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Peut-on être conscient de tout ?

Publié le 27/02/2008

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Bien définir les termes du sujet : - « Peut-on » : désigne la possibilité et la légitimité de faire, d'accomplir, de penser, de tourner son action vers quelque chose. - « Etre conscient » : c'est avoir une aperception plus ou moins immédiate pour le sujet de ce qui se passe en dehors de lui ou en lui. Cela désigne la conscience psychologique qui se présente comme une forme particulière de savoir, un savoir immédiat. C'est la relation qu'un sujet entretient avec une réalité interne ou externe. C'est un jugement, une dénotation d'existence. Il ne faut pas confondre « être conscient » et « avoir conscience » qui désigne la conscience réfléchie. Cette dernière désigne l'accès au savoir vrai qui porte sur les contenus, pas seulement sur l'existence. C'est le retour du sujet sur lui-même et sur le monde qui l'entoure. - « Tout » : Ce terme est très vague, et désigne l'ensemble des choses qui existent, qu'elles soient ou matérielles ou non, vivantes ou inertes.   Construction de la problématique : Le sujet prend en compte la particularité de l'homme et sa capacité à se mettre à distance du monde pour le saisir. En effet, la conscience permet d'avoir un recul par rapport monde et à soi, et d'envisager un rapport avec eux. Mais le monde extérieur, aussi bien que le monde intérieur, est le lieu de nombreux événements, et tous ne parviennent peut-être pas à la conscience. Se pose donc la question de savoir si la conscience est capable de repérer tout ce qui se passe dans son entourage et en elle - d'être consciente de tout. Si elle ne le peut pas, on peut se demander quels sont les critères qui font que telle action n'est pas prise en compte par la conscience. Autrement dit, est-ce que ce sont les objets eux-mêmes qui de par leurs caractéristiques ne peuvent être perçus par la conscience, ou est-ce que cette dernière impose un filtre capable de déterminer ce qui lui importe réellement ?

« certains gestes sans en être conscient parce que nous ne sommes pas guidés par notre volonté lorsque nous lesaccomplissons.

Parfois nous prenons conscience de ces gestes, mais nous ne sommes pas conscient de la raisonpour laquelle nous les accomplissons.

Freud prend l'exemple d'une de ses patientes accomplit des gestes rituelschaque soir, sans justification rationnelle.

Ainsi, avant de se coucher, elle éprouve une irritation injustifiée contre samère, enlève toutes les horloges, montres, pendules et vases de sa chambre pour soi-disant éliminer toute trace debruit.

L'oreiller ne doit pas toucher le bois du lit, elle secoue sa couette pour avoir une bosse de plumes en bas, etlaisse ouverte la porte de chambre de ses parents.

Chez une personne normale, le cérémonial est bref, et lesactions ont des justifications rationnelles ; de plus, il peut s'adapter aux changements.

A l'inverse, ce que Freudappelle le « cérémonial du coucher » est obsessionnel, la minutie est exagérée, et pas de possibilité d'adaptation ;sans compter qu'il n'y a aucune justification rationnelle aux actes.

Dans ce cas, la patiente a l'impression qu'ellen'est plus maître de ses actes et que tout s'accomplit sans qu'elle puisse rien y faire : elle subit ses propres actions,car elles échappent à la maîtrise de la conscience.

Elle n'est pas consciente de la raison pour laquelle elle agit de lasorte.

● Freud montre qu'une personne qui est consciente agit pour des raisons réelles, rationnelles, et sesactions ainsi que leur exécution sont choisies.

Ce n'est pas le cas pour la malade en particulier, et pour les actes quiéchappent au contrôle de notre conscience en général.

L'action de l'inconscient se reconnaît à ce que l'exécutantest plus ou moins conscient de ce qu'il fait, mais n'est pas conscient du but, de l'origine, du sens, ou de la raison quile pousse à agir.

"Il se sent poussée à obéir, et se demande en vain pourquoi.", il subit ses actes, quelque choseautre que sa conscience ou sa raison le détermine.

Les explications ne sont que des simulacres d'explicationrationnelle.

L'inconscient agit donc, dans certains cas, à notre place ; Freud va jusqu'à parler « d'hôtes tout-puissants venant d'un monde étranger » : « des processus psychiques agissaient en elles, processus dont l'actionobsessionnelle était le produit, […] nous parlons de processus psychiques inconscients.

