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Peut-on affirmer que le monde a un ordre ?

Publié le 07/01/2004

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Plan I-                  L'ordre : une propriété intrinsèque du monde ·        Deux types de pensée philosophique affirment que le monde a, de manière essentielle et ontologique, un ordre, à savoir d'un côté les finalistes et les mécanismes. ·        Ordre finalisé : Platon raconte dans le Phédon comment Socrate avait été d'abord enthousiasmé par ce qu'il avait entendu dire de la philosophie d'Anaxagore (présocratique) qui affirmait que « c'est l'Intelligence qui a tout mis en ordre, c'est elle qui est la cause de toutes choses ». Il s'agit bien entendu ici d'une intelligence démiurgique, intelligence à laquelle on doit la création du cosmos selon des lois qui forme un dessein. C'est cette intelligence initiale, créatrice du cosmos, qui fait que l'intelligence humaine, pour saisir cet ordre finalisé de la nature, doit a fortiori procéder par ordre, à savoir, on l'a vu, celui de la méthode. Pourtant, Socrate est dessus en poursuivant la lecture d'Anaxagore car si l'intelligence intervient bien au début pour mettre en branle une sphère primitive du monde, tous les mouvements du monde qui suivent, quant à eux, sont expliqués par des causes matérielles, par « l'action de l'air, de l'éther, de l'eau, et mille autres causes déconcertantes. » (Phédon, 99b-100d) ® Il ne faut pas confondre les conditions matérielles de l'advenue d'une chose et la raison véritable pour laquelle elle advient. De même que c'est mon intelligence qui est la véritable cause de ma conduite en poursuivant ce qui lui paraît le meilleur, de même la véritable cause de tout ce qui existe dans le monde est une intelligence divine qui ordonne le monde de la meilleure manière possible. C'est ainsi que le démiurge du Timée, s'inspirant d'un modèle de perfection constitué par les Idées qui lui préexistent, a façonné et ordonné en géomètre le monde de telle sorte qu'il ressemble le plus possible à son modèle : « Le Dieu a voulu que toutes choses fussent bonnes : il a exclu, autant qu'il était dans son pouvoir, toute imperfection, et ainsi, toute cette masse visible, il l'a prise, dépourvue de tout repos, changeant sans mesure et sans ordre, et il l'a amené du désordre à l'ordre » (Timée 30a) ·        Pourtant, cet ordre final, comme oeuvre de l'intelligence, laisse donc en suspend, dans le monde réel et sensible, càd dans le monde dans lequel nous vivons, la possibilité d'une réalisation parfaitement ordonnée du plan divin. C'est ce qui dès continue de faire difficulté : car nous sommes des êtres, certes intelligents, mais aussi et autant des êtres sensibles. Sommes-nous alors condamnés à ne jamais vraiment et parfaitement à retrouver l'ordre parfait de l'être par excellence, et donc condamné par-là même a ne jamais embrassé la totalité d'un savoir absolu sur le monde.

Analyse du sujet

·        Eléments de définition
Monde = Terme d’origine latine qui vient du grec cosmos, dans ses différentes acceptions.
1° A la fois totalité ordonnée, harmonieuse et hiérarchisée et (plus particulièrement) système que forment la Terre (partie centrale du monde sublunaire, selon Aristote) et les astres. L’un des caractères essentiels du monde, selon cette tradition, est d’être un système fini, une totalité close.
-         Aristote, Traité du ciel
2°  Ultérieurement, le monde est conçu comme totalité infinie et devient quasi-synonyme d’univers : la raison se trouve alors devant un problème dont la solution semble indécidable.
-         Descartes, Le Monde, I, ch. VI-VII
-         Leibniz, Essais de théodicée
-         Kant, Critique de la raison pure, Dialectique transcendantale.
3°  Ensemble de choses d’une même sorte qui, malgré leur diversité, partagent un caractère essentiel commun. Plutôt que du monde, on parlera alors d’un monde, par exemple sensible, intelligible ou intérieur, extérieur, etc.
-         Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible
4°  Somme des objets d’une expérience possible pour un sujet conscient, capable de perception, d’affectivité et de connaissance rationnelle : la phénoménologie et l’existentialisme conçoivent l’homme comme présent au monde.
-         Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, avant-propos / Signes / Le visible et l’invisible.
-         Heidegger, Etre et Temps.
 
