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Peut-on ne pas s'intéresser à la politique ?

Publié le 01/08/2009

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             « La politique, entendons-nous dire, est une nécessité impérieuse pour la vie humaine, qu’il s’agisse de l’existence de l’individu ou de celle de la société « (Hannah Arendt, dans Qu’est-ce que la politique ?). Cette nécessité de la politique semble de premier ordre dans la mesure où nous vivons en société. La politique étant l’art de gouverner la cité, c’est-à-dire de construire et de garantir la pérennité du tissu social il semble impossible que l’on ne s’intéresse pas à la politique tant elle réglemente notre vie quotidienne. Bien plus, l’homme ne pouvant vivre seul, il semble bien que le désintérêt de la politique soit impensable. Pourtant force est de constater que la politique ne fait plus recette comme le prouve l’abstention lors des consultations et des votes. A l’aune d’une montée des individualismes, il s’agit alors de comprendre le sens et le fondement de ce désintérêt.

            Le désintérêt est manifeste et prend acte d’une individualisation des rapports sociaux (1ère partie), bien que l’homme soit nécessairement politique (2nd partie), nous obligeant alors à ressaisir ce qu’est la politique (3ème partie).

« tendance vers une communauté de ce genre, mais le premier qui l'établit n'en fut pas moins cause des plus grands biens ».b) Celui qui, par son naturel, et non par l'effet du hasard, existerait sans aucune patrie, serait un individu détestable,très au-dessus ou très au-dessous de l'homme.

Celui qui serait tel par sa nature ne respirerait que la guerre, n'étantretenu par aucun frein, et, comme un oiseau de proie, serait toujours prêt à fondre sur les autres.

Aussi l'hommeest-il un animal civique, plus social que les abeilles et autres animaux qui vivent ensemble.

L'individu en tant que telest une abstraction ; la cité ne se décompose pas en individu : « De même, en effet, qu'un homme accompli est le meilleur des animaux, de même aussi quand il a rompu avec loi et justice est-il le pire de tous.

Car la plus terrible des injustices c'est celle qui a des armes.

Orl'homme naît pourvu d'armes en vue d'acquérir prudence et vertu, dont il peut se servir à des fins absolument inverses.

C'est pourquoi il est le plusimpie et le plus féroce quand il est sans vertu et il est le pire des animaux dans ses dérèglements sexuels et gloutons.

Or la vertu de justice estpolitique, car la justice introduit un ordre dans la communauté politique [la justice est une institution d'une communauté politique], et la justicedémarque le juste de l'injuste ».

Aristote , Politiques . c) Marx dans son Introduction générale à la critique de l'économie politique note que l'homme est, un zoon politikon , il est non seulement un animal social, mais un animal qui ne peut s'individualiser que dans la société.

L'idée d'une production réalisée par un individu isolé, vivant en dehors de toute société n'est pas moins absurde que l'idéed'un développement du langage sans qu'il y ait des individus vivant et parlant ensemble : « L'homme est au sens leplus littéral un zoon politikon , non seulement un animal sociable, mais encore un animal qui ne peut s'isoler que dans la société.

La production par des individus isolés, en dehors de la société — fait rare qui peut bien se produirelorsqu'un civilisé, qui dynamiquement possède déjà en lui les forces de la société, s'égare accidentellement dans unecontrée sauvage - est une chose aussi insensée que le développement du langage dans l'absence d'individus vivantensemble et parlant ensemble.

Inutile de s'arrêter à cela plus longtemps.

Il n'y aurait même pas lieu de toucher cepoint, si cette fadaise, qui avait un sens et une raison chez les hommes du XVIII e siècle, n'avait pas été réintroduite sérieusement en pleine économie politique par Bastiut, Carey, Proudhon, etc.

» Transition : Ainsi par essence est un animal politique qui ne peut pas se passer des autres.

La politique est alors le cœur de savie même et il ne peut s'en désintéresser.

Dès lors faut-il redéfinir notre approche de la politique.

