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Peut-on être heureux sans efforts ?

Publié le 27/02/2008

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Le bonheur est un de ces mots qui recouvrent un idéal plus qu'une réalité. Si tout le monde s'accorde en effet pour y voir l'aspiration fondamentale de l'homme, cet accord résiste mal à la tentative d'en déterminer le contenu que chacun imagine au gré de ses désirs et de ses espoirs, voire de ses déceptions. C'est donc que le bonheur a une portée subjective et peut parfois être l'objet de lutte pour un même individu comme pour les agents d'une même communauté. D'autre part comme  Aristote le concédait : « Les hommes paraissent concevoir le bien et le bonheur d'après la vie qu'ils mènent » : Ethique à Nicomaque Livre 1, Chapitre 2, 1095b15. Si le bonheur une aspiration fondamentale de la nature humaine, est-ce à dire pour autant qu'il s'acquiert facilement, c'est-à-dire sans peine et sans effort ? Une première tendance est d'affirmer que le bonheur est un état qui se mérite, qu'il n'est pas le fruit du Dieu ou du hasard, et ce afin d'éviter toute forme de fatalisme. Il faudrait donc travailler à être heureux. N'est-il pas logique d'envisager à partir de là que c'est celui qui travaille à être vertueux qui sera au plus haut point heureux ? Mais alors c'est la vertu qui est la condition du bonheur. C'est donc qu'il faut tâcher de se rendre digne moralement au bonheur, pour accéder au bonheur. Seulement une telle assertion nous conduit inévitablement à poser le bonheur après la vertu.  Ne faut-il pas envisager plutôt  pour être sûre d'atteindre le bonheur de le situer dans la quête des plaisirs durables ? Ce serait donc conclure que le bonheur est chose facile et naturelle puisque il suffit de discriminer entre les plaisirs naturels et durables et les plaisir artificiels et vains.

« Kant affirme dans Les Fondements de la métaphysique des mœurs, le concept de bonheur est si indéterminé que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à être heureux, personne ne peutjamais dire en termes précis et cohérents avec lui-même ce quevéritablement il désire et veut.

La raison en est que tous les éléments quifont partie du concept de bonheur sont dans leur ensemble empiriques, c'est-à-dire doivent être empruntées à l'expérience, et que cependant pour l'idéede bonheur, un tout absolu, un maximum de bien être dans mon état présentet dans toute ma condition future, c'est nécessaire.

Or, il est impossible qu'unêtre, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, dés lorsqu'il est fini, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement ».Pour savoir ce qui peut nous rendre vraiment heureux, il faudrait êtreomniscient.

Les impératifs de la prudence à proprement parler, n'ordonnentrien ; ce ne sont que des conseils ».

Bref, « le bonheur est un idéal, non deraison mais d'imagination ».Plus encore les principes éthiques relevant del'empirie et de l'hétéronomie, celui du bonheur personnel « est le pluscondamnable, non pas seulement parce qu'il est faux et que l'expériencecontredit l'allégation selon laquelle le bien-être se règlerait toujours sur labonne conduite, ni non plus seulement parce qu'il ne contribue en rien à lamoralité (…) mais parce qu'il suppose sous la moralité des mobiles qui plutôt lemènent et en ruinent toute la sublimité, en rangeant dans la même classe lesmotifs qui poussent à la vertu et ceux qui poussent au vice ».

Etre heureuxest nécessairement ce que proclame tout être raisonnable mais fini, c'estdonc aussi un motif déterminant qui ne peut être connu empiriquement.Autant dire que le bonheur recherché pour lui-même est une vainerecherche.

La solution apportée par Kant est qu'il faut nous rendre digne du bonheur.

Il écrit en effet : « La loipratique qui a pour mobile le bonheur, est une loi pragmatique, une règle de prudence, tandis que la loi morale n'apas d'autre mobile que celui-ci : mériter le bonheur », Critique de la raison pure.

C'est donc que le bonheur doit toujours rapporté à une quête lointaine, susceptible d'être accomplie uniquement dans un lointain avenir.

Le bonheurdoit être renvoyé à une espérance morale. Le bonheur comme absence de trouble, n'exige pas de grands efforts De là il apparaît que le bonheur est selon Kant est un quête toujours reportée à plus tard.

Et comme le dit Pascaldans ce cas : « Nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre et nous disposant à être heureux, il estinévitable que nous ne le soyons jamais », Pensées , fragments 172.

Le bonheur ne saurait se situer dans l'attente, mais dans la jouissance du temps présent.

Aussi c'est dans la quête du plaisir qu'Epicure situera le bonheur.

Toutplaisir est un Bien, pour Epicure, toute souffrance est un mal, et ils ne peuvent coexister qu'en s'opposant.

Mais cequ'il faut privilégier c'est le plaisir en repos, plus essentiel, le plaisir constitutif de vivre et d'être bien) et qui loin desatisfaire un manque s'épanouit quand on ne manque de rien.

C'est ce que l'on peut appeler la plénitude : ne pasavoir faim, ne pas avoir soif, ne pas craindre.

Ses formules n'expriment pas des privations mais l'accès à une réalitépositive.

D'ailleurs une fois ce plaisir réalisé : « toute la tempête de l'âme s'apaise, le vivant n'ayant plus à allercomme vers quelque chose qui lui manque, ni à chercher autre chose par quoi rendre complet le bien de l'âme et ducorps », Lettre à Ménécée.

Si le plaisir est le commencement de la vie heureuse, qu'il « est le bien principal et conforme à notre nature, c'est de lui que nous partons pour déterminer ce qu'il faut choisir et ce qu'il faut éviter, etc'est à lui que nous avons finalement recours lorsque nous servons de la sensation comme d'une règle pourapprécier tout bien qui s'offre ».

Le bonheur est donc à notre portée, il n'exige pas de nous de grands sacrifices, nimême de grande frustration.

Le corps et l'âme peuvent atteindre un bonheur de longue durée, pour peu que nousnous attachions aux plaisirs et aux désirs naturels.

De là Epicure peut conclure à la fin de la Lettre à Ménécée :« Conçois-tu maintenant que quelqu'un puisse être supérieur à ce sage (…) qui sait pertinemment que le souverainbien est à notre portée et facile à se procurer et que le mal extrême, ou bien ne dure pas longtemps, ou bien nenous cause qu'une peine légère » Conclusion -Le bonheur doit être acquis au terme d'un travail à la vertu, qui nous permet de réaliser la nature humaine.

Etc'est ce sens que le bonheur nécessite effort puisqu'il n'est pas donné des Dieux. -C'est donc dans la vertu que se situe le bonheur, que la morale est le chemin de la vertu. -Seulement en insistant davantage sur la vertu que sur le bonheur ne perdons pas de vue le bonheur lui-même.

Leplaisir durable est le seul critère du bonheur, il est un critère sûr et avéré facile d'accès.

Le plaisir est immédiat, etle critère à l'aune duquel se mesure notre condition heureuse ou malheureuse.. »

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