Ordre = du latin ordo, ordre classe sociale, distribution régulière, arrangement.
1° Dans son sens le plus général, disposition, arrangement ou agencement de choses (objets, idées, personnes, etc.) qui sont conformes aux exigences de la raison et satisfaisant pour l’intelligence.
-         Descartes, Règles pour la direction de l’esprit
On distinguera cependant :
-         Ordre chronologique : succession d’événements ou de phénomènes qui sont donnés dans les faits selon une relation d’antériorité, de postériorité, ou simultanéité.
-         Ordre méthodique ou rationnel : enchaînement, suite ou disposition des idées qui obéissent aux principes généraux de la connaissance rationnelle.
-         Ordre logique : enchaînement des propositions dans un raisonnement qui se conforme aux principes de la démonstration ou de la déduction et peut ainsi prétendre avoir une validité logique. On peut par exemple parler d’un ordre logique dans une démonstration. (Cournot Traité de l’enchaînement des idées fondamentales dans les sciences et dans l’histoire)
-         Ordre mathématique : structure caractéristique des maths en tant qu’elles mettent en évidence des relations entre des termes qui ne peuvent être posés indépendamment les uns des autres (par exemple la suite des nombres entiers ou la suite des chiffres dans l’expression numérique)
-         Ordre de la nature : suggéré par la régularité de certains phénomènes observables, pressenti ou supposé au-delà du désordre apparent d’autres phénomènes observés, postulé enfin par les sciences de la nature et d’affirmer ainsi le déterminisme naturel, l’ordre devient synonyme de régularité et de nécessité.
-         Kant, Critique de la raison pure, Analytique transcendantale, 1è et 2nd éditions 
-         Bergson, L’évolution créatrice, ch. III
-         Ordre social : dans un sens large, notion porche de système, structure ou organisation d’une société.
2° Du point de vue ontologique ou éthique, l’ordre se définit comme rapports de perfection qui permettent de distinguer et de hiérarchiser des degrés d’être, irréductibles les uns des autres ; l’existence de chaque chose se définit ainsi par sa quantité d’être et par là même par son essence ou sa nature qui lui donne une place propre dans l’échelle des êtres
-         Leibniz, Discours de métaphysique, § VI, VII, XIV.
 
·        Angles d’analyse
Il s’agit de s’interroger sur l’ordre du monde il faut s’interroger sur la nature même du monde, on se place donc sous l’angle ontologique, à savoir l’être du monde est-il ordonné ?
Se demander si le monde a un ordre, cela signifie a fortiori se demander si on peut le connaître. En effet, il semble que l’ordre soit la condition de possibilité de toute connaissance possible sur le monde : on ne peut pas, semble-t-il connaître le monde s’il n’a pas d’ordre, c’est-à-dire s’il n’obéit qu’au désordre, au chaos et au hasard.
C’est donc le statut de la connaissance du monde qui est ici à la question. De la même manière il faudra s’interroger sur la nature de cet ordre. Savoir s’il est final, nécessaire, ou au contraire tout à fait contingent et suppose lui-même le désordre.
Problématique
Est-on en droit de faire de l’ordre une propriété intrinsèque du monde ? L’ordre lui est-il un attribut essentiel ? Ou contraire n’est-ce qu’une idée régulatrice de la raison humaine qui cherche à connaître le monde, ce qui n’est possible que si l’on suppose un ordre du monde lui-même ? Quel statut attribuer donc à un ordre du monde ? C’est donc la possibilité de toute connaissance sur le monde qui est ici, en creux, mise à la question.

« - Ordre logique : enchaînement des propositions dans un raisonnement qui se conforme aux principes de la démonstration ou de la déduction et peut ainsi prétendre avoir une validité logique.On peut par exemple parler d'un ordre logique dans une démonstration.

