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Peut-on être esclave de soi-même ?

Publié le 03/02/2004

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esclave

Un esclave est une personne placée sous la dépendance absolue d’un maître. Cette dépendance implique l’abdication de son libre arbitre au profit d’autrui, c'est-à-dire, le renoncement à sa faculté de se déterminer librement et d’agir sous la conduite de sa seule volonté.

A première vue, la question « peut-on être l’esclave de soi même ? « ne saurait être que surprenante. Il semble en effet qu’elle implique une contradiction dans les termes : si être esclave, c’est être sous la dépendance absolue d’un maître comme nous venons de le préciser, alors on ne saurait être l’esclave que d’autrui, d’un autre que soi même.

Pourtant, des exemples littéraires ou empruntés à la réalité peuvent nous fournir des exemples d’hommes esclaves d’eux-mêmes, c'est-à-dire, choisissant de s’asservir eux-mêmes à la toute puissance prétendue de leurs passions ou de leur volonté.

Enfin, une fois que nous aurons déterminé si l’homme est capable d’être l’esclave de lui-même, nous pourrons nous demander s’il a également le pouvoir de se libérer de sa propre emprise, et de choisir la liberté contre l’asservissement qu’il s’impose à lui-même.

 

I.                    Etre l’esclave de soi même : un paradoxe  parfait

a.       L’esclavage : une soumission à autrui ?

b.      L’esclavage : une réalité sociale et économique

II.                  Etre l’esclave de soi même : une soumission moins paradoxale qu’il n’y parait

a.       La complexité du sujet autorise une réponse affirmative à la question posée

b.      Le sujet esclave de sa passion

III.                Etre l’esclave de soi même : le choix de ma liberté

a.       L’homme choisit sa servitude

b.      Etre l’esclave de soi même : une preuve paradoxale de notre liberté

 

esclave

« Dans « L'existentialisme est un humanisme », Sartre écrit : « L'homme est condamné à être libre.

Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, etpar ailleurs cependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il estresponsable de tout ce qu'il fait.

L'existentialiste ne croit pas à la puissancede la passion.

Il ne pensera jamais qu'une belle passion est un torrentdévastateur qui conduit fatalement l'homme à certains actes, et qui, parconséquent, est une excuse.

Il pense que l'homme est responsable de sapassion ».

Pour Sartre, c'est au sens le plus fort que l'homme choisi ce qu'il est puisque pour l'existentialisme, l'homme décide absolument de sa proprevie.

En ce sens, nous sommes les esclaves de nous même, non parce que latoute puissance de nos pulsions ou de nos passions nous a rendus tels, maisparce que nous avons choisi de considérer ces pulsions et ces passionscomme toutes puissantes. Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considéré comme le fondateur,même si la lecture de la « Phénoménologie » de Husserl et de « L'Etre et le Temps » de Heidegger l'a profondément influencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté.

La première, que l'on trouve dans« Saint Genet » (1952): « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous .

» La seconde, qui figure dans un opuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) où Sartre répond à diverses objections formulées notamment, par les catholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme: « L'homme est condamné à libre .

» Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme, l'existence précède l'essence.

Autrement dit,rien n'est donné d'avance à l'homme.

N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouve condamné à choisirlibrement son essence : « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'estpas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. » L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce que l'hommen'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre ne peut jamais être quel'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Tout objet matériel est.

L'hommen'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidé d'avance.

L'homme est ce qu'il sefait: « Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement, nonseulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veutaprès cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. » Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité,projet : « C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire parlà, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons dire que l'hommeexiste d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de seprojeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse, unepourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre , un absolu qui ne se choisit pas.

L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il ne peut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours.

Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

Ce que Sartre exprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre .

» Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, maisne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et ses pensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa «manière d'être ».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnalise r ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est la raison. »

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