» introduction à lapsychanalyse, II,§ 18.

L'hypothèse de l'inconscient fait de ces pathologies l'expression déguisée de pulsionsrefoulées, qui trouvent un mode substitutif de satisfaction sous forme de symptômes.

Pour Freud, chaque geste aune signification symbolique qui n'est pas connue de la conscience, si bien que les actions échappent à la maîtrisede cette dernière.

L'existence même de l'inconscient nous pousse donc à admettre que nous ne pouvons pas êtreconscient de tout.

III/ Nous ne pouvons pas être conscient de tout, car tout ne nous intéresse pas : Depuis le départ nous considérons qu'il existe un monde objectif auquel nous aurions accès, et que notreconscience saisirait ou non les objets selon ses capacités physique et selon des critères objectifs appartenants auxobjets saisis.

Ainsi, nous ne pourrions pas être conscient de telle chose parce qu'elle est trop loin de nous, parcequ'elle est trop ténue, ou parce qu'elle est inconsciente.

Mais ce ne sont pas forcément des critères objectifs quifont que nous ne sommes pas conscients de tout : la conscience peut elle même choisir ce dont elle veut êtreconsciente.

● C'est ce que montre Sartre dans L'Etre et le Néant.

En effet, selon lui la conscience n'est pas un bocal,un contenant qui serait capable de recueillir et de rassembler des perceptions.

Au contraire, la conscience est uneintention de signification, une pure extériorité, une sortie hors de soi vers les choses qu'elle vise : « elle est clairecomme un grand vent, il n'y a plus rien en elle, sauf un mouvement pour se fuir, un glissement hors de soi.

» " Uneidée fondamentale de la phénoménologie de Husserl ; l'intentionnalité.

" La conscience s'éclate donc ce vers quoielle porte, vers les objets qu'elle vise.

La conscience n'est donc rien d'autre qu'une visée.

Elle se rapporte ainsi aumonde, mais ne peut pas le saisir objectivement, tel qu'il est, elle lui donne du sens, elle est intentionnalité, elleimplique la subjectivité.

Si il a subjectivité, la conscience ne peut donc pas saisir indifféremment tout ce qui seprésente à elle : elle parcourt donc le monde qui l'entoure à la recherche de ce dont elle pourrait avoir besoin pouraccomplir son projet.

● La conscience se définit en effet par son projet, son « projet ultime » : c'est ce vers quoi elle a décidéde tendre, et de faire tendre toutes ses actions – exemple : si mon projet est d'être pilote d'avion, je ne vais pasfaire une école de peinture, mais une école d'aviation.

Chacun des actes particuliers que j'accomplis s'inscrit sur lefond de mon projet ultime, comme participant à celui-ci, comme le réalisant en partie.

Ma conscience habitée de ceprojet ne va donc être consciente que de ce dont elle peut avoir besoin pour réaliser ce projet.

L es objets sont donc saisis sur fond de monde, mais uniquement à travers mon projet.

« Je ne puis saisir un ceci particulier sur fond de monde qu'à l'occasion d'un projet particulier de moi-même.

» L'Etre et le Néant, IV, 1.

Les objets utilisésm'apparaissent parce que pouvant servir à réaliser un projet singulier : je choisis le monde dans sa signification enme choisissant.

Les objets que nous utilisons dans nos projets ne valent pas par eux-mêmes, mais sont dépasséspar ce projet, vers telle ou telle possibilité.

Je ne suis donc pas conscient de tout, mais seulement de ce dont j'aibesoin pour me réaliser.

Souvent, lorsque l'on essaie de se souvenir d'une pièce ou d'un endroit, on oublie certaineschoses parce qu'elles ne nous ont pas intéressé.

Si je veux planter un clou, je verrai le marteau dans la boîte àoutils sans être capable de dire si il y avait ou non des vis de 20mm.

Conclusion : Je ne peux donc pas être conscient de tout pour plusieurs raisons : ma conscience est limitée par l'espace,mais aussi par ses capacités ; seul Dieu serait capable d'être conscient de tout car son esprit est infini.

Outre unproblème de capacité et de faisabilité – je ne peux pas directement saisir ce qui ne se présente pas à moi – il y aaussi une manière d'être de ma conscience qui fait qu'elle détermine et choisit ce dont elle peut être consciente.Autrement dit, il semblerait qu'elle rationalise son activité pour la rendre plus efficace : consciente de ses limites, la. »

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