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N'y a t-il de rationalité que scientifique?

Publié le 05/02/2005

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Mise au point succincte : les différents types de rationalité Pour éclairer la difficile question des différents sens, aujourd'hui, de l'exigence rationnelle, on peut se tourner vers les domaines où celle-ci est mise en jeu. Science, philosophie, éthique, technique, donnent des significations et des portées finalement très distinctes de cette exigence, et il importe de ne pas se laisser abuser par l'apparente prépondérance, par exemple, du rationalisme technique dans notre monde. Certes, la «technique» semble jouer aujourd'hui un rôle majeur, mais son utilisation aveugle appelle de plus en plus une approche critique, au nom des exigences mêmes de la raison, et de la maîtrise, par l'homme, de ses propres conquêtes. La rationalité scientifique, quant à elle, doit être comprise comme telle, et repérée dans les domaines spécifiques où elle s'exerce. Un savant agit-il plus lucidement du seul fait qu'il maîtrise un savoir propre à un certain domaine d'objets ? Rien n'est moins sûr. Une mise au point lumineuse sur les différents types de rationalité a été proposée par Dina Dreyfus dans un numéro des Amis de Sèvres (1975). En voici un extrait : «Nous dirons, en effet, pour être plus clair, qu'il existe quatre modèles de rationalité : « 1) La rationalité de type moral invite, parce que la raison est source d'universalité, à distinguer, dans nos conduites, ce qui vaut pour tous et ce qui ne vaut que pour moi, ce qui se réfère à des valeurs permanentes et ce qui ne se réfère qu'à des intérêts momentanés, fussent-ils des intérêts affectifs, fussent-ils des intérêts collectifs. « 2) La rationalité de type philosophique est ce voeu, proprement philosophique, de suivre en tout la raison et la raison seule. Elle est une éducation de la raison par elle-même, pour tous les hommes -et non seulement pour les savants - pour tous les secteurs de l'existence, de l'expérience, de la pratique, pour tous les domaines de la pensée et de l'action.
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« techniques que dans le domaine des techniques administratives : dans ce second cas, le .primat des « impératifstechniques » produit une bureaucratie rigide, une uniformisation et une désindividualisation des modes d'existence etdes conduites.

» Sens et enjeu de la questionII convient de partir de ce qui peut sembler être une évidence, et de s'interroger sur une détermination aussirestrictive du mot rationalité.

Encore que tout dépende de la portée conférée en mot scientifique (le mot sciencevarie en extension et en compréhension selon qu'il désigne ce que l'homme sait de toutes choses, le savoir accomplirecherché par la philosophie, ou l'étude méthodique des lois qui régissent un domaine spécifique de phénomènes).Confiner la rationalité dans le seul champ des sciences particulières, n'est-ce pas l'exclure des champs éthique etpolitique ? Il faut sans doute tenir compte de la différence rationnel/raisonnable évoquée plus haut, et se demandersi les exigences propres de la raison, entendue en son sens large, ont une application légitime dans le domaine del'expérience humaine, chaque fois qu'il s'agit de forger un jugement lucide concernant les fins de l'action, lesfondements de la politique et du droit.

Le rationalisme humaniste répond affirmativement, et refuse ainsi de laisser lechamp libre, dans ce domaine, au relativisme des opinions subjectives ou à l'emprise de croyances religieuses.L'assignation de la raison au seul domaine scientifique se conjugue souvent avec le relativisme le plus irréfléchi,voire l'obscurantisme dans les autres domaines : on sait que la tyrannie peut faire son lit d'un tel relativisme, quidésarme la pensée critique alors même qu'il semble la consacrer, par un faux-semblant dont notre modernité estdramatiquement prisonnière.

On pourra méditer sur cette pensée de Hume qui, au delà de son ironie provocatrice,fournit une illustration des enjeux de la réflexion à développer : « II n'est pas contraire à la raison de préférer ladestruction du monde entier à une égratignure de mon doigt» (Hume, Traité de la nature humaine, Éditions Aubier Montaigne, tome II, page 525).

Qui juge en fin de compte de l'adéquationd'un discours ou d'une pratique aux exigences de la rationalité ? Et quel typede rationalité est pris en compte ? Questions essentielles pour orienter larecherche.

Le savant, le politique, le gestionnaire, le technicien, voire letechnocrate, ont sans doute des points de vue particuliers qui cherchent às'imposer pour normer toute une communauté.

Mais n'y a-t-il pas alors unrisque pour la liberté de jugement de chacun aussi bien que pour la finalitérépublicaine de la politique (à savoir le bien commun) ? La technocratie, leproductivisme, le libéralisme débridé, l'autoritarisme du gestionnaire,définissent aujourd'hui de nouveaux conformismes que seule peut défaire lavigilance critique de la raison, dans son souci de toujours rapporterconnaissances et logiques de l'efficience aux fins essentielles de l'homme.Dans cette perspective, c'est le citoyen maître de ses pensées qui esthabilité à faire valoir en toutes choses les exigences rationnelles, et non passeulement tel ou tel expert entre les mains duquel il abandonnerait sasouveraineté agissante.. »

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