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Peut-on douter de tout ?

Publié le 10/03/2004

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«Tout échappe à la compréhension», dit Sextus Empiricus. Le scepticisme. Le scepticisme est défini par Lalande comme : « La doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité ». L'esprit se déclare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit. 1° Scepticisme antique et doute cartésien. On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartes rejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion). Il rejette même les vérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout-puissant s'amuse à me tromper dans toutes mes pensées). Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique. D'abord le doute cartésien est provisoire (il prend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : et cette évidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où bien d'autre vont jaillir). C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à se détacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa pureté l'acte même de penser.

« Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois degrands voyageurs qui, à force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires,adopter des valeurs différentes, ne croient plus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses expéditions.

Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai« comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sonten fuite. » Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ». ainsi la preuve qu'on apporte pour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre àl'infini. Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre cedonné en rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pourconnaître le moindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout derien, ce qui revient à ne connaître rien du tout. (c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point dedépart qui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie. (d) Le diallèle (les uns par les autres). Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».

Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.

Je commets un cercle vicieuxen démontrant les unes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.

Le cercle vicieux parexcellence est celle-ci : pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que jeme serve de cette raison dont la valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne , « au rouet ». (e) Toute opinion est relative. « L'homme est la mesure de toute choses » formule qu' Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité deschoses. » Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.

Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle de vent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ouqu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nous Protagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pourqui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b).

L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon les moments (le monde ne m'apparaît pas de la mêmefaçon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectives d'observation (une tour vue carrée de prèsparaît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de vérités objectives mais seulement des opinionssubjectives toutes différentes. [Le doute absolu est une contradiction. Nous pouvons croire à certaines vérités.

Pour appréhender le monde, l'être humain possède deux instruments: les sens et la raison.

Les sens nous procurent un donné sur lequel s'exerce notre capacité de penser.

Et, au moment même où il doute, l'homme ne peut pas douter qu'il pense.] Il faut cesser de douter pour agirLe doute est une méthode pour la réflexion.

Il est nécessaire de l'utiliser pour détecter les erreurs dejugement et les éviter.

Le doute doit cependant s'arrêter pour construire.

Le savant met en doute sesinterprétations du réel, mais il croit à la science.

Le philosophe réfléchit sur les conditions de la morale, mais ilne peut pas s'interdire d'agir.

Un doute absolu conduirait à la suspension de toute action.. »

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