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Peut-on être esclave de soi-même ?

Publié le 01/02/2004

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esclave

« Le maître, qui o interposé l'esclave entre la chose et lui, se relie ainsi seulement à la dépendance de la chose, et purement en jouit. Il abandonne le côté de l'indépendance de la chose à l'esclave, qui l'élabore. « Hegel, La Phénoménologie de l'Esprit, 1807. « Qui se tient pour le maître d'autrui est lui-même un esclave. [...] Seul est libre celui qui veut libérer tout ce qui l'entoure. « Fichte, Sur la destination du savant, 1794.Pour Fichte en effet, celui qui prétend posséder des esclaves a lui-même une âme d'esclave. Car la liberté consiste d'abord à reconnaître la liberté d'autrui, et je ne suis libre qu'en tant que je suis disposé à limiter ma liberté en fonction de celle des autres. Au maître : « Veux-tu bien réfléchir à ceci : celui que tu appelles ton esclave est né de la même semence, jouit du même ciel que toi, respire comme toi, vit comme toi, meurt comme toi.

Un esclave est une personne placée sous la dépendance absolue d’un maître. Cette dépendance implique l’abdication de son libre arbitre au profit d’autrui, c'est-à-dire, le renoncement à sa faculté de se déterminer librement et d’agir sous la conduite de sa seule volonté. A première vue, la question « peut-on être l’esclave de soi même ? « ne saurait être que surprenante. Il semble en effet qu’elle implique une contradiction dans les termes : si être esclave, c’est être sous la dépendance absolue d’un maître comme nous venons de le préciser, alors on ne saurait être l’esclave que d’autrui, d’un autre que soi même. Pourtant, des exemples littéraires ou empruntés à la réalité peuvent nous fournir des exemples d’hommes esclaves d’eux-mêmes, c'est-à-dire, choisissant de s’asservir eux-mêmes à la toute puissance prétendue de leurs passions ou de leur volonté. Enfin, une fois que nous aurons déterminé si l’homme est capable d’être l’esclave de lui-même, nous pourrons nous demander s’il a également le pouvoir de se libérer de sa propre emprise, et de choisir la liberté contre l’asservissement qu’il s’impose à lui-même.

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« Comme nous l'avons posé en introduction, il n'y a d'esclavage que relativement à autrui.

En effet, l'esclavage est lasituation d'un être qui ne peut agir ni penser à sa convenance, mais dont l'action et la pensée émanent directementde la volonté d'un autre être, qui à tout pouvoir sur lui.

Dans une parabole célèbre (la « parabole du maître et de l'esclave ») Hegel évoque la situation de deux hommes, qui font tout deux l'expérience du maître absolu (c'est-à- dire la mort) et dont l'un faiblit, recule, au contraire de l'autre.

Le premier devient donc l'esclave de l'autre, situationincompatible avec la possibilité d'un esclavage à soi même. b.

L'esclavage : une réalité sociale et économique Parler d'esclavage à soi même ne peut se faire qu'en édulcorant la réalité de l'esclavage.

En effet, celui-ci est uneréalité économique, sociale, un modèle historique de sociétés, qui a existé et qui existe toujours sous des formesnouvelles.

Hannah Arendt, dans « Conditions de l'homme moderne » rappelle que les sociétés antiques, notamment la société romaine, employaient l'esclavage pour décharger une part privilégiée de la population de ce qu'elle nomme« le fardeau de la vie ».

Parler d'esclavage d'un homme par lui-même, c'est déformer le sens réel du termed'esclavage, et confondre un modèle économique et social avec une simple pression de l'individu exercée sur lui-même. II.

Etre l'esclave de soi même : une soumission moins paradoxale qu'il n'y parait a.

La complexité du sujet autorise une réponse affirmative à la question posée Freud a bien montré qu'il y a en l'homme trois sujets, le moi, le ça et le sur-moi.

Placé entre ces deux instances opposées, le moi peut être l'esclave deses instincts les plus bestiaux (sexuels, meurtriers, suicidaires…) ou les plusélevés (ambition, volonté de se dépasser ou de surpasser autrui…).

En cesens, on peut dire qu'il est possible d'être l'esclave de soi même, car lapsychanalyse a montré que l'homme peut subir l'autorité des pulsions émanantdu ça ou du surmoi, qu'il subit comme l'autorité de maîtres extérieurs etabsolus. En clinicien qui se désintéressait de la philosophie, Freud a observé que lescomportements humains ne répondaient pas à de strictes lois rationnelles, etque, bien au contraire, le psychisme humain était dans son essentielle réalitéinconscient.

La plus grande partie de nos sentiments, affects, pensées, maisaussi actes, gestes et comportements répondent à des motifs qui échappentà notre conscience.

L'inconscient est doté de ses forces propres, de sapropre dynamique et de ses propres intérêts, qui n'ont rien de rationnel.Soumis au principe de plaisir, l'inconscient recherche une satisfaction aumépris de la réalité, des ordres, des règles et des lois qui gouvernent larationalité des rapports humains.

L'inconscient est la manifestation constanted'un irrationnel qui n'a de cesse de se jouer de notre volonté et de notremaîtrise rationnelle et consciente. b.

Le sujet esclave de sa passion La littérature est pleine d'hommes qui subissent l'autorité de la passion avec une soumission parfaite.

Tel est le casdu chevalier des Grieux dans « Manon Lescaut » (de Prévost) que sa passion pour la belle Manon entraîne dans desmalheurs toujours plus grands.

La toute puissance de la passion permet donc de répondre à la question : on peutêtre l'esclave de soi même, en tant qu'on peut être l'esclave de sa passion. III. Etre l'esclave de soi même : le choix de ma liberté a.

L'homme choisit sa servitude. »

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