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Pensez-vous que c'est l'illusion et non le savoir qui rend heureux ?

Publié le 08/01/2005

Extrait du document

illusion

 

Illusion et savoir sont antithétiques. Le problème posé ici est de savoir si c'est l'illusion ou le savoir qui est à même de nous permettre d'atteindre le bonheur. Le bonheur est-il toujours imbécile ? Ou, au contraire, est-ce la sagesse qui nous permet de l'atteindre ? Un bonheur tissé d'illusion est-il concevable et acceptable ? La lucidité n'est-elle par amertume. Milena disait à propos de son compagnon Kafka: "Il est triste comme si il savait tout"...

 

  • I. L'illusion comme correction du réel
  • II. Les conditions de la conception du bonheur
  • III. Le combat contre les illusions et le savoir comme condition de la conception du bonheur réel

 

illusion

« impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un conceptdéterminé de ce qu'il veut ici véritablement.

Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il quelui donner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'àprésent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien que charger de plus de besoinsencore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peine à satisfaire.

Veut-il une longue vie ? Qui lui répond que ce neserait pas une longue souffrance ? Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps a détourné d'excèsoù aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principe ce qui le rendraitvéritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.

(...) Il suit de là que les impératifs de la prudence, àparler exactement, ne peuvent commander en rien, c'est-à-dire représenter des actions d'une manière objectivecomme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour des conseils (consilia) que pour descommandements (proecepta) de la raison ; le problème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelleaction peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a donc pas à cetégard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheurest un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont onattendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série deconséquences en réalité infinie...

» III.

Le combat contre les illusions et le savoir comme condition de la conception du bonheur réel Il faut alors chercher une solution à cette indétermination du concept de bonheur, et une des solutions peutconsister en un effort de connaissance adéquate du réel comme servant de base à la recherche de la vie heureuse,même dans ses aspects les plus sombres.

Le bonheur est alors solidement conçu en parfaite adéquation avec lemonde, tout risque de désillusion est supprimé.

Il s'agit de modifier son rapport au monde plutôt que la constructionmentale de celui-ci, de manière à être à la fois dans un rapport de vérité avec lui, et dans un rapport deconstruction pleinement consciente avec le bonheur. Marc Aurèle, Pensées « Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livresd'habitude à un vif désir de pareils biens.

Or, c'est là le fait d'un homme ignorant et inhabile, puisqu'il t'est permis, àl'heure que tu veux, de te retirer dans toi-même.

Nulle part l'homme n'a de retraite plus tranquille, moins troubléepar les affaires, que celle qu'il trouve dans son âme, particulièrement si l'on a en soi-même de ces choses dont lacontemplation suffit pour nous faire jouir à l'instant du calme parfait, lequel n'est pas autre, à mon sens, qu'uneparfaite ordonnance de notre âme.

Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même.

Trouve-toide ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à terenvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour. Car enfin, qu'est-ce qui te fait peine ? La méchanceté des hommes ? Mais porte ta méditation sur ce principe queles êtres raisonnables sont nés les uns pour les autres ; que se supporter mutuellement est une portion de lajustice, et que c'est malgré nous que nous faisons le mal ; enfin, qu'il n'a en rien servi à tant de gens d'avoir vécudans les inimitiés, les soupçons, les haines, les querelles : ils sont morts, ils ne sont plus que cendre.

Cesse doncenfin de te tourmenter.Mais peut-être ce qui cause ta peine, c'est le lot d'événements que t'a départi l'ordre universel du monde ? Remets-toi en mémoire cette alternative : ou il y a une providence, ou il n'y a que des atomes ; ou bien rappelle-toi ladémonstration que le monde est comme une cité.Mais les choses corporelles, même après cela, te feront encore sentir leur importunité ? Songe que notreentendement ne prend aucune part aux émotions douces ou rudes qui tourmentent nos esprits animaux, sitôt qu'ils'est recueilli en lui-même et qu'il a bien reconnu son pouvoir propre, et toutes les autres leçons que tu as entendufaire sur la douleur et la volupté, et aux-quelles tu as acquiescé sans résistance. Serait-ce donc la vanité de la gloire qui viendrait t'agiter dans tous les sens ? Regarde alors avec quelle rapiditél'oubli enveloppe toutes choses, quel abîme infini de durée tu as devant toi comme derrière toi, combien c'est vainechose qu'un bruit qui retentit, combien changeants, dénués de jugement, sont ceux qui semblent t'applaudir, enfinla petitesse du cercle qui circonscrit ta renommée.

Car la terre tout entière n'est qu'un point ; et ce que nous enhabitons, quelle étroite partie n'en est-ce pas encore ? Et, dans ce coin, combien y a-t-il d'hommes, et quelshommes ! Qui célébreront tes louanges ? Il reste donc que tu te souviennes de te retirer dans ce petit domaine qui est toi-même.

Et, avant tout, ne te laissepoint emporter çà et là.

Point d'opiniâtreté ; mais sois libre, et regarde toutes choses d'un oeil intrépide, en homme,en citoyen, en être destiné à la mort.Puis, entre les vérités les plus usuelles, objets de ton attention, place les deux qui suivent : l'une, que les chosesextérieures ne sont point en contact avec notre âme, mais immobiles en dehors d'elle, et que le trouble naît en nousde la seule opinion que nous nous en sommes formés intérieurement ; l'autre, que tout ce que tu vois va changerdans un moment et ne sera plus.

Remets-toi sans cesse en mémoire combien de changements se sont déjàaccomplis sous tes yeux.

Le monde, c'est transformation ; la vie, c'est opinion.

». »

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