Peut-on etre athée ?
Publié le 15/12/2005
Extrait du document
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C'est ainsi l'aliénation de sa vie en un être parfait et infini – alors que lui n'est qu'imparfait et fini – et dans l'au-delà (où se trouverait la « vraie vie ») qui l'horrifie ; c'est la soumission à un Dieu et à son clergé ; c'est lasuperstition des hommes qui le confond : Dieu récompenserait les braves et répondrait à nos prières, comme s'ilpouvait changer le cours du monde à notre gré.
Bref, l'athée ne supporte pas d'être une créature et de se voirmanipuler.
Il en nourrit le sentiment que la croyance en Dieu est illusion et masque la vie présente (d'où l'idée queles athées sont immoraux et jouisseurs).
En définitive, ce n'est pas tant l'existence de Dieu qui l'importune, que le sentiment que la sienne s'en trouve amoindrie . Or, dans l' Éthique , Spinoza propose une conception de Dieu susceptible de répondre aux attentes et aux déceptions de l'athée.
Dieu y est identifié à une substance infinie, cause de soi (qui s'auto-engendre) et mise enéquation avec la Nature.
Deus sive Nature , dit Spinoza ; Dieu, c'est-à-dire la Nature. SUPPLEMENT: DEUS SIVE NATURA (SPINOZA) Affirmation majeure du système spinoziste, la formule a nourri les accusations d'athéisme et de panthéisme.
Dieu estl'unique substance*, infinie et éternelle, aussi « tout est en Dieu » et procède de son essence.
Cette définition ruineles bases d'un Dieu personnel et transcendant, conception répandue qui ne serait selon l'auteur qu'une projectionanthropomorphique issue de l'imagination.
Du même coup, c'est toute la pensée de la nature en terme de créationdivine qui est récusée : Dieu est cause immanente de tout ce qui est, il ne saurait régir la nature par les décrets desa volonté.
Sa perfection s'exprime dans l'enchaînement nécessaire des causes et des effets dans la nature, quin'est le terrain d'aucune intention et ne peut donc être saisie en termes de causes finales. Ainsi, Dieu n'est pas un principe transcendant, hors du monde et auquel nous sommes soumis, mais un principe immanent, c'est-à-dire une puissance interne aux choses et qui les pousse à l'existence.
Autrement dit,Dieu n'est pas comme une personne qui poursuit des buts spécifiques, mais c'est la puissance d'être de la Nature,une affirmation pure de soi de la part d'un Dieu infiniment infini et qui ne suppose aucune finalité. Dès lors, en affirmant Dieu et la Nature, l'homme ne fait qu'affirmer son être propre.
En soi, l'homme est une expression de Dieu, qui le soutient et s'incarne à chaque instant en lui.
C'est d'ailleurs cette affirmation qui estsource de joie. Conclusion : Ainsi, l'athéisme ne se joue pas autour de l'existence d'un Dieu ou non.
Cette querelle cache trop de motifs psychologiques pour être vraiment honnête.
L'athée qui se veut tel doit au moins reconnaître que sa revendicationporte sur la reconnaissance de son existence (et non sur la non-reconnaissance de celle de Dieu).
Or, de ce pointde vue-là, le système de Spinoza offre la possibilité de penser Dieu et l'individu dans une unité positive conduisant àla joie.
Dieu n'est plus l'autre de l'homme, la raison de son aliénation, mais l'occasion d'acquiescer au monde et à safélicité.
Notons que Nietzsche, grand accusateur du christianisme, ne s'y trompera pas et reconnaîtra en Spinozason prédécesseur.
Descartes avait tout d'abord, dans son « Discours de la méthode », montré que les idées que nous concevons clairement et distinctement, qui s'imposent donc à nous avec évidence, sont innées (antérieures à notrepropre naissance) et vraies (auxquelles par conséquent nous pouvons nous fier).
Par la suite, dans les« Méditations métaphysiques », l'auteur avait avancé un argument a posteriori de l'existence de Dieu : j'ai en moi l'idée (claire et distincte) de parfait ; moi qui suis un être imparfait, je ne peux l'avoir posée en moi-même ; seul unêtre parfait peut donc être la cause de la présence en moi de cette idée de parfait (« Méditation troisième »). Dans le présent texte (« Méditation cinquième ») , Descartes double cet argument a posteriori d'un argument ontologique, purement conceptuel.
Parmi les idées innées, se trouvent les nombres et figuresmathématiques, mais aussi l'idée de Dieu , que l'auteur définit comme « un être souverainement parfait et infini ». A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argument ontologique : il déduit l'existence de Dieu de son essence même.
En effet, Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est une perfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition.
Dieu ne peut donc pas ne pas exister. La distinction entre essence et existence ne convient pas au sujet de Dieu . Descartes associe ces deux arguments, l'un qui remonte de l'effet à la cause, l'autre qui déduit l'existence de l'essence, pour démontrer l'existence de Dieu , « être parfait ». Pour Descartes , la première vérité est l'existence de ma conscience.
C'est donc à l'intérieur même de la pensée qu'il faut rechercher l'effet qui postule Dieu comme cause.
La première preuve avancée par Descartes est la suivante : Dieu possède toutes les perfections, or l'existence est une perfection, car un être sans existence est nécessairement imparfait.
Donc nous devons aussi compter parmi les perfections de Dieu donc il faut que Dieu existe (« Discours de la méthode », IV et « Méditations métaphysiques », III)..
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