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Peut-il être juste de désobéir ?

Publié le 18/04/2011

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Ce qui est juste ne doit pas être confondu avec ce qui relève de la justesse, c’est à dire la façon d’acquiescer quand on pense que quelqu’un a raison. Ce qui est juste engendre donc la notion de justice. Est-ce qu’une action juste est une action qui cherche à aller dans le sens du bien commun ou est-ce une action qui est réalisée en dépit d’une autre sachant que celle-ci ne sera pas sanctionnée au contraire d’un autre ? La désobéissance c’est l’indiscipline, l’insoumission, la résistance à un ordre. Désobéir, c'est refuser de faire quelque chose, c’est ne pas se plier aux lois morales ou juridiques que l’on nous a imposées.    Quand on fait quelque chose que l’on pense juste on pense implicitement que l’on ne sera pas condamnée pour avoir réalisé cette action. L’action de désobéissance entrainant néanmoins la notion de sanction, de représailles, on peut se demander si le fait de dire que « la désobéissance peut être juste « n’est pas une expression contradictoire. Cette absurdité vis-à-vis de la logique n’en est pas moins une réalité. On peut donc se demander dans quels cas l’action de désobéissance peut être justifiée, et dans quel cas le « droit à la désobéissance « est utilisé abusivement.   

« La loi est universelle, elle s'applique de la même façon pour tous, quelque soit notre statut social, quelque soit notreorigine ou nos valeurs.

Tous doivent s'y soumettre, elle impose des devoirs à tous les membres de la société, toutêtre raisonnable doit lui obéir.

Les lois sont créées par des représentants élus par le peuple.

Nous pouvons ainsi direqu'elles sont élaborées par le peuple lui-même.

Elles sont donc légitimes et, de fait, doivent être respectées.

Eneffet, pourquoi créer une règle si nous savons pertinemment que nous ne la respecterons pas par la suite ? Il fautprouver que les lois et que l'autorité à laquelle nous voulons désobéir est réellement injuste et non pas seulementcontraire à nos idées et à nos valeurs.

Il faudrait alors se référer à un critère universel de justice pour juger de lalégitimité d'une loi ou d'une autorité que nous trouvons injuste.

Or, nous ne disposons pas d'un tel critère : il n'existeaucune représentation du bien et du mal, du juste et de l'injuste.

La conception de la justice au sein d'une sociétévarie selon l'éducation, la religion, etc.

De plus, vouloir affirmer que telle ou telle autorité est inique ferait de nousdes êtres placés au dessus de cette autorité, or celle-ci étant souvent représentée par les textes de lois nosaffirmations reviendraient à prétendre que nous sommes supérieurs à la loi, ce qui est clairement absurde. Beaucoup de lois nous interdissent de faire telle ou telle action qui serait jugée punissable, mais la notiond'interdiction engendre par conséquent une éventuelle désobéissance.

Dans certains cas, la désobéissanceponctuelle à une loi peut être acceptable si le motif en est valable. L'histoire nous offre un spectacle permanent d'actes de désobéissance.

Certains de ces actes sont mêmeabsolument fondateurs dans l'histoire de certaines nations ou dans l'identité de certains peuples.

La désobéissancecivile c'est le refus de se soumettre à une loi, à un règlement, à un ordre ou un pouvoir jugé inadmissible par ceuxqui le contestent.

Il y a eu deux grandes figues mondiales de la désobéissance civile durant le XXème siècle : Gandhiet Martin Luther King.

Ils se sont tous deux battu, à leur manière, contre l'injustice régnant dans leur paysrespectifs au nom de la liberté et de l'égalité entre les hommes.

Gandhi s'est battu à l'aide de la non-violence pourl'indépendance de son pays, l'Empire des Indes.

Pendant sa mémorable marche du sel il récolta avec l'aide de sespartisans de grosses quantités de sel alors que jusque là c'était le gouvernement britannique qui détenait lemonopole de la vente de cet or blanc : Gandhi, en vendant aux enchères le fruit de leur récolte illégale transgressacette règle.

Les 50 000 manifestants ont ensuite investit les dépôts de sel avant de se faire battre et arrêter parles autorités britanniques.

De son côté, Martin Luther King luttait contre les lois raciales en vigueur aux États-unisen mettant en place par exemple le boycott des bus de Montgomery en suivant l'exemple de Rosa Parks qui refusad'obéir à la loi lui disant de laisser sa place à une personne de couleur blanche.

Désobéir aux lois, dans ces deuxcas, à permis de donner une voix concrète et entendue aux désirs de changement du peuple noirs des États-unis etdu peuple Indou.

Grâce à ces mouvements, l'Inde devint quelques semaines plus tard indépendantes et les loisségrégationnistes furent abolies.

Au nom de valeurs concrètes et fondées rationnellement, la désobéissance estjuste si on n'en n'abuse évidemment pas. Dans certains cas, il y a une suspension d'e l'obligation habituelle régie par l'autorité afin de pouvoir obéir pleinementà nos valeurs, à nos propres lois que nous nous sommes donnés.

Quand un cancer est découvert trop tard chezquelqu'un et qu'il n'y a rien à faire à part attendre la mort, beaucoup aimeraient ne pas être au courant afin depouvoir poursuivre leur vie comme ils le souhaitent, normalement, sans se demander quand est-ce que « ça » (lamort) arrivera.

Pour un médecin il est alors juste de désobéir au serment de vérité auquel il a prêté fidélité enmentant audit patient et en minimisant sa maladie afin de respecter sa santé mentale, afin de ne pas faire souffririnutilement les proches et le patient lui-même.

Dans ce cas le praticien obéit à ses propres idéaux en protégeantson patient ; c'est la valeur qu'il a de respect envers les personnes qui le lui dicte. Dans un autre cas il est juste, et même légal de désobéir, c'est lors de l'effort de guerre.

Les lois interdisent detuer, mais pas seulement, il y a aussi les religions, dans la Bible il est écrit « tu ne tueras point ».

L'éducationoccidentale prend aussi en compte le fait que l'homicide n'est pas une chose juste, tout d'abord par respect pourl'autre.

Or, quand un militaire est envoyé pour faire la guerre, il est implicitement envoyé pour tuer ; que serait uneguerre sans morts ? Se pose alors un problème de morale : est ce que l'on doit obéir à la loi dite « normale », cellequi s'applique à tous et tout le temps ou doit-on plutôt tuer sans ménagement sous prétexte que c'est la guerre etque l'on obéit aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques ; du fait que la guerre est un peu un cas d'exception dansla loi « normale » ? Un « bon » soldat, citoyen, se battrait afin de défendre sa patrie, son pays, en n'hésitant pas àtuer tous ceux qui entraveraient son but.

Mais un homme ayant une conscience et des valeurs fortes refuseraitd'envisager un tel carnage.

La guerre est un paradoxe entre loi et exception, elle confronte de nombreuses valeurs :à quelle loi ou quel ordre se référer, auquel désobéir ? Néanmoins, ce statut d'exception peut être envisagé commevalable dans certains cas – légitime défense, on ne va pas se laisser massacrer sans réagir non plus – mais ne doitpas durer, si non, où serait l'exception de la loi dite « normale » ? « Mieux vaut une injustice qu'un désordre », a écrit Goethe.

Mais, lorsque la loi ou les ordres font abstraction de lamorale individuelle, n'y a-t-il pas un droit de la conscience morale à la révolte ?. »

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