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N'y a-t-il de progrès que technique et scientifique?

Publié le 21/02/2005

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technique
Au reste, les fins que la civilisation occidentale poursuit sont fixées avec la révolution néolithique. Il convient donc de tempérer le triomphalisme dont s'est accompagnée la révolution scientifique. On ne doit pas tous nos progrès moraux aux développements des techniques. Le problème demeure, cependant, pour le progrès scientifique, de l'accroissement des connaissances, du passage d'un paradigme du savoir à un autre. Sans doute, l'économie du progrès doit-elle, dans son ensemble, être finalement rapportée à la succession des systèmes d'explication du monde. L'introduction du langage quantitatif, à laquelle Cassirer assimile le progrès, a déterminé le remplacement de la description des choses par l'expression générale des relations. De l'appréhension immédiate à la construction de concepts par postulation, la distance est celle qui sépare la pensée mythique de la pensée scientifique. Il reste que l'histoire des sciences sert d'appui à Popper pour rejeter comme logiquement contradictoires toutes lois du progrès. Le progrès ne peut se résumer au progrès des sciences et des techniques. Le progrès technique est d'ailleurs en général une conséquence du développement intellectuel, et celui-ci, est, inversement, favorisé par le temps que les techniques nouvelles laissent libre pour une activité spéculative, soit dans une catégorie spéciale de citoyens, formant une élite intellectuelle, soit dans l'ensemble même de la population qui, disposant de loisirs, peut s'intéresser à des réalisations qui ne sont pas subordonnées à la simple nécessité de subsister.

Ce serait faire preuve de positivisme que de réduire tout le progrès au progrès de la technique. L’histoire humaine est plus compliquée. Le progrès technique et scientifique serait plutôt une conséquence de progrès spéculatifs et intellectuels que l’origine de celui-ci. L’entremêlement des deux ordres de causalité ne permet pas de ramener tout le progrès humain au progrès des sciences. Au-delà de cette vision réductrice, il faudrait en vérité mieux comprendre la place de la technique dans le progrès et comprendre le sens de celui-ci.

technique

« INTRODUCTION Notre époque, lorsqu'elle cherche à se définir, retient qu'elle est celle à la fois du progrès et celle de la technique.Ce sont ces deux facteurs qui justifient à nos yeux, à la fois notre propre époque, et toutes les époques antérieuresqui nous y ont mené.

A tel point qu'il nous semble que le progrès technique est la forme supérieure du progrès. Mais n'y a-t-il vraiment de progrès que technique? Il ne s'agit peut-être que d'un préjugé de notre part? Il faudraitd'abord vérifier en quel sens on peut parler d'un progrès technique, et si c'est bien la forme privilégiée du progrès? N'y a-t-il pas d'autres formes de progrès possible? Peut-on sérieusement élire une forme de progrès comme la formesupérieure de progrès, c'est-à-dire, y a-t-il un type de progrès qui soit plus un progrès qu'un autre? EN QUEL SENS IL N'Y A DE PROGRES QUE TECHNIQUE ? En effet, le progrès technique n'est pas une forme de progrès parmi d'autres possibles.

Il nous semble qu'il incarne àlui tout seul tout le progrès, qu'il est le progrès par excellence.

Tout se passe comme si entre "progrès" et"technique" il y avait un lien essentiel: le progrès est pleinement un progrès, lorsque c'est un progrès technique.

Leprogrès semble être technique par nature. Qu'est-ce qui fait pour nous la supériorité de la technique sur toutes les autres activités humaines? C'est que, par latechnique, l'homme maîtrise la nature.

La technique se définit essentiellement comme cette prise de possession dela nature où l'homme affirme sa qualité d'être non naturel. Et en asseyant sa maîtrise technique de la nature, l'homme en même temps semble s'accomplir lui-même.

Parce qu'ilest un animal perfectible, parce qu'il n'a pas de nature ou d'essence fixée une fois pour toutes, l'homme peut sefaire lui-même au fil du temps, et même doit se faire.

En ce sens, toute évolution technique, malgré la contingencede ce progrès plus ou moins rapide, plus ou moins décisif, n'est possible que parce que l'homme lui-même est parnature appelé à évoluer. On retrouve la trace de ce lien entre le progrès technique et la nature de l'homme jusque dans les dénominationsdes différents stades de l'hominisation.

Chaque étape est baptisée du nom de la percée technique majeure del'époque en question.

Nous avons ainsi: l'âge de la pierre taillée, celui du bronze, du fer, etc...

jusqu'à l'âgenucléaire.

Il semble donc que ce soit par la technique que l'homme est homme. En outre, il semble bien que tout progrès, en quelque domaine que ce soit, reste subordonné à un progrès techniqueet en est tributaire. Par exemple, un progrès médical n'est possible que dans la mesure où il y a progrès des instruments médicaux,comme le scanner par exemple.

Tout se passe comme si le progrès technique occupait une place à part parmitoutes les formes de progrès dont l'homme est susceptible. Autre exemple: un progrès dans les sciences qui ne serait pas susceptible de connaître une application techniquen'est pas loin d'être considéré comme nul et non avenu.

Le progrès technique semble donc venir achever tous lesautres progrès: il les concrétise, les traduit en termes d'efficacité réelle.

Aussi longtemps qu'une avancéescientifique n'est pas applicable techniquement, elle nous semble rester vague, pas loin d'être inutile.

On pourraitpresque dire que ce n'est pas un progrès. On voit donc quel est le privilège du progrès technique sur les autres formes de progrès: il est à la fois leurcouronnement, ce qui les confirme dans leur qualité de progrès, et ce qui rend possible tout autre progrès. Mais à quoi tient ce privilège du progrès technique sur les autres formes de progrès? Est-ce qu'il y a un lienessentiel entre "progrès" et "technique"? Est-ce que, par nature, le progrès est un progrès technique? Si l'on analyse de plus près l'idée de progrès, trouve-t-on en elle quelque chose qui nous renvoie déjà à latechnique? Qu'est-ce qu'un progrès? Ce n'est pas un simple changement.

Le progrès suppose bien changement, ilfaut qu'il y ait un avant et un après, mais il faut aussi le contraire: une permanence dans ce changement.

Il fautque l'avant et l'après gardent une commune mesure, pour qu'on puisse les comparer, et enregistrer ce progrès. Il faut donc que quelque chose ne change pas, faute de quoi il n'y aurait pas progrès, mais révolution.

Si toutchange, radicalement, rien ne progresse.

On pourrait dire: c'est toujours le passé qu'on fait progresser. Exemples de progrès en ce sens: produire autant ou plus qu'avant en moins de temps, faire baisser la mortalitéinfantile, augmenter l'espérance de vie... C'est sans doute la raison du privilège que l'on accorde au progrès technique: le progrès y est le plus clairementvisible, parce qu'il y est quantifiable, mesurable.

On peut comparer, par exemple la charge que peut tracter uncheval, avec celle d'un tracteur! Le résultat est sans ambiguïté.. »

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