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Peut-on ne douter de rien ?

Publié le 17/07/2009

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Hume montre ainsi que la relativité des opinions relatives à la morale, selon les lieux et les époques, ainsi que la « permanente contradiction des opinions et des sentiments de chaque homme particulier « provoque des objections populaires, pré- ou non-philosophiques, contre les évidences morales ou les raisonnements sur les faits. Mais « Ces objections, dit-il, sont vraiment faibles car, comme dans la vie courante, nous raisonnons à tout moment sur les faits et l'existence, et qu'il n'est pas possible de vivre sans employer continuellement cette espèce d'argument, les objections populaires, tirées de là, son nécessairement insuffisantes pour détruire cette évidence. Ce qui vraiment renverse le pyrrhonisme ou les principes excessifs du scepticisme, c'est l'action, le travail et les occupations de la vie courante. « (Hume, Enquête sur l?entendement humain, chap. XII). Si le doute est ainsi consubstantiel à la réflexion, l'action et la vie quotidienne requièrent ainsi du sujet qu'il cesse momentanément de douter. Il faut être résolu pour pouvoir agir et, sinon d'être certain d'avoir raison, du moins d?être convaincu de la justesse de ses choix. C'est ainsi que  Descartes adopte, dans le Discours de la méthode, une « morale provisoire « sans laquelle il ne pourrait continuer à agir en ce monde. Il faut bien des règles à l'action, dut-elles être seulement provisoires et non assurées sur des fondements stables et inébranlables.   - C'est donc de l'inaction et de la contemplation que viennent le doute, l'homme se mettant alors à réfléchir sur ses opinions, ses connaissances et les actions qu?il a accomplies ou qu'il s'apprête à accomplir.

Le doute est imperfection mais aussi condition de progrès comme peut nous le révéler l'entreprise cartésienne.

Ne douter de rien pourrait tout à la fois passer pour une position ferme et courageuse mais, aussi dans le même temps, pour de l'inconscience et de la stupidité. Ne dit-on pas qu'ils n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis !

On pourrait résumer cette idée de doute comme l'essence même de l'homme à l'idée suivante: ce n'est pas tant parce que nous voulons connaître que nous doutons, mais c'est parce que nous doutons que nous voulons connaître, avancer et progresser.

« Le doute, une activité naturelle et consubstantielle à la pensée humaine. a) Le doute est à l'image de notre condition humaine: marque d'imperfection mais aussi condition de notre progrès, il nous interdit denous satisfaire définitivement de tout état, quel qu'il soit.

On pourrait résumer cette idée de doute comme l'essence même de l'hommeà l'idée suivante: ce n'est pas tant parce que nous voulons savoir que nous doutons, mais c'est parce que nous doutons que nousvoulons savoir, avancer et progresser. b) Alain disait que "penser, c'est dire non": ce qui révèle la fonction essentielle du doute dans la pensée même.

Non pas que douter nesignifie rien.

Mais le doute signifie comme la pensée elle-même, une capacité de refuser le donner, l'immédiat , l'apparence. c) Parce qu'elle est au delà de l'inconscience animale mais en deçà de l'inconscience divine, la conscience humaine s'accompagnenécessairement du doute, dans son élaboration même: l'homme n'accède à les vérités certaines que lorsqu'il a surmonté le doute.

Mais l'exercice toujours possible du doute n'empêche pas que l'on puisse refuser le doute, et faire comme si l'onn'avait jamais douté. a) Ainsi le doute qui signifie hésitation, suspension de jugement peut apparaitre comme un obstacle a l'action: à trop différer sonjugement, on risque de en plus pouvoir agir efficacement et nombre d'exploits ou d'actes courageux sont réalisée sans réflexionpréalable . b) De même, si il est vrai que le doute scientifique peut être systématique (comme par exemple avec le doute hyperbolique du cogitocartésien), la vie pratique, morale ou politique exige souvent que l'on agisse comme si l'on savait , comme si l'on était certain de lajustesse ou du bien fondé de nos actions, de nos projets.Ce qui dans l'apparence revient au même que dans le cas précédent: que l'on agisse sans avoir douté, il s'agit toujours d'adopter uneattitude assurée, d'exprimer une confiance en soi comme gage de réussite. c) Fondamentalement, la possibilité d'un tel refus du doute reste cependant toujours liée a la liberté de la pensée: parce qu'il estexpression de cette liberté de la pensée, le doute peut en effet porter sur lui-même, et commander son propre arrêt.

C'est bien parcequ'on doute du doute qu'on est amené a refuser le doute.

Par là on voit bien que "ne douter de rien "ne signifie pas l'absence totale dedoute, pas plus qu'une véritable impossibilité du doute...Donc, "ne douter de rien" signifie plutôt un comportement, dont on juge d'après les apparences seulement.

Et c'est parce qu'il relèvedes apparences, dont je ne suis pas totalement maitre (puisque ce sont les autres qui jugent mon comportement en affirmant que je"ne doute de rien " ce comportement peut aussi bien susciter l'admiration que la réprobation, selon que mon "refus du doute" paraîtralégitime ou non.) A quelles conditions un tel refus du doute est-il légitime? a) Tenir compte des différentes formes du doute: le doute scientifique, c'est a dire critique qui aide à obtenir des certitudes; le doutesceptique, qui conclut une recherche par le constat de l'impossibilité d'obtenir une certitude.Dans le premier cas, le doute est un moyen dans le deuxième il est une fin ou un terme de la connaissance. b) A partir de là, on comprend que l'on puisse refuser la première forme du doute lorsque: au lieu de servir la connaissance et depermettre la certitude, le doute l'entrave ou l'empêche ou bien encore lorsque la certitude étant impossible à atteindre, le doutes'avère inutile.

C'est le cas par exemple dans la croyance religieuse (options 1 et 2). c) De même, on pourra refuser le doute dans sa deuxième forme lorsqu'il empêchera l'action nécessaire, sous prétexte d'uneimpossibilité d'obtenir une certitude (exemple donné par Descartes d'un voyageur égaré dans une foret inconnue, il doit choisirarbitrairement une direction et s'y tenir, même si la voie qu'il choisit n'est pas absolument la voie ma meilleure pour quelqu'un quiconnaitrai cette foret : il agit en doutant de rien (3ème option). Du coup , on voit que le refus du doute sera légitime aussi longtemps qu'il sera cohérent.

Or selon les trois options envisagées cidessus, il ne sera plus cohérent et sera donc répréhensible lorsque: 1° "ne douter de rien "n'est qu'un prétexte pour affirmer n'importe quoi.

Ce qui peut d'ailleurs revenir à "douter de tout" pour affirmerla vanité de toute connaissance mais alors le doute n'est plus un moyen , il est posé comme fin. 2° "ne douter de rien" n'est qu'une façon d'affirmer une fausse certitude, alors même que toute certitude est impossible: lorsque la foidevient fanatisme, par exemple. 3°"ne douter de rien" n'est qu'une manière de justifier une action téméraire , mais non courageuse: une action qui soit n'est pasnécessaire, soit qui aurait pu s'avérer moins dangereuse si elle avait été réfléchie.... »

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