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Peut-on etre athée ?

Publié le 15/12/2005

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Quoi qu'il en soit, la distinction entre foi et raison, acceptation dans la Révélation du divin et démonstration logique, nous permet de franchir une première étape. La possibilité de l'athéisme ne peut désormais emprunter que deux voies : ou bien le rejet paresseux du « sentiment » (c'est-à-dire de la foi) et pour l'athée le croyant n'est qu'un illuminé de plus ; ou bien la déconstruction minutieuse de l'argument ontologique : c'est la voie qu'empruntera Kant.  II - Kant : la critique de la preuve ontologique Dès la Critique de la raison pure (1781), Kant, à partir de l'analyse de la notion d'être ou d'existence, critique le cheminement de Descartes, qu'il résume sous le nom de « preuve ontologique », c'est-à-dire une preuve démontrant l'existence de l'être souverain (Dieu). Celle-ci se formule de la manière suivante : Dieu, en tant qu'être parfait, enferme toutes les perfections dans son essence ; or, l'être est une perfection ; si Dieu devait ne pas être, il ne serait pas parfait, ce qui est contradictoire, donc Dieu existe. Or, remarque Kant, la non-contradiction n'est pas signe de l'existence. Je sais qu'un triangle, s'il existe, possède nécessairement trois angles ; cela dit, je peux penser sans contradiction que le triangle en question et ses angles n'existent pas. Ce n'est pas parce que le triangle a forcément trois angles, que trois angles existent quelque part ; de même, ce n'est pas parce Dieu enferme de manière non-contradictoire l'existence, qu'il existe forcément. De plus, l'existence n'est pas une perfection : que je conçoive cent euros possibles (qui n'existent pas effectivement) et cent euros réels, les deux sommes sont identiques du point de vue de leur concept. Penser l'existence ne revient pas ajouter quelque chose (un prédicat) à un concept, sinon les cent euros possibles enfin gagnés par le travail pourraient m'offrir plus que les cent euros réels que j'ai déjà. Ainsi, on peut bien accorder que l'idée de Dieu enferme l'infinité, la toute-puissance, etc.
Le problème de l'athéisme concerne Dieu et son existence : la question principale qu'il se pose est « Dieu existe-t-il ou non ? «. De fait, dans l'histoire de la philosophie, la considération du divin a donné naissance à un grand nombre de contributions importantes traitant la possibilité ou l'impossibilité de fonder rationnellement l'existence de Dieu. Nous examinerons sur ce point les contributions de Descartes et de Kant.
Cependant, l'athéisme se réduit-il si aisément à un refus de l'existence de Dieu ? L'athée peut-il se contenter de dire que « Dieu n'existe pas « ? Si cette posture théorique est faible en soi, elle masque en outre les motifs psychologiques de l'athéisme : pourquoi le refus de l'existence de Dieu ? Si celle-ci est niée, qu'est-ce qui est affirmé à sa place ? Nous nous interrogerons donc sur les vraies motivations de l'athéisme et cela dans le but de fonder sa propre possibilité. En somme, il n'y aura d'athéisme que construit et éclairé.
 



« C'est ainsi l'aliénation de sa vie en un être parfait et infini – alors que lui n'est qu'imparfait et fini – et dans l'au-delà (où se trouverait la « vraie vie ») qui l'horrifie ; c'est la soumission à un Dieu et à son clergé ; c'est lasuperstition des hommes qui le confond : Dieu récompenserait les braves et répondrait à nos prières, comme s'ilpouvait changer le cours du monde à notre gré.

Bref, l'athée ne supporte pas d'être une créature et de se voirmanipuler.

Il en nourrit le sentiment que la croyance en Dieu est illusion et masque la vie présente (d'où l'idée queles athées sont immoraux et jouisseurs).

En définitive, ce n'est pas tant l'existence de Dieu qui l'importune, que le sentiment que la sienne s'en trouve amoindrie . Or, dans l' Éthique , Spinoza propose une conception de Dieu susceptible de répondre aux attentes et aux déceptions de l'athée.

Dieu y est identifié à une substance infinie, cause de soi (qui s'auto-engendre) et mise enéquation avec la Nature.