III – Réintéresser à la politique a) Arendt note dans Qu'est-ce que la politique ? que « derrière les préjugés contre la politique, on trouve aujourd'hui – c'est- à-dire depuis l'invention de la bombe atomique – la peur que l'humanité elle-même puisse être balayée du monde àcause de la politique et des moyens violents dont elle dispose et, étroitement lié à cette peur, l'espoir quel'humanité se rendra à la raison et qu'elle se débarrassera plutôt de la politique que d'elle-même et que, grâce à ungouvernement mondial qui résorbe l'Etat en un machine administrative, les conflits politiques se règleront de façonbureaucratique, les armées étant remplacées par les forces de police.

[…]Mais les préjugé contre la politique – l'idéeque la politique en son fond est un tissu de mensonges et d'impostures au service d'intérêts sordides et d'uneidéologie encore plus sordide, tandis que la politique étrangère oscille entre la pure propagande et la violence brutale– sont des faits beaucoup plus anciens que la découverte d'instruments au moyen desquels on peut détruire toutevie organique sur terre.

[…] Mais le point culminant du préjugé le plus courant aujourd'hui à l'encontre de la politiqueconsiste dans la fuite dans l'impuissance, dans le vœu désespéré d'être avant tout débarrassé de la capacité d'agir,alors qu'autrefois ce préjugé et ce privilège ne concernaient qu'une petite clique qui pensait, avec Lord Acton, quele pouvoir corrompt et qu'a fortiori posséder le pouvoir absolu est synonyme de corruption absolue.

Personne n'a vuaussi clairement que Nietzsche, dans sa tentative de réhabiliter la puissance, que cette condamnation de lapuissance correspondait nécessairement aux vœux inexprimés des masses ».b) Toutefois, a ucun homme ne peut vivre sans préjugé.

Cela supposerait une vigilance surhumaine.

Cependant les préjugés ne sont pas des idiosyncrasies personnelles.

Ils jouent notamment un grand rôle dans le domaine social.

Etil faut remarquer que la pensée politique est fondée essentiellement sur la faculté de juger.

Ce n'est qu'à l'occasiond'une crise historique que les préjugés vacillent comme Arendt le note dans Qu'est-ce que la politique ? : « Quelle que soit la position que l'on adopte par rapport à la question de savoir si l'homme ou le monde qui est en jeu dans la criseactuelle, une chose est sûre : la réponse qui place l'homme au centre du souci contemporain et qui prétend devoirle changer et lui porter secours est profondément non politique.

Car au centre de la politique, on trouve toujours lesouci pour le monde et non pour l'homme ».c) Cependant, comme Hannah Arendt le note dans Qu'est-ce que la politique ? , « l'idée que la politique existera toujours et partout où il y a des hommes est elle-même un préjugé, et l'idéal socialiste d'un stade final de l'humanité dépourvu d'Etat[thèse de l'Etat parasite], ce qui veut dire chez Marx débarrassé de la politique, n'est nullement utopique : il esttout simplement effrayant ».

Néanmoins, le besoin de l'intérêt de tous pour les politiques se comprend dans lamesure où « a participation des citoyens au gouvernement, quelle que soit sa forme, ne passe pour nécessaire à laliberté que parce qu'il faut à l'Etat, dans la mesure où il doit nécessairement disposer des moyens de la violence,soit contrôlé par les gouvernés dans l'exercice d'une telle violence.

» L'individu considéré dans son isolement n'estjamais libre.

Il ne le devient qu'à travers la polis.

La loi fait l'identité de la cité, elle ne peut la supprimer sanssupprimer alors son identité car la loi est l'expression de la cité.

Elle ne vaut pas à l'extérieure : « Chaque loi créetout d'abord un espace où elle est valable, et cet espace est le monde dans lequel nous pouvons nous mouvoir entoute liberté.

» Conclusion : Malgré un désintérêt croissant pour la politique compte tenu de la montée des individualismes, de la perte. »

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