Paolo Uccello
Publié le 26/02/2010
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La vie de Paolo Uccello est mal connue. Sa date de naissance est incertaine. On a affirmé qu'il était né en 1396. Baldinucci cependant prétend qu'il est né en 1389. Il se nommait Paolo di Dono et fut plus tard surnommé Paolo Uccello, sobriquet qu'il adopta et dont il signa plusieurs de ses oeuvres. L'origine de ce surnom est obscure. On a prétendu que le peintre avait un grand amour pour les oiseaux et qu'il s'appliquait à placer dans chacun de ses tableaux un ou plusieurs oiseaux. Or, dans aucune de ses oeuvres qui nous sont connues on ne peut découvrir le moindre volatile. D'autres ont affirmé que dans sa demeure florentine, il avait peint sur les murs des oiseaux. En 1403, Paolo est cité comme "garzone di bottoga" parmi les aides que Ghiberti employait à l'exécution des portes de bronze du baptistère de San Giovanni. Si la date de naissance le plus souvent considérée comme exacte est 1396, il n'aurait eu que sept ans, ce qui semblerait prouver une déconcertante précocité de Paolo di Dono. On sait cependant qu'il apprit, très jeune, à travailler les métaux et qu'il fréquenta un atelier d'orfèvrerie. Vasari, qui attache peu d'importance à Paolo Uccello dans sa Vie des peintres, cite ses premières fresques : Saint Antoine abbé, Saint Cosme, Saint Damien, exécutées à l'hôpital de Lelmo. Puis deux figures au monastère des femmes d'Amalena, et à la Santa Trinità des fresques représentant la vie de saint François.
«
C'est alors que la légende s'anime.
On racontait qu'il vivait tout à fait retiré, ne fréquentant plus ses amis, sauf lemathématicien Manetti, avec lequel il discute et étudie la géométrie.
Il n'a plus confiance en personne, car on semoque de lui à cause de sa pauvreté et de son obstination.
Un jour, dit la légende, Paolo Uccello entreprit uneœuvre importante et Vasari prétend qu'il désirait figurer l'incrédulité de Thomas au-dessus de la porte dédiée à cesaint, sur le Marché-Vieux ; mais avant qu'elle ne fût complètement achevée, il refusa de la laisser voir à qui que cefût, pas même à son ami Donatello.
Pour éviter les indiscrétions, il l'entoura de planches.
Quand il eut terminé sontravail, il convoqua Donatello et lui présenta son œuvre : "O Paolo, fit, paraît-il, Donatello, tu découvres ce que tuaurais dû tenir caché !"
Ce qui est certain, c'est que, pendant sa longue vieillesse, Paolo Uccello ne travailla plus sur commande, maiss'enferma chez lui et fit des recherches.
Il s'y livrait passionnément, oubliant, affirme toujours la légende, de mangeret de dormir.
Sa mort passa complètement inaperçue.
On en ignore la date exacte.
Cependant, on suppose qu'il a dû quitter la vievers 1479.
Il aurait donc été âgé de quatre-vingt-trois ans, mais personne n'est d'accord sur la date.
Vasari prétendqu'il est mort en 1432, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, ce qui semble erroné.
Baldinucci, lui, affirme qu'il mourut en1472.
Il fut enterré à Santa Maria Novella.
Après sa mort, son nom tomba dans un oubli profond.
On ne prit aucun soin de ses œuvres, qui furent pour laplupart détruites ou abandonnées.
Aucun répertoire n'en fut dressé, et son influence peu à peu disparut.
Malgré la légende, la vie de Paolo Uccello est une des plus simples que l'on puisse imaginer.
Aucune passion quecelle de la peinture n'a pu enflammer ce peintre.
Il est naturel qu'il se soit consacré entièrement et passionnément àelle et qu'elle soit demeurée pour lui l'objet unique de ses préoccupations et de ses désirs, puisqu'il eutprobablement conscience d'être le seul de son temps à en fixer les limites, à en concevoir l'objet et la destinée.Cette absolue certitude, qui aurait dû être évidente pour tous ses contemporains, l'a empêché de proclamer saclairvoyance, d'imposer son point de vue ou de manifester une théorie.
