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Peut-on désirer sans aimer ?

Publié le 12/12/2005

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 Le Banquet, 211b-212b = « Car la vraie voie de l'amour, qu'on s'y engage de soi-même ou qu'on s'y laisse conduire, c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pour aboutir des sciences à cette science qui n'est autre chose que la science de la beauté absolue et pour connaître enfin le beau tel qu'il est en soi. » ·         On comprend alors que l'Eros va de pair avec la notion de désir qui n'est autre chose que la tendance à l'élévation vers cet absolu en soi. Il semble n'acquérir son sens qu'en tant qu'on le rapproche de cet élan de l'Eros, de l'amour. Y a-t-il de désir plus fort que celui que l'on a pour l'être aimer ? ·         Il s'agit donc, a fortiori, de faire la distinction entre possibilité technique et possibilité morale. Or, si techniquement on peut désirer sans aimer, c'est à travers l'amour que le désir se charge de sens et acquiert une positivité intrinsèque et qu'il devient par là, non plus la marque de la finitude humaine, mais bien de sa capacité à toujours vouloir s'élever. ·         On pourrait donc en tirer une ultime définition du désir, non plus comme manque, mais comme positif et producteur. Le désir n'est pas manque, ni le réel toujours en défaut par rapport à lui (cf. supra négation de l'objet désirer). Il est au contraire ce qui produit laborieusement et activement du réel.

Angle d’analyse du sujet :

 Il s’agit donc ici de mettre à la question les rapports entre le désir d’un côté et l’amour en analysant leur possible indépendance. Le problème est donc de savoir si l’amour est une condition nécessaire pour que l’on puisse en droit parler d’amour. Cette question porte en réalité sur une expérience de fait : il nous semble, en effet, a priori possible de désirer sans pour autant aimer. Pensons au désir de l’autre, celui-ci ne nécessité effectivement pas que cet autre soit l’être aimé. La question porte donc sur une évidence de fait. On aura donc à affiner notre définition du désir, et avec elle celle de l’amour, pour pouvoir répondre à la question qui porte non pas directement sur le fait mais sur le droit, à la fois comme capacité mais aussi comme possibilité morale. Définit-on le désir en son sens plein et essentiel en l’écartant de l’acte d’aimer ? Si on n’est pas « obligé « d’aimer pour désirer qqch. ou qq. alors d’où vient ce désir, quelle en est la source ? De quelle nature est-il ? Pulsionnel ? Animal ? Il est donc, on le voit, nécessaire de faire évoluer la définition du désir si l’on veut lui donner une véritable direction, sens, orientation. On voit souvent le désir comme qqch. de négatif, témoignage d’un manque absolu qu’on tente de combler, mais est-ce à la fois juste et justifié ? Car le « peut-on « pose bien ce problème de savoir si c’est justifié de détacher le désir de l’amour, et par conséquent l’amour du désir. Car enfin si l’on en vient à dire qu’on peut le désir peut se définir de façon totalement autonome par rapport à l’amour, alors qu’est-ce qui  nous empêcherait de dire que l’amour peut se passer du désir ? Problématique : Peut-on en droit définir le mouvement du désir de façon autonome par rapport à celui de l’amour même s’il arrive, dans les faits, qu’il y ait désir sans amour ? Dans ce cas précis, c’est le sens du désir, en tant qu’il peut exister sans la condition des sentiments amoureux, qui est à mettre à la question.

« que l'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pas nécessairement ce qui lui est vraiment utile.C'est que communément « chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui est mauvais », non selonsa droite raison.

Or le sentiment, en tant que passion de l'âme, est une « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée etconfuse, et qui est donc cause d'erreur et de fausseté.

C'est pourquoi les hommes, en croyant observer leur intérêt,désirent souvent comme utile ce qui leur est en fait nuisible. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie :« Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvonsrien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérerdans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ;de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme estdéterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que ledésir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'estpourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience decette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendonsvers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'unechose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.

»(Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à lanature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie. · On voit donc à quel le désir semble indépendant de l'élan amoureux, il est simplement l'expression consciente d'un appétit, appétit désirant proprement humain. · C'est alors le critère du manque qui semble être la condition du désir, manque en réalité inassouvissable, toujours renouveler, sans cesse manqué.

Le désir n'est autre chose dans ce casqu'un besoin mais accompagné de conscience (et en cela proprement humain) et se suffit à lui seulpour se justifier.

C'est ainsi que dans les faits on peut citer nombres de cas où l'être désirer necoïncide pas avec l'être aimé, on peut très bien, en effet, désirer quelqu'un sans pour autantéprouver des sentiments amoureux pour cette même personne. · D'ailleurs, étant donné que le désir se calque sur le critère du manque, il semble donc pouvoir frapper n'importe quel objet susceptible d'apporter le sentiment, même d'un instant seulement, desatisfaction, plénitude.

Hegel, Phénoménologie de l'Esprit = « la conscience de soi est certaine de soi-même seulement par la suppression de cet Autre qui se présente à elle comme vieindépendante ; elle désire.

Certaine de la nullité de cet Autre,elle pose pour soi cette nullité comme vérité propre, anéantitl'objet indépendant et se donne par là la certitude de soi-même, comme vraie certitude qui est alors venue à l'être pourelle sous une forme objective.

[...] Le désir et la certitude desoi atteinte dans la satisfaction du désir sont conditionnées parl'objet ; en effet la satisfaction à lieu par al suppression de cetAutre.

» · La négativité du désir peut ainsi impliquer une haine de l'autre pour devenir conscience de soi, on doit détruire l'objetque nous avons posé en face de nous.

Désirer le désir de l'autrec'est d'un même mouvement affirmer que je suis ce dont l'autremanque et me poser moi-même comme manquant.

C'estpourquoi la dialectique du désir chez Hegel aboutit à la luttepour la reconnaissance et à l'instauration d'une relation demaîtrise et de servitude. · Un nouveau problème se pose alors : si donc le désir est indépendant de l'amour (voire le nie), alors il acquiert unenégativité intrinsèque.

Quel sens donne-t-on alors à un teldésir ? II) Mais quel sens donner à un tel désir ? · On peut trouver dans la description que fait Sartre du désir sexuel une perspective comparable, en ce qu'elle tient d'une certaine façon l'amour en échec.

Ce que vise le désir sexuel, au-delà de. »

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