Deus sive Nature , dit Spinoza ; Dieu, c'est-à-dire la Nature. SUPPLEMENT: DEUS SIVE NATURA (SPINOZA) Affirmation majeure du système spinoziste, la formule a nourri les accusations d'athéisme et de panthéisme.

Dieu estl'unique substance*, infinie et éternelle, aussi « tout est en Dieu » et procède de son essence.

Cette définition ruineles bases d'un Dieu personnel et transcendant, conception répandue qui ne serait selon l'auteur qu'une projectionanthropomorphique issue de l'imagination.

Du même coup, c'est toute la pensée de la nature en terme de créationdivine qui est récusée : Dieu est cause immanente de tout ce qui est, il ne saurait régir la nature par les décrets desa volonté.

Sa perfection s'exprime dans l'enchaînement nécessaire des causes et des effets dans la nature, quin'est le terrain d'aucune intention et ne peut donc être saisie en termes de causes finales. Ainsi, Dieu n'est pas un principe transcendant, hors du monde et auquel nous sommes soumis, mais un principe immanent, c'est-à-dire une puissance interne aux choses et qui les pousse à l'existence.

Autrement dit,Dieu n'est pas comme une personne qui poursuit des buts spécifiques, mais c'est la puissance d'être de la Nature,une affirmation pure de soi de la part d'un Dieu infiniment infini et qui ne suppose aucune finalité. Dès lors, en affirmant Dieu et la Nature, l'homme ne fait qu'affirmer son être propre.

En soi, l'homme est une expression de Dieu, qui le soutient et s'incarne à chaque instant en lui.

C'est d'ailleurs cette affirmation qui estsource de joie. Conclusion : Ainsi, l'athéisme ne se joue pas autour de l'existence d'un Dieu ou non.

Cette querelle cache trop de motifs psychologiques pour être vraiment honnête.

L'athée qui se veut tel doit au moins reconnaître que sa revendicationporte sur la reconnaissance de son existence (et non sur la non-reconnaissance de celle de Dieu).

Or, de ce pointde vue-là, le système de Spinoza offre la possibilité de penser Dieu et l'individu dans une unité positive conduisant àla joie.

Dieu n'est plus l'autre de l'homme, la raison de son aliénation, mais l'occasion d'acquiescer au monde et à safélicité.

Notons que Nietzsche, grand accusateur du christianisme, ne s'y trompera pas et reconnaîtra en Spinozason prédécesseur. Descartes avait tout d'abord, dans son « Discours de la méthode », montré que les idées que nous concevons clairement et distinctement, qui s'imposent donc à nous avec évidence, sont innées (antérieures à notrepropre naissance) et vraies (auxquelles par conséquent nous pouvons nous fier).

Par la suite, dans les« Méditations métaphysiques », l'auteur avait avancé un argument a posteriori de l'existence de Dieu : j'ai en moi l'idée (claire et distincte) de parfait ; moi qui suis un être imparfait, je ne peux l'avoir posée en moi-même ; seul unêtre parfait peut donc être la cause de la présence en moi de cette idée de parfait (« Méditation troisième »). Dans le présent texte (« Méditation cinquième ») , Descartes double cet argument a posteriori d'un argument ontologique, purement conceptuel.

Parmi les idées innées, se trouvent les nombres et figuresmathématiques, mais aussi l'idée de Dieu , que l'auteur définit comme « un être souverainement parfait et infini ». A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argument ontologique : il déduit l'existence de Dieu de son essence même.

En effet, Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est une perfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition.

Dieu ne peut donc pas ne pas exister. La distinction entre essence et existence ne convient pas au sujet de Dieu . Descartes associe ces deux arguments, l'un qui remonte de l'effet à la cause, l'autre qui déduit l'existence de l'essence, pour démontrer l'existence de Dieu , « être parfait ». Pour Descartes , la première vérité est l'existence de ma conscience.

C'est donc à l'intérieur même de la pensée qu'il faut rechercher l'effet qui postule Dieu comme cause.

La première preuve avancée par Descartes est la suivante : Dieu possède toutes les perfections, or l'existence est une perfection, car un être sans existence est nécessairement imparfait.

Donc nous devons aussi compter parmi les perfections de Dieu donc il faut que Dieu existe (« Discours de la méthode », IV et « Méditations métaphysiques », III).. »

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