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Peut-on avoir peur de soi-même?

Publié le 03/02/2005

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La peur se définit à l'inverse de l'angoisse par le fait qu'une peur est toujours peur de quelque chose, qu'elle porte sur un objet qui se présente à elle. Il s'agit ici de savoir s'il est possible que cet objet soit nous-mêmes. Dans un premier temps, cela nous étonne. L'objet se définit en effet traditionnellement par ce qui est extérieur à moi, qui n'est pas moi. Ainsi, par exemple, Auguste Comte refusait à la psychanalyse le statut de science parce que, selon lui, il était impossible que le sujet se prenne pour objet, la distance nécessaire n'existant pas. Par définition, est "objet" ce qui est placé devant le sujet et la conscience du sujet. Il faut néanmoins essayer de voir plus loin et pour ce faire comprendre les raisons habituelles de la peur. Elle définit un état affectif d'inquiétude qui découle de la prise de conscience d'un danger, du menace qu'elle soit imaginaire ou réelle. Fait peur, ce qui peut me blesser, m'enlever la vie et qui s'oppose à moi. L'étonnement de ce fait continue. Comment puis-je me vouloir du mal ? Mais la peur, c'est aussi peur de l'inconnu, de ce qu'on ne peut maîtriser et pour cela peut ne pas tourner à mon avantage. Là réside peut-elle une clé ? Puis-je avoir peur de moi-même quand je ne me contrôle pas ? Ou parce que je sais que je ne me connais pas entièrement ? La théorie de l'inconscient ne met-elle pas l'accent justement sur la peur que le sujet a de savoir ce qu'il y a en lui ? Mais vivre en ayant peur de soi, n'est-ce pas être condamné à existence pénible ? Comment ne plus avoir peur de soi ?

Les passions nous aliènent. On peut en avoir peur comme on a peur de la folie, comme on a peur de l'inconscient. Mais, seul celui qui méconnaît ses passions peut avoir peur de lui-même. Celui qui les connaît et les maîtrise ne doit pas les craindre.

« - D'ailleurs les différents philosophes ayant écrit sur la peur évoquent la nature et l'univers.

Epicure ainsi affirme que celui qui ne connaît pas la nature rien vivra toujours dans le trouble : « celuiqui ne connaît pas à fond la nature de l'univers[…] ne pourra pas se délivrerde la crainte qu'il éprouve en face des choses les plus importantes, de sorteque sans l'étude de la nature il n'est pas possible d'avoir des plaisirs purs »(Paroles d'Epicure ) De même, les Stoïciens ont en quelque sorte proposer pour apaiser les hommes, de se retirer en soi-même, de s'appliquer qu'auxchoses qui sont en notre pouvoir.

Le reste doit devenir indifférent.

Enn'accordant pas d'importance aux objets extérieurs, indépendants de notrevolonté, nous évitons d'avoir peur.

Ainsi, si je ne m'attache pas à ma maison,à mes matériels, je n'ai pas peur qu'un événement vienne me les enlever. - Enfin, la peur découle d'une menace, d'un risque pour ma vie.

Or, la majoritédes philosophes reconnaissent que l'individu oeuvre en but de son bonheur.Aristote dira ainsi dans la Politique : "Tous les hommes aspirent à la vie heureuse et au bonheur, c'est là une chose manifeste." Le bonheur passegénéralement par un épanouissement de mon être et donc l'augmentation dema puissance d'action, ce que Spinoza appelle le conatus .

Dans Ethique, il explique que « Toute chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être.

» et donc d'augmenter notre puissance d'exister et notre joie.

Nietzsche reprend cette idée enaffirmant que l'homme est volontéd'expansion.

Nous cherchons toujours notre avantage et mêmes les actions désintéressées sont soupçonnées d'êtreréalisées en vue de flatter et de faire grandir notre propre amour-propre.Nous avons donc peut-être plus peur pour nous que de nous.

Il semble dèslors contradictoire de penser à un individu qui se ferait du mal volontairement.On peut bien sûr objecter que certains individus se mettent en danger toutseul par certaines conduites.

Pourtant, cela est soit inconscient et dans cecas, l'individu n'a pas conscience du risque et n'a pas peur, soit assumé etdécidé et cela n'entraîne pas la peur.

Il semble que d'une manière générale, ilsoit impossible d'avoir peur de soi-même. Le sujet comporte une part d'inconnu et de non-maîtrisable - Pourtant, penser que l'homme ne peut avoir peur de lui-même, c'est avoir àl'esprit un sujet cartésien, où tout serait conscience.

Or, depuis la consciencede l'homme a changé et l'inconnu est entré au coeur de l'être. Nous pouvons penser dans un premier temps à une non-maîtrise de son corps.Ainsi, par exemple, une maladie peut empêcher l'homme de jouir de sescapacités et a des effets non contrôlables.

La maladie ferait alors agir moncorps sans que je n'en soit conscient ou maître.

Le syndrôme de Touret entraîne le sujet à dire des choses qu'il neveut pas ou des mouvements pénalisants.

Dans cette situation, je ne me maîtrise pas et je peux avoir peur de mescomportements en public par exemple. De la même manière, quelqu'un qui sait qu'il n'arrive pas à contrôler ses émotions et ses comportements peuts'effrayer.

Ainsi, un joueur compulsif peut avoir conscience des effets néfastes de ses actes et ne pas réussir às'arrêter de jouer.

La passion est aussi une des choses qui peut m'enlever la réelle initiative de mon action.

Le motvient en effet de patior qui signifie « subir », « être contraint ».

Ce qui montrerait alors que le passioné ne s'appartient plus mais qu'il se voit dépossédé de lui-même.

Les passions sont d'ailleurs souvent rejetées dans latradition philosophique, parce qu'elles sont liés à une aliénation souvent passagères que personne ne veutvéritablement connaître.

La passion mène l'homme à sa destruction puisque le sujet de la passion peut se mener lui-même à sa perte.

En effet, si ma passion est de voler( voir le film birdy) alors je vais essayer de la réaliser par tousles moyens au péril sans doute de ma vie.

C'est pour cela que Kant affirme que "La passion [est] comme un poisonavalé ou une infirmité contractée : elle a besoin d'un médecin." Kant ( Anthropologie d'un point de vue pragmatique ) Je peux donc effectivement craindre de me nuire. - Mais même, en dehors de ces cas exceptionnels, l'homme comporte une part inconnu et incontrôlable.

Nietzschesera l'un des premiers à mettre à jour l'importance des instincts chez l'homme et la ridicule surestimation de laconscience.

Pour le philosophe allemand, ce sont ces différents instincts, qui dirigent les actions de l'homme.

Cedernier perd la maîtrise de lui-même.

Nietzsche affirme d'ailleurs que le besoin de vérité est poussé par la peur de cequi change et ne peut être appréhendé et contrôler.

Nous trouvons ainsi dans La volonté de puissance cette phrase : "L'homme cherche la "vérité" : un monde qui ne puisse ni se contredire, ni tromper, ni changer, un monde vrai- unmonde où l'on ne souffre pas".

Le changement fait peur, puisqu'il apporte un inconnu, une incertitude.

Or, le sujetn'est pas soustrait à ce devenir.

Nous ne savons pas comment nous serons dans dix ans et si le changement opérésera bon ou mauvais.

Peut-être alors que nous pouvons avoir peur de nous-mêmes, de notre évolution.

C'est parceque je ne suis pas toujours égal à moi-même, pareil que je peux me faire peur.. »

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