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Est-ce l'illusion ou le savoir qui rend heureux ?

Publié le 19/03/2004

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illusion

Il suit de là que les impératifs de la prudence, à parler exactement, ne peuvent commander en rien, c'est-à-dire représenter des actions d'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour des conseils (consilia) que pour des commandements (proecepta) de la raison ; le problème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a donc pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquences en réalité infinie... «

III. Le combat contre les illusions et le savoir comme condition de la conception du bonheur réel

Il faut alors chercher une solution à cette indétermination du concept de bonheur, et une des solutions peut consister en un effort de connaissance adéquate du réel comme servant de base à la recherche de la vie heureuse, même dans ses aspects les plus sombres. Le bonheur est alors solidement conçu en parfaite adéquation avec le monde, tout risque de désillusion est supprimé. Il s'agit de modifier son rapport au monde plutôt que la construction mentale de celui-ci, de manière à être à la fois dans un rapport de vérité avec lui, et dans un rapport de construction pleinement consciente avec le bonheur. Marc Aurèle, Pensées « Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d'habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c'est là le fait d'un homme ignorant et inhabile, puisqu'il t'est permis, à l'heure que tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l'homme n'a de retraite plus tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu'il trouve dans son âme, particulièrement si l'on a en soi-même de ces choses dont la contemplation suffit pour nous faire jouir à l'instant du calme parfait, lequel n'est pas autre, à mon sens, qu'une parfaite ordonnance de notre âme. Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour.

Il arrive que la vérité blesse et que l'illusion enchante. Faut-il dès lors penser que c'est illusion et non le savoir qui rend heureux ?

  • 1) Seul le savoir rend heureux.
  • 2) Le savoir qui rend heureux peut n'être qu'une illusion de savoir.
  • 3) Comment l'illusion peut-elle encore rendre heureux ?
illusion

« Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs « Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désirqu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire entermes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut.

La raisonen est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dansleur ensemble empiriques, c'est-à-dire qu'ils doivent être empruntés àl'expérience ; et que cependant pour l'idée du bonheur un tout absolu, unmaximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma conditionfuture, est nécessaire.

Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et enmême temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé dece qu'il veut ici véritablement.

Veut-il la richesse ? Que de soucis, qued'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête ! Veut-ilbeaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que luidonner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autantplus terrible les maux qui jusqu'à présent se dérobent encore à sa vue et quisont pourtant inévitables, ou bien que charger de plus de besoins encore sesdésirs qu'il a déjà bien assez de peine à satisfaire.

Veut-il une longue vie ? Quilui répond que ce ne serait pas une longue souffrance ? Veut-il du moins lasanté ? Que de fois l'indisposition du corps a détourné d'excès où aurait faittomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certitude d'après quelque principe ce qui le rendraitvéritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.

(...) Il suit de là que les impératifs de la prudence, àparler exactement, ne peuvent commander en rien, c'est-à-dire représenter des actions d'une manière objectivecomme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour des conseils (consilia) que pour descommandements (proecepta) de la raison ; le problème qui consiste à déterminer d'une façon sûre et générale quelleaction peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ; il n'y a donc pas à cetégard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheurest un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont onattendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série deconséquences en réalité infinie...

» III.

Le combat contre les illusions et le savoir comme condition de la conception du bonheur réel Il faut alors chercher une solution à cette indétermination du concept de bonheur, et une des solutions peutconsister en un effort de connaissance adéquate du réel comme servant de base à la recherche de la vie heureuse,même dans ses aspects les plus sombres.

Le bonheur est alors solidement conçu en parfaite adéquation avec lemonde, tout risque de désillusion est supprimé.

Il s'agit de modifier son rapport au monde plutôt que la constructionmentale de celui-ci, de manière à être à la fois dans un rapport de vérité avec lui, et dans un rapport deconstruction pleinement consciente avec le bonheur. Marc Aurèle, Pensées « Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livresd'habitude à un vif désir de pareils biens.

Or, c'est là le fait d'un homme ignorant et inhabile, puisqu'il t'est permis, àl'heure que tu veux, de te retirer dans toi-même.

Nulle part l'homme n'a de retraite plus tranquille, moins troubléepar les affaires, que celle qu'il trouve dans son âme, particulièrement si l'on a en soi-même de ces choses dont lacontemplation suffit pour nous faire jouir à l'instant du calme parfait, lequel n'est pas autre, à mon sens, qu'uneparfaite ordonnance de notre âme.

Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même.

Trouve-toide ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à ton âme et à terenvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où tu feras retour. Car enfin, qu'est-ce qui te fait peine ? La méchanceté des hommes ? Mais porte ta méditation sur ce principe queles êtres raisonnables sont nés les uns pour les autres ; que se supporter mutuellement est une portion de lajustice, et que c'est malgré nous que nous faisons le mal ; enfin, qu'il n'a en rien servi à tant de gens d'avoir vécudans les inimitiés, les soupçons, les haines, les querelles : ils sont morts, ils ne sont plus que cendre.

Cesse doncenfin de te tourmenter.Mais peut-être ce qui cause ta peine, c'est le lot d'événements que t'a départi l'ordre universel du monde ? Remets-toi en mémoire cette alternative : ou il y a une providence, ou il n'y a que des atomes ; ou bien rappelle-toi ladémonstration que le monde est comme une cité.Mais les choses corporelles, même après cela, te feront encore sentir leur importunité ? Songe que notreentendement ne prend aucune part aux émotions douces ou rudes qui tourmentent nos esprits animaux, sitôt qu'ils'est recueilli en lui-même et qu'il a bien reconnu son pouvoir propre, et toutes les autres leçons que tu as entendufaire sur la douleur et la volupté, et aux-quelles tu as acquiescé sans résistance. Serait-ce donc la vanité de la gloire qui viendrait t'agiter dans tous les sens ? Regarde alors avec quelle rapiditél'oubli enveloppe toutes choses, quel abîme infini de durée tu as devant toi comme derrière toi, combien c'est vainechose qu'un bruit qui retentit, combien changeants, dénués de jugement, sont ceux qui semblent t'applaudir, enfinla petitesse du cercle qui circonscrit ta renommée.

Car la terre tout entière n'est qu'un point ; et ce que nous en. »

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