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Peut on attendre du langage qu'il soit une image fidèle du réel ?

Publié le 06/12/2005

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langage
Qu'est-ce que cela signifie et que pouvons-nous en tirer ? Le problème s'énonce à partir de ce que Frege nomme les énoncés d'identité. Par exemple, les Anciens donnèrent à Vénus deux noms différents : Hespherus et Phosphorus, mais parce qu'ils ignoraient qu'il s'agissait d'une seule et même planète. « Phosphorus » désignait une certaine planète qui, à certaines périodes de l'année, était la première à apparaître dans le ciel du matin et « Hespherus » une planète qui, à d'autres périodes, était la dernière à disparaître le soir. Ainsi, l'énoncé « Hespherus est Phosphorus » n'est pas un énoncé du type « a=b », mais plutôt un énoncé d'identité « a=a », puisque Hespherus et Phosphorus sont Vénus. Cependant, si les énoncés « Hespherus est Phosphorus » et « Hespherus est Hespherus » sont censés être équivalents, ils ne nous apprennent pas la même chose. Frege montre alors que Hespherus et Phosphorus possèdent la même référence (ils renvoient tous les deux à Vénus : ils se réfèrent à la même chose), mais n'ont pas le même sens, le sens étant la façon dont la référence est donnée au locuteur qui comprend le terme. Phosphorus a donc Vénus pour référence, mais son sens n'évoque que son apparition dans le ciel du matin à certaines périodes ; Hespherus a aussi Vénus pour référence, mais son sens n'évoque que sa disparition le soir à d'autres périodes. Dès lors, si la référence est la même, le sens change. Le langage n'est pas là pour décrire fidèlement, objectivement le réel, mais il rend compte par une force sémantique (la sémantique renvoie au sens) d'une certaine vision du réel.

Avant de nous demander en quoi le langage pourrait être une image fidèle du réel, demandons-nous ce que recouvre les notions de langage et d'image. En effet, est-il sûr que l'image soit « fidèle « au réel à tel point que le langage soit contraint d'imiter ses procédés pour exprimer adéquatement le réel ? La signification de notre sujet s'infléchit donc : il ne s'agit plus de se demander naïvement si le langage arrivera un jour à représenter le réel aussi bien que peut le faire une image ; il s'agit de se demander : est-il raisonnable (peut-on raisonnablement…) d'exiger du langage qu'il exprime le réel fidèlement, alors qu'il n'est pas certain qu'une image (censée pus fidèle) le fasse correctement ? Nous nous interrogerons en outre sur les avantages possibles liés au fait que le langage et l'image ne soient pas fidèles au réel, notamment concernant la notion de réalité elle-même.

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