(Cournot Traité del'enchaînement des idées fondamentales dans les sciences et dans l'histoire) - Ordre mathématique : structure caractéristique des maths en tant qu'elles mettent en évidence des relations entre des termes qui ne peuvent être posés indépendamment les uns desautres (par exemple la suite des nombres entiers ou la suite des chiffres dans l'expressionnumérique) - Ordre de la nature : suggéré par la régularité de certains phénomènes observables, pressenti ou supposé au-delà du désordre apparent d'autres phénomènes observés, postulé enfinpar les sciences de la nature et d'affirmer ainsi le déterminisme naturel, l'ordre devient synonymede régularité et de nécessité. - Kant , Critique de la raison pure, Analytique transcendantale, 1è et 2 nd éditions - Bergson , L'évolution créatrice, ch.

III - Ordre social : dans un sens large, notion porche de système, structure ou organisation d'une société. 2° Du point de vue ontologique ou éthique, l'ordre se définit comme rapports de perfection quipermettent de distinguer et de hiérarchiser des degrés d'être, irréductibles les uns des autres ;l'existence de chaque chose se définit ainsi par sa quantité d'être et par là même par son essence ousa nature qui lui donne une place propre dans l'échelle des êtres - Leibniz , Discours de métaphysique, § VI, VII, XIV. · Angles d'analyse ® Il s'agit de s'interroger sur l'ordre du monde il faut s'interroger sur la nature même du monde, on se place doncsous l'angle ontologique, à savoir l'être du monde est-il ordonné ? ® Se demander si le monde a un ordre, cela signifie a fortiori se demander si on peut le connaître.

Eneffet, il semble que l'ordre soit la condition de possibilité de toute connaissance possible sur lemonde : on ne peut pas, semble-t-il connaître le monde s'il n'a pas d'ordre, c'est-à-dire s'il n'obéitqu'au désordre, au chaos et au hasard. ® C'est donc le statut de la connaissance du monde qui est ici à la question.

De la même manière ilfaudra s'interroger sur la nature de cet ordre.

Savoir s'il est final, nécessaire, ou au contraire tout àfait contingent et suppose lui-même le désordre. Problématique Est-on en droit de faire de l'ordre une propriété intrinsèque du monde ? L'ordre lui est-il un attribut essentiel ? Oucontraire n'est-ce qu'une idée régulatrice de la raison humaine qui cherche à connaître le monde, ce qui n'estpossible que si l'on suppose un ordre du monde lui-même ? Quel statut attribuer donc à un ordre du monde ? C'estdonc la possibilité de toute connaissance sur le monde qui est ici, en creux, mise à la question. Plan I- L'ordre : une propriété intrinsèque du monde · Deux types de pensée philosophique affirment que le monde a, de manière essentielle et ontologique, un ordre, à savoir d'un côté les finalistes et les mécanismes. · Ordre finalisé : Platon raconte dans le Phédon comment Socrate avait été d'abord enthousiasmé par ce qu'il avait entendu dire de la philosophie d'Anaxagore (présocratique) quiaffirmait que « c'est l'Intelligence qui a tout mis en ordre, c'est elle qui est la cause de touteschoses ».

Il s'agit bien entendu ici d'une intelligence démiurgique, intelligence à laquelle on doit lacréation du cosmos selon des lois qui forme un dessein.

C'est cette intelligence initiale, créatricedu cosmos, qui fait que l'intelligence humaine, pour saisir cet ordre finalisé de la nature, doit afortiori procéder par ordre, à savoir, on l'a vu, celui de la méthode.

Pourtant, Socrate est dessusen poursuivant la lecture d'Anaxagore car si l'intelligence intervient bien au début pour mettre enbranle une sphère primitive du monde, tous les mouvements du monde qui suivent, quant à eux,sont expliqués par des causes matérielles, par « l'action de l'air, de l'éther, de l'eau, et mille autrescauses déconcertantes.

» (Phédon, 99b-100d). »

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