homme n'est pas d'emblée bon mais au contraire naturellement cruel. Nous pourrions objecter à cette thèse le fait qu'elle constitue autant un présupposé que celle de Rousseau.

SiRousseau en effet n'a pas le droit d'affirmer que l'humanité est naturellement bonne, pourquoi alors Nietzscheaurait-il le droit d'affirmer qu'elle est au contraire naturellement mauvaise ? Mais Nietzsche, au contraire de Rousseau en appelle aux faits : alors qu'il est impossible de constater la bonténaturelle de l'homme, tout bouleversement de l'ordre constitue par définition un moment d'anarchie (absencede hiérarchie donc d'ordre).

Cette anarchie est le symptôme d'un désordre des instincts.

Autrement dit, c'estle fait même d'avoir besoin d'un bouleversement de l'ordre qui manifeste que l'homme est naturellementmauvais. La suite du raisonnement est sous-entendue : l'histoire montre qu'il y a des bouleversements.

Ceux-ci sontsymptômes de la cruauté naturelle des hommes.

Les hommes ne sont donc pas naturellement bons.Conclusion : un bouleversement ne permettra jamais un perfectionnement de l'humanité. Conclusion : Il apparaît, à la lumière de ce texte, que c'est l'ordre lui-même qui est signe de perfection.

Ce qui suggère queNietzsche défendra les régimes dans lesquels la hiérarchie est forte.

Cette hypothèse trouvera sa confirmationdans plusieurs autres textes : cf.

notamment les arguments contre le régime démocratique dans Par delà le bien et le mal ou Humain, trop humain. La critique nietzschéenne semble également viser ici l'idée de révolution.

Ces deux hypothèses semblent confirmées historiquement : en effet, la révolution françaiseconstitue l'exemple de l'instauration d'une démocratie par un bouleversement de l'ordre.. »

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