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NIETZSCHE: «Personne n'est responsable du fait que l'homme existe...

Publié le 27/02/2008

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nietzsche
«Personne n'est responsable du fait que l'homme existe, qu'il est conformé de telle ou telle façon, qu'il se trouve dans telles conditions, dans tel milieu. La fatalité de son être n'est pas à séparer de la fatalité de tout ce qui fut et de tout ce qui sera. L'homme n'est pas la conséquence d'une intention propre, d'une volonté, d'un but ; avec lui on ne fait pas d'essai pour atteindre un « idéal d'humanité», un « idéal de bonheur», ou bien un « idéal de moralité», — il est absurde de vouloir faire dévier son être vers un but quelconque. Nous avons inventé l'idée de « but » : dans la réalité le « but » manque... On est nécessaire, on est un morceau de destinée, on fait partie du tout, on est dans le tout, — il n'y a rien qui pourrait juger, mesurer, comparer, condamner notre existence, car se serait là juger, mesurer, comparer et condamner le tout... Mais il n'y a rien en dehors du tout ! NIETZSCHE
nietzsche

« TROISIÈME TEMPS: LA THÈSE DU TEXTE Ce que l'on veut prouver? Nietzsche veut barrer à jamais la route à toute projection téléologique.

Il veut prouver l'innocence du devenir.

Il leprouve ou l'éprouve en montrant que rien n'existe en dehors du tout.

Car je suis le Tout.

Le Tout c'est moi.

Je suismoi-même la fatalité qui meut l'existence.

Sans raison et sans intention, cette fatalité est dépouillée de toutearrière-pensée logique ou théologique.

Mon existence n'est ni sensée, ni insensée.

Cela n'a existentiellement aucunsens.

Elle ne tend à rien.

Elle n'est pas progrès vers un but ou réalisation d'un plan préétabli. QUATRIÈME TEMPS : LE PRÉTEXTE Ce que l'on sous-entend L'analyse de Nietzsche n'est recevable qu'à la condition du sous-entendu au départ de l'hypothèse de l'éternelretour.

L'impossibilité d'un but idéal ou de terme final va de pair avec l'affirmation de l'éternel retour (du même).

Carsi le monde avait un commencement dans le temps, rien n'empêcherait de penser qu'il n'a pas encore bénéficié d'untemps suffisant pour réaliser son idéal ou accéder à un terme final.

Or, il n'en est rien selon Nietzsche.

Bien aucontraire, tout tend à prouver que le monde ne traduit pas la réalisation d'un archétype transcendant.En outre, l'éternel retour permet de sauvegarder l'innocence du devenir.

En effet, l'éternel retour signifie en premierlieu la vacuité de tout idéal supra-sensible et la vanité de toute finalité cosmique.« Représentons-nous cette pensée sous sa forme la plus redoutable : l'existence telle qu'elle est, N'AYANT NI SENS,NI FIN, mais revenant inéluctablement sans aboutir au néant : le retour éternel.

» L'éternel retour n'est pasl'accomplissement d'une intention, mais la pure circularité de l'Être.

Comment concilier dès lors l'idée d'un toutchaotique avec l'interprétation cyclique de l'Être? « Le chaos universel qui exclut toute activité à finalité n'est pascontradictoire avec l'idée du cycle: celui-ci n'est justement qu'une NÉCESSITÉ IRRATIONNELLE, sans aucune arrièrepensée formelle éthique ou esthétique.

» Nécessité paradoxale à nécessité fondée sur la contingence radicale —nécessité aveugle ou fondée sur le hasard : telle est la nécessité irrationnelle ou immorale . CINQUIÈME TEMPS : L'ARRIÈRE-TEXTE — Peut-on vraiment se débarrasser si aisément du préjugé téléologique ?— Peut-on imaginer l'absence de fin dans l'univers?— Peut-on renoncer à la finalité assignée à notre propre existence ?— Peut-on vivre sans idéal d'humanité, de bonheur ou de moralité ? Sans savoir où l'on va et sans savoir d'où l'onvient ?— Peut-on renoncer au sens sans s'avouer le caractère insensé d'une telle entreprise ?La difficulté propre au texte, c'est tout le mal que l'on a à se représenter l'absence de fin, comme une fin d'uneautre nature, l'absence de but comme un but à réaliser, le déclin des idéaux-idoles comme un idéal supérieur.

En unmot la mise à mort de la morale comme une nouvelle morale. SIXIÈME TEMPS : DÉCOUPAGE DU TEXTE a) « Personne n'est responsable du fait que l'homme existe, qu'il est conformé de telle ou telle façon, qu'il se trouvedans telles conditions, dans tel milieu.

» Une autre traduction de ce passage (celle de G.

Blanquis) dit en substance: « Il n'y a pas d'Être que l'on puisse rendre responsable du fait que quelqu'un existe, a telle ou telle qualité, est nédans telles circonstances, dans tel milieu».Ce passage présume la mort de Dieu.

Le monde est incréé.

Personne ne l'a été et l'homme n'est pas une créature.Le Dieu que l'on a en vue est le Dieu créateur.

Dans L'existentialisme est un humanisme, Sartre — très souventimprégné de Nietzsche — indique très clairement les funestes ou salutaires conséquence! du refus d'un tel créateur.«...

si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant depouvoir être défini par aucun concept (.,.).

Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence? Cela signifieque l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit après.

L'homme, tel que le conçoitl'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il sesera fait.

Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir ..).

Dostoïevski avaitécrit : « si Dieu n'existait pas, tout serait permis » (...) en effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et parconséquent l'homme est délaissé parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher.

Il netrouve d'abord pas d'excuses (...).

Si, d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous desvaleurs ou des ordres qui légitiment notre conduite.

Ainsi, nous n'avons ni derrière nous ni devant nous, dans ledomaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses.

Nous sommes seuls sans excuses.

C'est ce quej'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre.

Condamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, etpar ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» (EditionsNAGEL: 21-37).L'existence doit être considérée comme le point de départ absolu: «le fait absolu».

Nietzsche: «jusqu'à présent Dieuétait responsable de tous les êtres vivants, on ne pouvait deviner ce qu'il leur destinait (...) mais dès que l'on necroit plus en Dieu ou à la destinée de l'homme dans l'au-delà, c'est l'homme qui devient responsable de tout ce qui. »

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