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Peut-on agir sans passions ?

Publié le 08/12/2005

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En effet, toute l'énergie du vouloir y est rassemblée en un but. Le vouloir tend à une fin unique et y subordonne tout. Or c'est à ce prix que l'individu quelque chose de valable "l'homme qui produit quelque chose de valable y met toute son énergie". Prise dans ce sens , la passion est créatrice de l'histoire et de l'avenir. Sans elles, aucune action ne serait accomplie, elles sont le moteur de l'histoire. "Nous devons dire d'une façon générale que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion"(Hegel, Leçons sur la philosophie de l'histoire) Pour Kierkegaard, "exister, si l'on n'entend pas là un simulacre d'existence, ne peut faire sans passion" parce que celle-ci garantit toute la profondeur et l'authenticité du vécu. L'homme ne peut donc vivre sans passion puisque sans elle, il ne pourrait vouloir, agir et en définitive créer son futur.   Il faut étudier les passions et régler celles qui sont néfastes Il faut donc voir que les passions ne sont pas toutes bonnes, ni toutes mauvaises. Si la passion est à la base de l'existence, elle peut malheureusement être aussi à la base de sa déchéance. Il faut dès lors s'interroger sur nos passions et considérer celles qui peuvent être néfastes à long terme pour notre existence.

La passion a été pendant longtemps tenue pour négative. L'étymologie même du terme a une connotation négative. Le terme passion en effet du latin patior, pati qui signifie souffrir, pâtir. Les passions semblent donc s'opposer à nous de manière involontaire. La tradition philosophie les a souvent vues comme un obstacle à la liberté. La question semble sous ce jour paradoxale puisque la majorité des philosophes ont conseillé et essayé de vivre sans passion. Mais justement si beaucoup ont essayé, c'est peut être parce que l'homme est un être de passion et qu'il est impossible pour lui de s'en débarrasser. La passion n'a-t-elle pas un aspect positif? N'a-t-il pas autre chose à faire avec les passions que de vouloir les supprimer?

 

« "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sanspassion..." HEGEL La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plusou moins mauvaise.

Le romantisme allemand et, en particulier,Hegel restituent à la passion toute sa grandeur.

Dans uneIntroduction fameuse (« La Raison dans l'histoire ») à ses « Leçonssur la philosophie de l'histoire » - publiées après sa mort à partir demanuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, onpeut lire (trad.

Kostas Papaioannou, coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui yont participé.

Cet intérêt nous l'appelons passion lorsque, écartanttous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière seprojette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de sonvouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins.En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accomplidans le monde sans passion.

» L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué àla disparition, rien ne demeure : « Qui a contemplé les ruines deCarthage, de Palmyre, Persépolis, Rome, sans réfléchir sur lacaducité des empires et des hommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Cen'est pas comme devant la tombe des êtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertespersonnelles et à la caducité des fins particulières: c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillanteet civilisée.

»L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations «les plusgrandes et les plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », «l'autel sur lequel ont étésacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus ».

Elle nous montre leshommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes,davantage mus par leurs intérêts personnels que par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant untel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voir l'œuvre du destin ? Non, car derrière l'apparencebariolée des événements se dévoile au philosophe une finalité rationnelle : l'histoire ne va pas au hasard,elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

La Raison divine, l'Absolu doit s'aliénerdans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « la tragédie que l'absolu joueéternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre sous cette figure quiest la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté».Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, hérosou grands hommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts,figurent la réalité de l'Esprit et constituent la vie même de l'absolu .« L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.Mais son travail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avaittrouvé sa jouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Cequ'était son œuvre devient ainsi matériau que son travail doit transformer en une œuvre nouvelle.

» Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dressechaque fois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée,pour s'élever à une forme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps,soumis au jugement, mourant dans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel,mais vivant et présent dans le monde », de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pourse réaliser dans sa vérité et dans sa certitude. Dès lors, ce n'est pas en vain que les individus et les peuples sont sacrifiés.

On comprend aussi que lespassions sont, sans le savoir, au service de ce qui les dépasse, de la fin dernière de l'histoire: laréalisation de l'Esprit ou de Dieu.

Chaque homme, dans la vie, cherche à atteindre ses propres buts,cache sous des grands mots des actions égoïstes et tâche de tirer son épingle du jeu.

Et la passion, cen'est jamais que l'activité humaine commandée par des intérêts égoïstes et dans laquelle l'homme mettoute l'énergie de son vouloir et de son caractère, en sacrifiant à ses fins particulières et actuelles toutesles autres fins qu'il pourrait se donner: « Pour moi, l'activité humaine en général dérive d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut,d'intentions égoïstes, en ce sens que l'homme met toute l'énergie de sa volonté et de son caractère auservice de ses buts en leur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifianttout le reste.

» Mais si les passions sont orientées vers des fins particulières, elles ne sont pas, pour autant, opposées àl'universel.

Le tumulte des intérêts contradictoires, des passions se résout en une loi nécessaire etuniverselle.

L'individu qui met son intelligence et son vouloir au service de ses passions sert, en fait etmalgré lui, autrui, en contribuant à l'œuvre universelle.

Telle est la ruse de la Raison: les individus font ce. »

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