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Peut on fuir le monde ?

Publié le 06/12/2005

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« Si un objet extérieur te chagrine, ce n'est pas lui c'est le jugement que tu portes sur lui qui te trouble ». C'est dans la mesure où il ne se retranche pas du grand tout que le sage conquiert son indépendance.   II- La révélation comme seule signification possible du monde Pascal avec la pensée 201 (206), « le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie » entend convaincre le libertin de la nécessité de fuir de monde pour le monde divin. Avec la découverte de la cosmologie copernicienne qui explique désormais l'univers comme un espace infini, l'homme à la recherche du sens ne peut que ressentir l'angoisse. En effet, l'homme dans l'infini n'est rien. Dans l'infiniment petit il y a une grande quantité de vivants mais pas de place pour l'homme. Dans l'infiniment grand au contraire, nous y sommes. Nous sommes donc un infime et un énorme dont la position est flottante. Dans ce monde marqué par le pêché originel je dois par la pensée et la prière accéder au monde de l'au-delà. Le salut ne peut passer que par la croyance au monde céleste.

Beaucoup d’œuvres artistiques et littéraires témoignent de la volonté de se retirer du monde. Se retirer du monde, c’est d’abord vouloir fuir l’humanité et la fréquentation du monde. Mais, si certain se font ermite ou se retire du siècle dans des monastères ils sont toujours physiquement dans le monde, dans une partie du monde Peut-on fuir le monde ? Cela parait physiquement impossible puisque cela suppose une fin du monde. Il faut donc interroger les motifs d’une telle aspiration, mais également les procédures qui le permettent. Peut-on se retirer du monde extérieur pour habiter son monde intérieur ? C’est-à-dire fuir le monde dans le monde. Ou bien au contraire doit-on pour donner sens au monde croire en un autre monde sans lequel celui-ci n’a aucun sens ? Mais fuir le monde est-ce souhaitable ? Peut- on vouloir fuir le monde ?

« En parlant des « espaces infinis », Pascal prend d'abord acte des progrès de la science de son temps. Avec les découvertes de Galilée, on commence à comprendre l'univers comme infini : l'espace qui nous entoure n'a pas de frontières, et le monde entier est compris comme un espace indifférent offert aux lois de laphysique, au calcul mathématique. Mais Pascal est aussi contemporain du microscope, c'est-à-dire de la découverte de l'infiniment petit.

La lunette astronomique avait ouvert la voie de l'infiniment grand de l'espace, de l'univers ; le microscope nous ouvre lavoie, tout aussi merveilleuse, de l'infiniment petit.

L'homme se voit confronté à un double infini, dont il tient le milieu,il est inscrit dans un monde dont « le centre est partout et la circonférence nulle part ». Un chrétien comme Pascal comprend immédiatement que cet univers est vide de Dieu.

L'univers des scientifiques du XVII ième est un univers où ne règnent que de la matière et les lois de la physique.

Un univers muet qui ne parleplus à l'homme, à son cœur.

Il ne nous entretient plus de Dieu, il n'est plus un univers merveilleux dont la perfectionnous incite à la louange du Créateur.

C'est l'univers glacé des lois scientifiques.

Un univers effrayant, parce quel'homme et ses inquiétudes n'y ont plus de place et n'y trouvent plus de réponses. Telle est la leçon janséniste.

Dieu n'est plus visible dans la nature, le Dieu auquel on doit croire est « un Dieu caché ».La conséquence que Pascal tire donc des sciences de son temps, c'est la « disproportion de l'homme ».

il y a disproportion entre l'homme et l'univers, entre le fini de l'humaine condition et l'infini de l'univers ; il y adisproportion entre l'homme et lui-même, dans la mesure où nous sommes incapables de nous comprendre nous-mêmes sans Dieu et le secours des Ecritures. Pascal montre donc à l'homme qu'au regard de l'infinité de l'espace, il n'est que dans un « petit cachot », dans un morceau ridicule d'espace, mais aussi que, fouillant la plus petite parcelle de matière, il retrouvera « une infinité d'univers ». « Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature luia donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles, et je crois que sacuriosité se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence, qu'à les rechercher avecprésomption. » Nous touchons là au second sens de l'effroi devant l'infinité et le silence de l'univers.

Il faut vaincre la présomptionscientifique.

Il faut réapprendre à l'homme à trembler, il faut lui faire comprendre que par la raison il ne comprendrajamais ni l'univers, ni lui-même. L'univers est vide de Dieu, et il est offert à la recherche scientifique.

Il faut montrer au savant que ses recherches sont dérisoires, que le seul vrai souci est le souci de Dieu.

Et c'est en montrant qu'il y a unedisproportion extrême entre l'infini qui nous submerge et notre condition faible et mortelle, qu'on pourra affirmer : « Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses […] ne cherchons point d'assurance et de fermeté.

Notre raison est toujoursdéçue par l'inconstance des apparences ; rien ne peut fixer le fini entre les deux infinis qui l'enferment et le fuient. » Ce qu'il y a d'effrayant dans le monde tel que le conçoit le XVII ième savant, est qu'il est un univers froid,dont Dieu s'est retiré, et où l'infini nous engloutit, où la nature ne nous parle plus.

Mais ce qu'il y a de plus effrayantencore, c'est que les savants entreprennent de comprendre cet univers grâce à la raison naturelle, en sedétournant ainsi de la quête de Dieu.

L'univers est visible, mais froid et silencieux, Dieu est caché.

Les savantss'arrêtent à l'univers au lieu de rechercher Dieu.

C'est pourquoi il faut humilier la raison, et lui montrer lescontradictions dans lesquelles elle s'empêtre.

C'est pourquoi il faut dire à l'homme de science que sa raison ne luifournira aucune certitude, c'est pourquoi il faut souligner la disproportion entre le fini et l'infini. Par là s'expliquent les attaques contre Descartes et la fameuse formule « Descartes inutile et incertain ». Descartes est inutile car il n'est que savant, et que la raison n'atteint que l'inessentiel en l'homme ou en la nature. Il est incertain parce que jamais la raison ne peut nous fournir de certitude véritable, et que, pour le jansénistequ'est Pascal , l'essentiel est la connaissance non pas d'un Dieu dont on prouve l'existence, mais de J.C.

auquel on croit :« Je ne puis pardonner à Descartes ; il aurait bien voulu, dans toute sa philosophie, se pouvoir passer de Dieu ; maisil n'a pu s'empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement ; après cela, il n'a plusque faire de Dieu.

» Le monde des savants est celui où Dieu n'a plus d'autre fonction que de créer la matière et de lui imprimer dumouvement ; après cela, Dieu disparaît.Ce n'est pas la compréhension de l'univers matériel qui importe.

Pire, elle risque de faire écran à la saisie del'essentiel : la charité, c'est-à-dire l'amour de Dieu.. »

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