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Peut-on agir inconsciemment?

Publié le 01/01/2005

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C'est ainsi que pour Locke, il n'existe ni connaissance ni principe inné. Dans « Essai sur l'entendement humain », critiquant l'innéisme de Descartes, Locke avance la thèse de la « table rase » : l'esprit de l'être humain, avant toute expérience et éducation (celui du nouveau-né par exemple), est comme une tablette de cire, vierge de toute écriture. Nos idées simples viennent de la sensation et de la réflexion. Les idées complexes et en particulier les catégories de substance, de mode et de relation sont le produit de la combinaison des idées simples. Pour Hume aussi les principes de la raison ne sont pas innés mais acquis par l'expérience.  C'est en expérimentant, en manipulant, en observant - donc en agissant - que les hommes découvrent comment les choses fonctionnent, constituent un savoir. Christophe Colomb n'avait pas les mêmes connaissances géographiques que nous, cela ne l'a pas empêché de partir pour un voyage autour du monde. L'homme obéit à un instinct créateur Selon Bergson, avant d'être un «homo sapiens», l'homme est un «homo faber». Avant de savoir, il exerce une action pratique sur le monde. Les hommes du néolithique ne connaissaient pas l'agronomie.

« Enfin, avec Freud, est apparu tout un panel d'actions issues de l'inconscient.Il met ainsi en évidence par exemple l'existence de l'acte manqué.

Celadésigne un raté de la parole et de l'action, manifestant l'irruption del'inconscient dans la vie quotidienne.

Les actes manqués sont ces actes,innombrables, qui manquent et ratent leur but intentionnel.

" Certains actesen apparence non intentionnels se révèlent, lorsqu'on les livre à l'examenpsychanalytique, comme parfaitement motivés et déterminés par des raisonsqui échappent à la conscience." (Freud , Psycho-pathologie ) Ainsi, il est possible que certaines actions arrivent sans l'intervention d'uneconscience.

Cela ne veut pas dire qu'elles n'est pas de motifs, maissimplement que ces motifs se trouvent dans une autre instance que laconscience, à savoir l'inconscient. Freud dira: Le moi est pas le maître dans sa propre maison Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse del'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..Pour le dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait passes actes e toute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait lapolitesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forcescontraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peuts'exprimer directement, ouvertement.

Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient,conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas êtrelà.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'ya pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normesconscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupede désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à laconscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit,ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) nem'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : lapsychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience,dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud , o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨ De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ; ¨ De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite lepatient. Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.

Le butde la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et ne contrôle pas, puisse recouvrer sa liberté.. »

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