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Peut-on être cruel envers soi ?

Publié le 27/02/2008

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  Problématisation :   Nous nous interrogeons sur le soi et la possibilité d'une cruauté de lui pour lui. Peut-on être cruel envers soi-même ? Ne semble-t-il pas en première analyse que ce sujet soit tout à fait saugrenu ? En effet, comment pourrait-on être soi et en même temps vouloir jouir, se délecter, de sa propre souffrance ? Ne serions nous pas alors déchirés entre ce désir pervers et la volonté naturelle de ne pas vouloir souffrir soi-même ? Cette situation semble plus qu'incongrue. Pour autant, n'avons-nous pas bien souvent l'impression que certains se font inconsciemment souffrir, et que bien que cette souffrance les minent réellement ils s'y « installent » littéralement ? (Que l'on pense aux alcooliques, aux toxicomanes, ou aux adolescents qui s'auto-mutilent par des scarifications, ou se sombrent dans l'anorexie). Ne serait-ce alors que l'on peut effectivement être cruel envers soi ? Mais alors comment comprendre que ces pulsions violentes se tournent vers soi-même ?

« être abject, inhumain, qui ne mériterait pas notre estime. c) Mais pour refuser son estime à soi, il faudrait encore être capable d'estimer, il faudrait encoreêtre un soi, c'est à dire une créature qui s'estime soi. Problème : Cette contradiction semble ne pas avoir de sens si l'on pense l'estime de soi comme unecaractéristique essentielle de l'humanité. Transition : Comment alors comprendre que pourtant des hommes soient cruel envers eux-mêmes ? 2.

Dans les faits, certains semblent réellement cruels envers eux-mêmes, perdant jusqu'àl'estime d'eux-mêmes. a) L'alcoolique, le toxicomane, qui boivent et se droguent, jusqu'à en mourir.

Ne peuvent-ilsapparaître comme cruels envers eux-mêmes ? Ils s'investissent corps et âme dans une activité quine répond à aucun besoin, qui leur fait du mal, physiquement et mentalement, qui les tue parfois, quine crée rien mais qui détruit tout.

Mais il faut noter que ces « malades » sont poussésinconsciemment à cette cruauté envers eux-mêmes par une force qui les dépasse : l'inconscient. b) L'anorexique, qui refuse de s'alimenter, renverse une fonction naturelle de base, elle va contre sanature, et meurt parfois de cette malnutrition.

N'est-elle pas aussi cruelle envers elle-même ? Ne sefait-elle pas souffrir pour le plaisir ? De la même façon, elle y est poussée inconsciemment... c) Le jeune adulte qui se mutile, se fait subir des scarifications, est lui aussi cruel avec lui-même,mais au lieu que la violence soit masquée au sein d'une activité équivoque (boisson, drogue,nourriture), il se fait directement cette violence.

Il se l'avoue, même si sans doute il y est pousséinconsciemment.

On peut donc être cruel envers soi et certains le sont de manière maladive etsuicidaire. Problème : Rousseau a bien montré (dans l'Émile ou de l'éducation ) que l'amour de soi pouvait sous l'action de la société se transformer en amour-propre, c'est-à-dire se transformer, en perdant touteréférence à la nature), en un amour de l'image que les autres nous renvoient de nous-mêmes.

Dansle cas qui est le nôtre il ne s'agit pas exactement d'un problème d'amour-propre, mais la cruautéenvers soi impliquerait un phénomène analogue, une aliénation de notre nature. Transition : Comment comprendre alors cette aliénation ? 3.

La cruauté envers soi ne peut être que le signe d'une décomposition critique de l'estimede soi, qui n'est sans doute pas réductible à l'amour-propre tant elle implique de violence,mais se traduit par une même aliénation. a) Dans le cas des toxicomanies, de l'anorexie, il semble que la cruauté envers soi puisse êtreramenée à une aliénation de la nature du soi à une aliénation de l'amour de soi en amour propre(pour reprendre le vocabulaire rousseauiste).

Ces pathologies sont bien souvent le fruit pourri de lasociété de consommation, qui pousse les hommes à préférer satisfaire leurs plaisirs plutôt que desuivre leur nature, se conformer à des critères physiques (la mode) au mépris du danger qu'une telleattitude peut représenter.

Dans le cas de l'auto-mutilation, on pourrait subodorer quelque chose deplus complexe.

En effet, dans les autres cas, la violence faite à soi est faite inconsciemment, ou entout cas masquée.

L'auto-mutilation est consciente, avouée.

Certains grands psychologues (dontCharles Melman, auteur de l'Homme sans gravité ) émettent la thèse selon laquelle cette violence faite à soi serait la tentative désespérée et absolument inefficace de réinscrire dans « la chair »même du soi, la dimension du réel (ce que Lacan appelle : le nom du père), la conception de la limitepour combler un manque de repère, un manque d'autorité, un manque de soi. c) Cette thèse est intéressante puisqu'elle reprend les thèses de Nietzsche dans la Généalogie de la Morale .

Dans cet ouvrage, Nietzsche s'interroge sur l'origine de la morale, et en vient à dire que la morale nécessite un homme capable de promettre (de tenir ses promesses), un homme qui a l'amourde soi au sens rousseauiste. d) Or nous dit-il, pour que l'homme devienne capable de tenir ses promesses il a fallu qu'il se torturelui-même car il est par nature, non pas un être moral, mais un esclave de l'affect, il est inconstant, ildoit donc se faire de force une mémoire.

Pour Nietzsche, « La violence est le meilleur adjuvant de lamnémotechnie ».

On ne se souvient que de ce qui nous « frappe », on se souvient de la violenceque l'on a subie, jusque dans sa chair.

Pour Nietzsche la morale est donc la conséquence de lacruauté de l'homme envers lui-même.

Non seulement donc l'homme peut être cruel envers lui mais. »

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