Peut on dire à chacun sa morale ?
Publié le 27/02/2008
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la vie sociale et sa pérennité.
Si chacun à sa morale, alors toute conduite peut être justifiée, et cela ouvre la porteaux pires dérives.
Ex : rien n'empêche de penser dans une telle conception qu'il existerait une morale justifiantl'homicide, l'inceste, la torture, etc.- Il faut alors renoncer à ce principe eudémoniste et fonder une morale universelle, valable pour tous, à laquelle toutles hommes seraient subordonnés.
C'est le projet de Kant, élaboré dans la Fondation de la métaphysique des mœurs .
Pour Kant, la morale ne saurait en aucun cas être fondée un principe empirique et personnel, c'est-à-dire qu'elle ne doit pas viser la satisfaction d'un interêt particulier, car il ne pourra jamais être universel, et ne pourradonc pas donner lieu à un principe moral valable dans tous les cas.
En outre, l'intérêt personnel ne nous invitenullement à de bonnes conduites, mais ne concerne que la fin de nos actions, alors que la morale doit porter surnotre manière d'agir.
La morale ne doit pas être multiple, mais doit pouvoir s'ériger en principe universel, qui permetà tous les individus de conformer leurs actions à la loi morale.
C'est pourquoi, la morale ne doit pas se fonder sur lasatisfaction d'un intérêt, mais ne dépendre au contraire de rien d'autre qu'elle-même et ne pas être déterminée parle désir des hommes.
Chaque individu doit agir selon la loi morale, non pas parce qu'elle lui promet son bonheurpersonnel, mais simplement parce que c'est la loi..
Se soumettre à la loi morale pour Kant, ce n'est pas « calculer »en vue de son bien personnel, c'est agir conformément à la loi prescrite, sans chercher son propre intérêt maisseulement l'obéissance au devoir moral.
Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel,recherché par tout un chacun suivant ses propres penchants, ne peut êtreune finalité morale.
La recherche du bonheur peut fournir des maximespersonnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'on prend pourfinalité le bonheur de tous.
La définition générale du bonheur est subjective,donc variable et changeante.
On pourrait au mieux en tirer des règlesgénérales, mais jamais des règles universelles (valables toujours etnécessairement), car la base en est l'expérience et ce que l'on en ressent.
Larecherche du bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant desrègles pratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'enremettent à la subjectivité de chacun pour apprécier le bonheur, la loi moraledoit être valable pour toute volonté raisonnable.
La morale repose sur des loisuniverselles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir derespecter).
A la question que dois-je faire ?, la morale répond : le devoir, etuniquement le devoir.
Le souverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonnevolonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire lebien pour le bien, ou encore de faire le bien par devoir.
Elle repose sur unimpératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tuveux obtenir tel résultat, fais ainsi").
Sans condition, il ne repose sur rien desensible.
L'action n'est pas bonne suivant ses résultats, mais bonne en soiquand elle est faite par devoir.
"Agis uniquement d'après la maxime qui faitque tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoir commande le respectde la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui,doit toujours être respectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.
Seule cettevolonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige denous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants,hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non la volonté rationnelle.
Conclusion : Si la morale semble se décliner sous divers aspects, en fonctions des religions, des cultures, des époques, lapluralité des morales est une illusion dont il faut se déprendre.
Dire « à chacun sa morale » permet de justifier toutesles conduites et nous égare dans les dangers du relativisme.
Si chacun a ses propres intérêts, il n'en résulte pasmoins que les critères de bien et de mal peuvent être universels, car ce n'est qu'ainsi que la vie en collectivité serapossible.
La morale énonce les principes qui nous permettent de régler notre conduite, en tant qu'individu au seind'une collectivité, et il faut pour cela que la même loi soit valable et obéie par tous.
La véritable morale n'est doncpas une morale personnelle, fabriquée par l'individu qui s'y conforme, et soumise au changement, mais au contraireune morale immuable, universelle, à laquelle chacun se réfère et obéit sans autre soucis que celui de respecter la loi,car ce n'est qu'à ce prix qu'une morale peut exister efficacement et être utile aux hommes..
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