Devoir de Philosophie

Peut-on dire que la connaissance scientifique est la connaissance commune devenue plus rigoureuse ?

Publié le 01/01/2004

Extrait du document

scientifique

• La connaissance peut être définie comme la saisie de la réalité et de l'être d'une chose. Quant à la connaissance scientifique, elle désigne cette même appréhension sous une modalité très particulière : de manière universelle et vérifiable, à travers l'expression des lois, relations nécessaires et constantes entre les phénomènes.  La connaissance commune, quant à elle, s'apparente au savoir empirique, banal et quotidien qui est le nôtre, à l'acte ordinaire par lequel nous appréhendons le mondé. Le sujet signifie, par conséquent : est-il légitime (Peut-on nous renvoie ici à l'idée de légitimité, bien davantage qu'à celle de possibilité) de considérer qu'une démarche méthodique et exacte suffit à fonder la connaissance scientifique, de manière continue, à partir de la saisie ordinaire et quotidienne des faits ?  • L'intitulé du sujet pose, dès lors, le problème de la nature de la connaissance scientifique : est-elle en continuité avec le sensible immédiat qu'il faudrait, en somme, reproduire avec davantage de méthode et de rigueur que nous ne le faisons habituellement ou bien est-elle en rupture avec lui et engendrée en vertu d'un tout autre ordre et d'un tout autre choix ? Tel est le problème auquel il faudra apporter une réponse et dont l'enjeu est évident car il s'agit de saisir si la connaissance scientifique est ou non d'ordre théorique, si elle fait intervenir ou non les pouvoirs authentiquement créateurs de l'esprit humain.

scientifique

« Le désir de connaître est, en effet, un des puissants moteurs du coeur humain.

L'opération par laquelle l'esprit tendà saisir le fond des choses et leur essence, la volonté d'y parvenir, sont quasi coextensifs à l'existence humaineconçue à juste titre comme transcendance : exister, c'est aller vers le vrai, tenter d'expliquer le réel au senspresque étymologique du verbe « expliquer » : explicatio, en latin, désigne l'action de déplier ; explicare signifiedéployer et exposer.

Pour le coeur agité par la libido sciendi, l'amour du savoir, il s'agit, en effet, de déployer unsystème de causes rationnelles, de déterminer le « pourquoi » des phénomènes, de comprendre, d'expliquer et ausside prévoir.

Le futur de l'homme, source de curiosité, mais aussi d'angoisse, lui échappe, en effet.

En le prévoyant, lesujet assurerait ainsi sa domination sur le monde et, du même coup, chasserait ou exorciserait la peur qui l'étreint.Évanouis, alors, les fantômes qui nous assaillent ! Maîtriser le réel par une prévision authentique est donc un moteurtrès puissant de la connaissance. b.

Ce désir n'est pas satisfait par la connaissance commune. Mais comment la libido sciendi pourrait-elle être satisfaite par la connaissance commune en tant que telle ? Faust nesaurait trouver la paix de l'esprit devant le spectacle des qualités sensibles ou par la médiation de savoir-faireacquis de manière empirique, grâce à l'usage de la vie.

Notons les raisons essentielles pour lesquelles l'amour dusavoir se voit ici profondément déçu.— Avec la connaissance commune, il n'y a pas d'explication réelleEn effet, expliquer, c'est déterminer les causes des phénomènes, découvrir le « pourquoi » et parvenir ainsi à lacausalité intelligible.

Or, les relations qualitatives et les associations d'images de la connaissance commune sontpurement superficielles et ne font nullement parvenir au noyau essentiel des choses.

L'expérience concrèten'apporte rien qui instruise vraiment le coeur de Faust, avide de vraie clarté et d'authentique intelligibilité.— Les relations empiriques sont aléatoiresDès lors, toute prévision réelle est vouée à l'échec, car les successions établies correspondent rarement à desensembles de relations destinées à se reproduire.

L'avenir est, dès lors, rigoureusement imprévisible.

C'est une pageblanche qui s'offre alors au regard anxieux et déçu de l'homme. c.

La raison, mise au service du désir de connaître, lui fournit des moyens qui vont fonder le fait et la loiscientifique. — Les moyens de la raison : le concept-l'abstraction-l'hypothèse-la logiqueMais l'homme dispose, pour satisfaire son désir de connaître, d'un outil d'une grande puissance : la raison.

Grâce àcet instrument, dans une perspective proche de l'empirisme, mais néanmoins désireuse de ne pas totalementocculter le rôle et la fonction de l'esprit, la connaissance scientifique pourrait être envisagée comme unereconstruction plus rigoureuse de l'expérience commune précédemment analysée.

La raison, faculté de distinguer levrai du faux, enserrerait le réel immédiat au moyen de ses idées et de ses concepts, clefs introduisant l'unité dans ladiversité phénoménale.

D'une manière générale, le travail de l'abstraction serait ici prédominant, l'abstractionpouvant être définie comme l'opération de l'esprit qui isole des éléments de la représentation pour les considérer àpart.

La formation de l'hypothèse, anticipation de la future loi, est particulièrement caractéristique de ce travaild'abstraction de l'intelligence et de l'esprit humain.Enfin, la logique, étude des opérations de l'esprit considérées par rapport à la norme du vrai, occupe, elle aussi, uneplace centrale parmi ces moyens de la raison destinés à enserrer l'expérience.— Le fait et la loi scientifiqueOn pourrait, dès lors, concevoir un fait scientifique dans le prolongement de l'expérience commune, construite par laraison.

Le « fait » scientifique serait le phénomène commun maîtrisé par les outils de la raison humaine.

La loi, quantà elle, serait constituée par l'énoncé de relations constantes entre les phénomènes, énoncé qui ne ferait queprolonger les données premières. d.

Cette connaissance rigoureuse, conçue dans le prolongement de l'expérience commune, est cependant limitée. Néanmoins, le schéma explicatif que nous venons de développer reste très limité.

En effet, le phénomène et la loiscientifique, ainsi conçus, ne possèdent pas vraiment une valeur universelle.

Dans la mesure où ils ne se rattachentpas aux pouvoirs de l'intelligence établissant des relations valables en tous lieux et en tous temps, nous n'avonsaffaire ici qu'à des modes limités du savoir.

Pour comprendre la vraie connaissance scientifique, il faut faire un sautdans la connaissance a priori, irréductible à la connaissance commune devenue plus rigoureuse.Ainsi nous faut-il désormais reprendre le problème à la base et analyser la connaissance scientifique, sous sesdiverses modalités, comme une invention a priori, ne s'appuyant nullement sur le fait coloré et divers.

Dans cetteperspective, les travaux de Bachelard nous fournissent une référence toujours valable : il a insisté, mieux quepersonne, sur les ruptures et les discontinuités qui nous conduisent de l'immédiat à l'expérimentation rationnelle.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles