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Peut-on identifier oeuvre et travail ?

Publié le 17/01/2022

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Le langage ordinaire n'emploie pas toujours indifféremment « oeuvre « et « travail «. Certes, l'oeuvre c'est ordinairement le résultat d'un travail, mais « travail « peut également désigner ce résultat; et pourtant l'on distinguera souvent l'un et l'autre. Par exemple, on dira d'un ouvrier qu'il « n'est pas content de son travail «, mais qu'il « contemple avec satisfaction son oeuvre « ; d'un écrivain qu'il « remet son travail « lorsque celui-ci est une commande alimentaire, mais qu'il « consacre sa vie à son
oeuvre «. On pourrait multiplier ce type d'exemples, qui nous montrent que la notion d'oeuvre, par sa connotation positive, ne s'identifie pas exactement à celle de « travail «. Peut-on pourtant identifier oeuvre et travail ?

« Le travail créateur : l'oeuvre Le travail libérateur Dans la philosophie de Hegel, le travail doit être compris comme le moyen par lequel l'humanité peut se réaliser.Pourtant, l'humanité paraît d'abord se former en dehors de la sphère du travail et de ses servitudes.

La consciencevéritablement humaine, dans un premier moment, est la conscience du maître, c'est-à-dire, selon Hegel, laconscience qui a montré qu'elle était supérieure au désir animal de persévérer dans son être, la conscience qui arisqué sa vie pour être reconnue comme essentiellement libre et non prisonnière de la vie.

De la sorte, le maître estaussi maître de l'esclave qui, prisonnier de son attachement à la vie et conservé en vie par son maître, reconnaîtque ce dernier a su s'arracher du simple « enfoncement dans l'expansion de la vie ».

L'esclave travaille donc,puisqu'il est soumis, au-delà du maître, à son désir animal de vivre.

Mais, explique Hegel, le travail de l'esclave n'apas pour seule fin sa subsistance ou celle du maître.

En transformant la nature, l'esclave transforme sa nature ilaccède à la liberté.

Travailler éveille les ressources, l'intelligence du travailleur.

Dans le résultat de son travail, letravailleur contemple finalement les pouvoirs d'une conscience qui a transformé la réalité selon sa volonté.

L'oeuvremanifeste la vérité de la conscience, son objectivation, sa réalisation, le mouvement par lequel elle s'est forméecomme conscience libérée du besoin et libérée du maître. Le travail est le propre de l'homme. C'est pourquoi Marx, lecteur de Hegel, pose le travail comme l'essence mêmede l'homme : « Le travail, proprement dit, écrit-il, appartient exclusivement àl'homme.

» Le travail de l'homme se distingue en effet de l'activité animaledans la mesure où ce dernier « ne produit que sous l'empire du besoinphysique immédiat, tandis que l'homme produit alors même qu'il est libéré dubesoin physique, et il ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

L'animalne produit que lui-même, tandis que l'homme reproduit toute la nature.

Leproduit de l'animal fait, comme tel, partie de son corps physique, tandis quel'homme se dresse librement face à son produit » (Manuscrits de 1844,Editions sociales, pp.

63-64).

De plus, « ce qui distingue dès l'abord le plusmauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de là construire dans la ruche.

Le résultat auquel le travailaboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

Ce n'est pasqu'il opère seulement un changement de formes dans les matières naturelles ;il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui déterminecomme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté » (LeCapital, I, 3, 7).

Ainsi l'homme se reconnaît-il dans le travail dans la mesureoù celui-ci est une activité : consciente, fruit d'une volonté qui se propose unbut et qui mobilise une attention en vue d'atteindre ce dernier; intelligente: letravail implique la compréhension des lois de cette nature qu'il reproduit ;libératrice : par le travail l'homme s'émancipe du joug de la nature. L'homme se distingue de l'animal de nombreuses façons : il est doté d'une conscience, a le sens de la religion, estcapable de pensée et de paroles, etc.

Il suffit de considérer qu'il produit ses moyens d'existence pour le différencierradicalement de l'animal.

Produisant ses moyens d'existence, il produit sa vie matérielle.

Le travail est une relationde l'homme à la nature, par rapport à laquelle l'homme joue lui-même le rôle d'une puissance naturelle.

Utilisant soncorps pour assimiler des matières, il leur donne une forme utile à sa propre vie.

Et modifiant la nature extérieure, ilmodifie en retour sa propre nature et développe ses facultés par l'exercice du travail.

Les animaux, eux aussi,"travaillent" lorsqu'ils accomplissent des opérations semblables à celles des artisans : l'araignée tisse sa toile commeun tisserand, et l'abeille confectionne les cellules de sa ruche comme nul architecte ne saurait le faire.

"Mais ce quidistingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans satête avant de la construire dans la ruche." Le propre du travail humain est d'être l'aboutissement de ce quipréexistait idéalement en lui.

Le travail n'est pas une simple transformation, un changement de forme dans lamatière naturelle, c'est la réalisation d'un but ou d'un projet dont on a préalablement conscience, et qui constitue laloi de l'action à laquelle on subordonne durablement sa volonté.

Tout travail exige un effort, une tension constantede la volonté, d'autant plus que le travail est moins attrayant, et que l'homme ne peut y réaliser ses forcesgénériques. Se reconnaître dans son travail. En outre, dans le travail chaque homme s'affirme lui-même en même temps qu'il affirme l'essence de l'homme engénéral.

Car si dans thon travail, explique Marx, j'objective « ma production, mon individualité, sa particularité »,dans la jouissance qu'autrui aura du fruit de mon travail, je jouis «d'avoir objectivé l'essence de l'homme, doncd'avoir procuré l'objet qui, lui, convenait aux besoins d'un autre être humain ».

Ainsi je confirme et réalisedirectement dan§ mon activité individuelle « mon essence vraie, mon essence humaine, mon essence sociale ».Aussi, le travail est-il bien.

ce en quoi l'homme se reconnaît pleinement, puisqu'il s'y reconnaît à la fois commeindividu et comme être social.. »

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