D'autres, plus adroits, plus pittoresques,vivaient avant lui ; et quelques-uns après lui surent modifier, utiliser et dénaturer ses intentions et sa certitudemême.
Aujourd'hui encore, on entend répéter à chaque instant que le pauvre Uccello ne s'intéressa guère qu'à laperspective.
Il fallait sans doute des siècles pour modifier ce jugement, subir toutes les erreurs et attendre toutes les recherchespicturales pour retrouver la voie indique par le peintre florentin.
Paolo Uccello fut en partie et involontairementresponsable de cette méconnaissance.
L'époque où il vivait et les conditions dans lesquelles il peignait expliquentqu'on ait pu à ce point se tromper.
A Florence, au début du XVIe siècle, dans l'éblouissement de ce qu'on appelaRenaissance, on admirait avant tout la virtuosité.
A sa manière, Uccello fut un virtuose et surtout considéré commetel, parce que ce qu'il y avait de plus saillant dans son art, lorsqu'on le comparait à ses prédécesseurs et à sescontemporains, était la perfection technique.
On admirait donc le virtuose, mais on négligeait de rendre justice au peintre, et ceux qui lui succédèrents'emparèrent de ses procédés techniques et les utilisèrent sans comprendre la grande leçon qu'il leur donnait d'autrepart.
Paolo Uccello, peintre passionné de peinture, a beaucoup médité sur son art ; il a perfectionné, sinon inventé, laperspective dont Masaccio avait indiqué en même temps que lui les règles, mais il a surtout conçu la peinture noncomme une représentation du réel, mais comme un art qui devait se suffire à lui-même, un art de création qui nedevait emprunter à la nature que des éléments.
Chaque œuvre de Paolo Uccello nous montre ses efforts pourasservir la couleur, les lignes, les mouvements à cette conception, car chaque œuvre est composée et non copiéeou interprétée.
Le peintre ne se laisse pas dominer par les éléments, mais il les fait servir à la composition de sestableaux.
Il suffit pour s'en convaincre de regarder même rapidement Uccello.
B.
Berenson lui fait même un reproche: "Il s'attache dans ses tableaux, écrit-il dans les Peintres florentins, à tout ce qui lui procure des lignes amenantl'œil au centre ; ses chevaux abattus, poursuit le critique en pensant au panneau de la Bataille de San-Romanoexposé aux Offices de Florence, ses cavaliers morts ou mourants, ses lances brisées, les sillons de ses champs, sesarches de Noé (allusion à la fresque de Santa Maria Novella) lui servent presque ouvertement à composer (c'est moiqui souligne) son ensemble de lignes convergentes.
Absorbé par cette idée fixe, il en oubliait tout le reste..."
L'on s'explique d'ailleurs aisément que le génie de Paolo Uccello soit passé presque inaperçu et qu'en somme on l'aitpresque complètement méconnu.
Il faut songer à l'ivresse qui dut s'emparer des peintres de la Renaissance endécouvrant des moyens nouveaux et des techniques inédites.
C'est un lieu commun de dire qu'un artiste est surtoutapprécié par les plus petits côtés de son œuvre et que les éléments réels de son génie passent à peu prèsinaperçus.
Les peintres florentins du XVIe siècle et leurs admirateurs devaient s'attacher davantage à la perfectiontechnique, aisément appréciable, qu'à cette sévère méditation qu'Uccello réclamait.
Paolo Uccello vivait à une époque exceptionnelle, en un lieu exceptionnel, et il lui aurait été aisé de s'abandonner,comme le fit Donatello, à la puissance du courant et à la facilité.
Les époques fortunes sont particulièrementfavorables à la surenchère.
Quand, d'une part, l'étonnement et la surprise deviennent le but de la plupart et que,par ailleurs, la lassitude, la froideur qui en découlent doivent être détruites à tout prix, il est naturel que l'on n'hésitepas à utiliser les moyens les plus rapides, c'est-à-dire les plus superficiels, pour réaliser ce dessein.
Chacun devait.
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