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Peut-on depasser la peur de l'autre ?

Publié le 27/02/2008

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C'est ma liberté qu'il dépasse : il fait de moi une « transcendance transcendée ». L'agression du regard d'autrui est telle qu'elle entraîne ma dépendance par rapport à l'autre. Son regard ne me dépouille-t-il pas de moi-même et de ma libre transcendance ? Si autrui me met en danger, si je me découvre en position d'objet, cela signifie que la situation m'échappe et qu'il n'est pas possible de vaincre la peur de l'autre. « Ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre » (Sartre, L'Être et le Néant).TransitionSi l'on ne peut vaincre la peur de l'autre, cela signifie que l'univers humain est tout entier pénétré par l'angoisse, tout entier fissuré. Car l'altérité est partout : dans cette complainte que je perçois, dans ce vêtement étrange, dans la présence d'autrui. Pour échapper à l'angoisse ou à la peur omniprésente, il me faut donc progresser. Je ne puis vivre en étant de part en part « fissuré » par l'autre, blessé par sa présence même, par ce « bloc » opaque qui m'est étranger.B.

« B.

Il est possible de vaincre la peur de l'autre : la « reconnaissance » (au sens hégélien) Puisque le couple du Même et de l'Autre organise une bonne partie de monexpérience, il faut maîtriser la peur inhérente à l'altérité.

Comment rendrepossible cette opération ? La première solution sera radicale : vaincrela peur, c'est poursuivre la mort de l'autre, c'est s'en rendre maître.

En faisantreconnaître par l'autre ma supériorité, en luttant à mort pour cette «reconnaissance », je vais vaincre la peur de l'autre et affirmer mon autonomie; du même coup, je rends possible l'anéantissement de ma peur.

Pourquoicraindrais-je celui qui est devenu « esclave », qui a reconnu ma prééminenceet mon « excellence » ? C'est à l'issue d'un duel (symbolique) où je risque mavie que je réussis à vaincre ma peur.

L'autre entre ainsi dans un rapport deservitude, tandis que j'émerge dans mon autonomie.

Telle cettereconnaissance où je me fais admettre et accepter comme « maître ».L'Occidental va ainsi vaincre sa peur du « barbare » en en faisant un « sous-homme ».

Autre exemple : dans la vie quotidienne, je vais dominer ma peur enme faisant le maître, voire le « chef ».

Ainsi les exemples pourraient-ils êtremultipliés.

Pourquoi craindre une altérité vaincue ? Comme l'a montré Hegeldans des analyses célèbres, chaque conscience n'existe qu'en tant qu'elle estreconnue.

Les relations humaines sont fréquemment des relations de purprestige, une lutte à mort pour la reconnaissance de l'un par l'autre.

La réalitéhumaine ne peut s'engendrer qu'en tant que réalité reconnue ; alors la peurde l'autre peut s'effacer car la rencontre d'autrui est un cruel combat où jeme forge en détruisant ce qui incarne pour moi une menace.

Songeons au film célèbre de Losey, The Servant, cruelduel du maître et de son valet, ou à Ridicule, où, sans cesse, des consciences s'affrontent dans le combat de laparole et du discours. TransitionNier la qualité de personne ou de conscience, réduire l'autre au rôle d'« esclave » semble bien me permettred'exorciser ma peur.

Toutefois, autrui nié et devenu « esclave » continue, peut-être, à me hanter secrète- ment.N'est-il pas un remède plus sûr pour vaincre la peur de l'autre ? Me faudra-t-il me forger nécessairement commeconscience de maître ? La lutte sera-t-elle indéfinie, sans cesse poursuivie, puisque le valet sera, lui aussi, le maître? C.

Dépasser la peur de l'autre par l'assomption de l'universel Peut-être davantage que la « reconnaissance » hégélienne, l'assomption de l'universel me met sur le chemin de lamaîtrise de la peur.

Le règne des fies est supérieur au combat.Le même (moi) et l'autre (le différent) ne peuvent-ils être intégrés dans une humanité universelle ! t n affirmant ceque je suis et en niant l'altérité radicalement, je me subordonne cet autre, qui toutefois demeure comme horizon demenace et présence obscure destinée à me vaincre peut-être un jour.

Le fil conducteur ne devrait-il pas plutôt êtrecet universel où le même et l'autre prennent place ? La peur de l'autre serait alors radicalement vaincue et peutl'être car l'autre et le même, toutes différences confondues, dessinent les formes de l'universel.

En acceptantl'humanité de l'autre, je domine définitivement la peur et l'angoisse.

Et si, moi aussi, j'étais le « sauvage » ou le «barbare » de l'autre conscience ?L'humanité, en s'agrandissant, fait régresser la peur de l'autre.

L'horizon devientalors l'universel de la personne.

« Les êtres raisonnables sont appelés personnes, parce que leur nature même enfait des fins en soi, c'est-à-dire quelque chose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen, quelquechose qui, par conséquent, met une limite à la faculté de chacun d'agir à son gré (et est un objet de respect).

Lesêtres raisonnables ne sont donc pas des fins simplement subjectives, dont l'existence, effet de notre activité, n'a devaleur que pour nous ; ce sont des fins objectives, c'est-à-dire des choses dont l'existence est une fin en soi-même, et même une fin telle qu'on ne peut la remplacer par aucune autre à laquelle celle-ci servirait simplement demoyen.

» (Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs). Conclusion La guerre des consciences n'est donc pas inéluctable.

Au sein de l'universel, de ce qui est valable pour tous, lahaine ou la peur de l'autre régressent. »

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