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Peut-on douter de tout ?

Publié le 17/01/2004

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• Voici un sujet classique, mais néanmoins délicat. Il faut, bien évidemment, faire référence, pour le traiter, aux doctrines du scepticisme antique et du cartésianisme, conceptions que vous devez connaître. • Tous les termes de la question doivent être soigneusement étudiés.  — douter est au centre du problème : douter consiste à suspendre le jugement ;  — de tout : il s'agit, ici, d'un universel, universel posant le problème inhérent à la question ; — le verbe «pouvoir« possède toujours deux significations, celle de possibilité et celle de légitimité ; — le on de « peut-on « représente différents aspects de la question : sujet de la connaissance, sujet moral, sujet conscient de lui-même. • Le terme « on « va, ainsi, servir de fil conducteur : il renvoie successivement à la philosophie cartésienne, puis au scepticisme et, enfin, à la réflexion hégélienne. Il sera, du même coup, générateur d'un plan de type progressif: — le doute méthodique cartésien ; « — le doute du sage sceptique ; — le doute, chemin de la conscience qui s'éduque ; • La difficulté de l'acte consistant à douter de tout constitue le problème posé par la question. On s'interrogera, par conséquent, sur l'étendue et les limites de la force de l'esprit.

« (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à forced'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croientplus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses expéditions.

Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai « comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite. » Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».

ainsi la preuve qu'on apportepour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini. Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donnéen rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître lemoindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout de rien, ce quirevient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départqui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».

Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.

Je commets un cercle vicieux en démontrant lesunes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.

Le cercle vicieux par excellence est celle-ci :pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dontla valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne , « au rouet ». (e) Toute opinion est relative. « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu' Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses. » Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle devent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nousProtagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b). L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon lesmoments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectivesd'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de véritésobjectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes .../... Sur ce point, on peut difficilement contredire la pensée sceptique; en effet une pensée n'est vraie scientifiquementque si elle a résisté à tous les procédés expérimentaux qui auraient pu la falsifier.

Mais une vérité scientifique restesans cesse ouverte à des expériences renouvelables jusqu'à l'infini.

Qu'il n'y ait pas une loi scientifique vraie alorsque la science semble être la valeur la plus rigoureuse et la plus sûre sur laquelle on puisse miser en matière devérité, n'est-ce pas là une preuve que je peux douter de tout?Je peux en effet douter de tout car je ne peux raisonner que par cercles vicieux par le « di allélôn » qui signifie engrec « les uns par les autres ».

Je dois toujours admettre un « a priori » : lorsque je prouve que A est vrai, jesuppose que B est vrai et lorsque je prouve que B est vrai, je suppose que A est vrai.Enfin, le fait même que j'ai dû admettre des postulats invérifiables, des axiomes, n'est-il pas la preuve ultime que jepuis douter de tout et qu'il n'y a pas une vérité accessible, puisque j'ai dû la créer!Et encore, lorsque je change de système, cette vérité est faussée : ce qui était vrai dans le système d'Euclide nel'est plus. Mais la pensée sceptique est-elle indiscutable? Certainement pas, elle a une faille, une faiblesse majeure et sedétruit elle-même.

Cette pensée se pose en effet comme une connaissance vraie, pose comme vérité que la véritéest inaccessible.

Je peux donc douter de tout sauf du fait même qu'il faut douter de tout, donc je ne peux pasdouter de tout!En considération de cet aspect, la pensée sceptique ne saurait donc être recevable et il convient d'en trouver les. »

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