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Parler de désirs inconscients, cela a-t-il du sens ?

Publié le 04/12/2005

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Donc, voulant que la cause de cette conscience fût impliquée dans ma définition, il m'a été nécessaire (selon la même proposition) d'ajouter : en tant qu'elle est déterminée par une quelconque affection d'elle-même, etc. Car, par affection de l'essence de l'homme nous entendons toute organisation de cette essence, qu'elle soit innée ou acquise qu'elle soit conçue par le seul attribut de l'Étendue, ou enfin rapportée à l'un et à l'autre à la fois. J'entends donc ici sous le nom de Désir tous les efforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme ; ils sont variables selon l'état variable d'un même homme, et souvent opposés les uns aux autres, au point que l'homme est entraîné en divers sens et ne sait où se tourner.   LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant. Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une cause extérieure » (Éthique, III, P. 4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie : « Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvons rien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérer dans son être » L'être est désir d'être.

Le désir, en philosophie, est compris comme une aspiration à un objet dont on pense pouvoir tirer satisfaction ; cette aspiration est souvent associée au manque de l’objet recherché, et elle est également souvent considérée comme passionnelle, irrationnelle, et jamais susceptible d’un assouvissement réel. Dans cette définition traditionnelle, le sujet a conscience de ce qu’il désire, même s’il ne se maîtrise pas nécessairement. Un désir inconscient serait pourtant un désir dont on aurait pas connaissance, un désir qui ne s’exprimerait pas dans la conscience : cette idée est une des bases conceptuelles principales de la doctrine psychanalytique. Ce sujet semble donc inviter à interroger une des notions de base de la psychanalyse, mais aussi, plus généralement, la nature même du rapport du désir à la conscience, sans se limiter à la psychanalyse. Avoir du sens, c’est ne pas être absurde – l’expression « désirs inconscients « pourrait en effet apparaître comme contradictoire ou vide de sens. Il faudra donc examiner les différents aspects du rapport du désir à la conscience, afin de déterminer quel sens, si ce sens existe, peut avoir l’expression « désirs inconscients «, et de voir ce que ce sens peut apporter à la compréhension philosophique du désir.

« Descartes, Lettre à Chanut , 6 juin 1647 Je passe maintenant à votre question, touchant les causes qui nous incitent souvent à aimer une personne plutôtqu'une autre, avant que nous en connaissions le mérite ; et j'en remarque deux, qui sont, l'une dans l'esprit, etl'autre dans le corps.

Mais pour celle qui n'est que dans l'esprit, elle présuppose tant de choses touchant la naturede nos âmes, que je n'oserais entreprendre de les déduire dans une lettre.

Je parlerai seulement de celle du corps.Elle consiste dans la disposition des parties de notre cerveau, soit que cette disposition ait été mise en lui par lesobjets des sens, soit par quelque autre cause.

Car les objets qui touchent nos sens meuvent par l'entremise desnerfs quelques parties de notre cerveau, et y font comme certains plis, qui se défont lorsque l'objet cesse d'agir ;mais la partie où ils ont été faits demeure par après disposée à être pliée derechef en la même façon par un autreobjet qui ressemble en quelque chose au précédent, encore qu'il ne lui ressemble pas en tout.

Par exemple, lorsquej'étais enfant, j'aimais une fille de mon âge, qui était un peu louche ; au moyen de quoi, l'impression qui se faisaitpar la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignait tellement à celle qui s'y faisait aussipour émouvoir en moi la passion de l'amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me sentaisplus enclin à les aimer qu'à en aimer d'autres, pour cela seul qu'elles avaient ce défaut ; et je ne savais pasnéanmoins que ce fût pour cela.

Au contraire, depuis que j'y ai fait réflexion, et que j'ai reconnu que c'était undéfaut, je n'en ai plus été ému.

Ainsi, lorsque nous sommes portés à aimer quelqu'un, sans que nous en sachions lacause, nous pouvons croire que cela vient de ce qu'il y a quelque chose en lui de semblable à ce qui a été dans unautre objet que nous avons aimé auparavant, encore que nous ne sachions pas ce que c'est Et bien que ce soitplus ordinairement une perfection qu'un défaut, qui nous attire ainsi à l'amour ; toutefois, à cause que ce peut êtrequelquefois un défaut, comme en l'exemple que j'ai apporté, un homme sage ne se doit pas laisser entièrement allerà cette passion, avant que d'avoir considéré le mérite de la personne pour laquelle nous nous sentons émus. III.

Parler de désirs inconscients, c'est manquer l'efficace active et productive du désir Si l'on ne peut pas considérer que le fait de parler de désirs inconscients soit insensés, on doit peut-être préférer àcette conception d'un désir qui resterait dans l'ombre la conception d'un désir actif, conscient, constructif.

Le désirapparaît alors comme une force motrice sur laquelle la conscience s'appuie pour agir.

Cela fait apparaître les limitesde l'expression « désirs inconscients » quant à la pensée du rapport que l'homme entretient avec ses désirs. Spinoza, Ethique , III Le désir (cupiditas) est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée, par unequelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose. EXPLICATIONNous avons dit plus haut, dans le scolie de la proposition 9 de cette partie, que le Désir est l'appétit qui aconscience de lui-même, et que l'appétit est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est déterminée à faire leschoses qui sont utiles à sa conservation.

Mais, dans le même scolie, j'ai fait observer aussi qu'en réalité, entrel'appétit de l'homme et le désir, je ne fais aucune différence.

Car, que l'homme soit conscient ou non de son appétit,cet appétit reste un et le même ; par conséquent, pour ne pas paraître énoncer une tautologie, je n'ai pas vouluexpliquer le désir par l'appétit, mais j'ai pris soin de le définir de façon à y comprendre à la fois tous les efforts(conatus) de la nature humaine que nous nommons appétit, volonté, désir ou impulsion (impetus).

J'aurais pu dire,en effet, que le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue comme déterminée à faire quelquechose ; mais de cette définition...

on ne pourrait pas tirer que l'esprit peut être conscient de son désir, autrementdit (sive) de son appétit.

Donc, voulant que la cause de cette conscience fût impliquée dans ma définition, il m'aété nécessaire (selon la même proposition) d'ajouter : en tant qu'elle est déterminée par une quelconque affectiond'elle-même, etc.

Car, par affection de l'essence de l'homme nous entendons toute organisation de cette essence,qu'elle soit innée ou acquise qu'elle soit conçue par le seul attribut de l'Étendue, ou enfin rapportée à l'un et àl'autre à la fois.

J'entends donc ici sous le nom de Désir tous les efforts, impulsions, appétits et volitions del'homme ; ils sont variables selon l'état variable d'un même homme, et souvent opposés les uns aux autres, au pointque l'homme est entraîné en divers sens et ne sait où se tourner. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie :« Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvonsrien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérerdans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ;. »

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