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Peut-on avoir le droit de mentir ?

Publié le 29/01/2004

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Plus que jamais, dans un sujet de ce genre, la réflexion doit s'enraciner dans l'examen de cas particuliers. Doit-on dire à un malade qu'il est voué à une mort certaine? Doit-on révéler à un enfant adopté sa véritable identité au risque de détruire sa personnalité? Comme on le voit, les enjeux sont graves, parfois dramatiques. Suffisamment en tout cas pour inquiéter et mettre à l'épreuve la loi d'airain d'une morale qui fait de la vérité à tout prix l'un de ses principes les plus sacrés. Peut-on avoir le droit de mentir ?

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« A Constant qui affirme un droit naturel de mentir par humanité, Kant répond que la véracité dans des déclarations qu'on ne peut éviter « est un devoir formel de l'homme à l'égard de chacun, quelle que soit l'importance du dommage qui peuten résulter pour lui ou pour un autre » (« Sur un prétendu droit de mentir »).

L'homme qui ment fait en sorte qu'aucune déclaration n'ait de crédit.

Ainsi il porte atteinte à la finalité interne de communicabilitéet fait perdre à tous les droits, qui sont fondés sur des contrats, leurforce.

Même si le mensonge ne nuit pas à un homme particulier, il nuità l'humanité en général.

A quoi il faut ajouter qu'on ne peut jamaisprévoir les conséquences de ses actes. Supposons, par exemple, que mon ami, voyant les assassins diriger leurs pas vers la maison, décide de s'enfuir à mon insu.

Enaffirmant qu'il est sorti alors que je le crois à l'intérieur de la maison,j'exprime le contraire de ce que je pense, mais je dis la vérité ce quiest.

Mon mensonge « bienveillant » peut ainsi mettre les assassins sur les traces de mon ami et être cause de sa mort.

Mais suis-jevraiment responsable ? le meurtre de cet homme n'est-il pas la fautedes meurtriers ? Le fait que l'accomplissement d'un devoir en entraîne des conséquences désastreuses n'est-il pas imputable à quelqu'und'autre ? Le « conséquentialiste » objectera qu'on ne peut pas toujours rester « les mains propres », qu'il y a des circonstances extraordinaires où nous sommes certains que le respect d'une exigence « déontologique » aurait de graves conséquences.

On peut admettre cette objection et soutenir qu'en pareil cas nous pouvons être forcés à agir autrement que mus par cette exigence.

Maisfaut-il pour autant accorder une valeur morale à un tel acte ? autrement dit, peut-on affirmer qu'il peut êtremoral de mentir, voire de tuer , Si je tue un homme pour en sauver dix, puis-je pour autant affirmer que lemeurtre peut avoir une valeur morale ? N'aurais-je pas, en pareil cas, conscience d'avoir transgressé la loimorale ? N'éprouverais-je pas quelque part du remords, en me demandant, par exemple, si je n'aurais pas puéviter un tel acte ? car, au fond, ne faut-il pas reconnaître, avec Kant , que toute morale qui prétend justifier les moyens au nom des fins, en vient à anéantie ce qui, dans ces fins, peut justifier les moyens ? ledevoir reste le devoir . « Etre véridique dans les propos qu'on ne peut éluder, c'est là le devoir formel del'homme envers chaque homme, quelle que soit la gravité du préjudice qui peut enrésulter pour soi-même ou pour autrui.

Et même si, en falsifiant mon propos, je necause pas de tort à celui qui m'y contraint injustement, il reste qu'une tellefalsification, qu'on peut nommer également pour cette raison un mensonge ( même sice n'est pas au sens des juristes), constitue, au regard de l'élément le plus essentieldu devoir en général , un tort : car je fais en sorte, autant qu'il est en mon pouvoir, que les propos (les déclarations) en général ne trouvent aucun crédit et, par suite,que tous les droits fondés sur des contrats deviennent caducs et perdent toute leurforce ; ce qui est un tort causé à l'humanité en général .

» Kant in « D'un prétendu droit de mentir ». B) Le conflit entre deux devoirs. Qu'il soit facile de savoir où est son devoir n'exclut pas toujours la nécessité de la délibération.

Des situations. »

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