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Nietzsche: Science et conviction

Publié le 21/04/2005

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nietzsche
On dit avec juste raison que, dans le domaine de la science, les convictions n'ont pas droit de cité : c'est seulement lorsqu'elles se décident à adopter modestement les formes provisoires de l'hypothèse, du point de vue expérimental, de la fiction régulatrice, qu'on peut leur concéder l'accès du domaine de la connaissance et même leur y reconnaître une certaine valeur (...). - Mais cela ne revient-il pas, au fond, à dire que c'est uniquement lorsque la conviction cesse d'être conviction qu'elle peut acquérir droit de cité dans la science ? La discipline de l'esprit scientifique ne commencerait-elle pas seulement au refus de toute conviction ?... C'est probable ; reste à savoir si l'existence d'une conviction n'est pas déjà indispensable pour que cette discipline elle-même puisse commencer. (...) On voit par là que la science elle-même repose sur une croyance; il n'est pas de science sans postulat. Nietzsche

Ce texte est un extrait du Gai Savoir, œuvre de Friedrich Nietzsche où le philosophe expose son point de vue concernant les fondements de la science et étudie le rapport entre la vérité et les sciences, réfutant l’objectivité absolue accordée généralement à la science au XIXe siècle.  Ainsi, l’auteur assoit sa thèse en débutant avec cet à priori même : « […] dans le domaine de la science, les convictions n’ont pas droit de cité « mais il opère plus tard à un renversement, en posant la question de la nécessité de l’existence d’une conviction pour que l’entreprise scientifique existe. L’extrait s’achève avec  la réponse – qui est à la fois critique – que donne Nietzsche : « il n’est pas de science sans postulat «.

Afin d’expliquer l’analyse de Nietzsche, il convient de diviser sa critique en deux parties, la première posant la question du fondement des sciences à proprement parler,  et la seconde consistant en une vision plus morale de la relation entre science et vérité : la science repose selon Nietzsche sur la croyance en l’absolue nécessité de la vérité.  Enfin, il convient de voir quelles sont les limites de la critique que réalise Nietzsche : la science a-t-elle une défense ?

 

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« « Mais, écrit Nietzsche, que serait-ce si cela précisément devenait de plus en plus invraisemblable, si rien nes'affirme plus comme divin si ce n'est l'erreur, l'aveuglement, le mensonge, - si Dieu lui-même s'affirmait comme notreplus long mensonge ? » (Le Gai Savoir, § 344) Dès lors, s'il n'y a pas de vérité absolue, si la seule Vérité est qu'il n'ya pas qu'il ne peut y avoir de vérité, stable et éternelle, mais que toutes nos prétendues vérités ne sontprécisément que nos vérités, précaires et passagères, et que toutes se perdent dans l'abîme du devenir, le mondede la science apparaît lui-même comme une illusion. Ce texte est un extrait du Gai Savoir, œuvre de Friedrich Nietzsche où le philosophe expose son point de vue concernant les fondements de la science et étudie le rapport entre la vérité et les sciences, réfutant l'objectivitéabsolue accordée généralement à la science au XIX e siècle.

Ainsi, l'auteur assoit sa thèse en débutant avec cet à priori même : « […] dans le domaine de la science, les convictions n'ont pas droit de cité » mais il opère plus tard àun renversement, en posant la question de la nécessité de l'existence d'une conviction pour que l'entreprisescientifique existe.

L'extrait s'achève avec la réponse – qui est à la fois critique – que donne Nietzsche : « il n'estpas de science sans postulat ». Afin d'expliquer l'analyse de Nietzsche, il convient de diviser sa critique en deux parties, la première posant la question du fondement des sciences à proprement parler, et la seconde consistant en une vision plus morale de larelation entre science et vérité : la science repose selon Nietzsche sur la croyance en l'absolue nécessité de lavérité.

Enfin, il convient de voir quelles sont les limites de la critique que réalise Nietzsche : la science a-t-elle unedéfense ? Un des problèmes philosophiques soulevé par l'auteur est la question du fondement de la science, c'est à dire des bases, des fondations, sur lesquelles repose l'édifice scientifique. Nietzsche commence son argumentation en reprenant un des éléments qui assurent l'objectivité de la science, c'est à dire à la capacité qu'à la science d'offrir des résultats dont la véracité est certifiée par des critèresd'ordre logique, notamment dans les sciences hypothético-déductives comme les mathématiques, ou par desprocédés rigoureux comme l'expérimentation scientifique, notamment dans les sciences du vivant.

Les convictions n'ont pas leur place dans la science, puisqu'il s'agit de croyances non-démontrées en une thèse , relevant d'un choix (une conviction est subjective) et dont on refuse la falsifiabilité , attribut nécessaire de toute thèse scientifique.

Le philosophe poursuit en affirmant que c'est seulement lorsque la conviction revêt l'habit del'hypothèse qu'on peut lui « concéder l'accès du domaine de la connaissance ».

Une hypothèse, dans les sciences de fait, est une explication théorique et anticipée des faits qui nécessite la vérification de l'expérience pour êtreadmise, tandis qu'il s'agit dans les sciences logiques – que Nietzsche appelle « fiction régulatrice » - d'une donnée àpartir de laquelle on déduit selon la méthode de la démonstration des propositions équivalentes, qui permettent devérifier ou d'infirmer l'hypothèse initiale.

Nietzsche ajoute qu'on peut même reconnaître une certaine valeur à ceshypothèses, dans la mesure où elles consistent en une orientation choisie de l'attention , comme le reconnaît aussi Claude Bernard dans son ouvrage Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865) où le savant français déclare « Si l'on expérimentait sans idées préconçues, on irait à l'aventure ».

Cependant, l'auteur ajouteque faire revêtir l'habit de l'hypothèse à une conviction revient à se débarrasser de cette conviction, puisquel'hypothèse diverge de la conviction en ceci qu'elle est falsifiable : la conviction est incompatible avec la démarchescientifique qui est de supposer puis de vérifier, en ayant recours au doute méthodique comme le préconise Descartes : on refuse toute conviction, et plus généralement tout élément dont la véracité ne peut être prouvé. Mais cette réflexion amène au problème que soulève Friedrich Nietzsche dans les dernières lignes de cet extrait : si tout élément utilisé en science doit être démontré par une preuve, alors la preuve même doit obéir à lamême règle et être donc démontrée en ayant recours à un autre élément ! Les liens que procure la démonstrationdans les sciences hypothético-déductives sont absolus car ils obéissent à une logique rigoureuse, et il en va demême dans les sciences de fait, bien qu'à un degré inférieur, la certitude absolue ne pouvant être atteinte par lebiais de l'expérimentation ; la science a donc une cohérence interne indéniable , mais un de ses points faibles soulignés ici par Nietzsche est son fondement : le tout premier élément a dû être défini et admis tel que.

Par conséquent, l'ensemble de la science est relative à ce premier postulat ! Ainsi, dans le domaine de la géométrie, 5 postulats qu'on retrouve dans Les Eléments , furent posés par Euclide il ya plus de deux mille ans : 1. 2.. »

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