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Peut-on disputer du goût ?

Publié le 17/11/2009

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Les salariés achètent quelques bribes d'une culture à laquelle jusque-là ils n'avaient aucune participation. Les amateurs éclairés font la grimace : ces gens se pavanent dans la pacotille, dans un ersatz de grand art, et se laissent séduire par une musique dégradée, une peinture pervertie et les facilités commerciales du tape-à-l'oeil, le kitsch n'est-il que cela ? « On aperçoit ainsi l'étroite imbrication entre la sociologie et l'histoire, dans la mesure où le goût « populaire « apparaît souvent comme une imitation, décalée dans le temps, de ce qui, une génération auparavant, pouvait appartenir au goût « bourgeois « - comme le montre bien Pierre Bourdieu dans La Distinction, à propos, par exemple, des tableaux de Bernard Buffet ou des Quatre Saisons de Vivaldi.     3) le goût d'une époque naît de la dispute même des experts.     En tant que phénomène collectif, le goût est largement déterminé par des circonstances extérieures, tenant à l'évolution économique et sociale, qui peuvent sembler, à première vue, ne pas devoir entraîner de répercussion sur le plan esthétique. Le rôle des artistes demeure pourtant capital. Il n'est pas question ici, naturellement, des orientations qui s'affirment dans tel ou tel milieu, de la vogue des tableaux d'une certaine période qui se dessine à un moment donné, des cotes qui montent, de l'attrait soudain exercé par certains genres, par certaines écoles de peinture. Dans ces différents cas, seuls les marchands, les collectionneurs, les spéculateurs sont concernés. Il n'en reste pas moins que l'oeuvre des peintres, des sculpteurs, des architectes peut exercer une influence décisive sur le goût, soit que les artistes s'imposent d'eux-mêmes et imposent leur propre conception de la beauté, soit qu'ils se trouvent mis en vedette, protégés, imposés par les puissants du jour. Citons encore une fois Voltaire : « Le goût se forme insensiblement dans une nation qui n'en avait pas parce qu'on y prend peu à peu l'esprit des bons artistes.

Le sens commun dit souvent « On ne discute pas des goûts et des couleurs. « En d’autres termes, on pense que les goûts sont quelque chose de personnel, de subjectifs qu’on ne peut remettre en cause par une discussion argumentée et rationnelle, les goûts provenant de l’histoire personnelle de la personne comprenant son éducation, son niveau social qu’une simple discussion ne pourrait de toute évidence modifier. Mais c’est justement ignorer des relations sociales, de la discussion, des débats dans la construction du goût. Cela serait ignorer aussi qu’il existe le mauvais goût, un goût contestable dont on peut disputer.

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