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Tocqueville semble regretter que « les citoyens qui travaillent » n'aient pas le temps de s'intéresser et de participer activement à la « chose publique ». Partagez-vous cette analyse ? et, dans l'affirmative, un tel désintérêt pour la chose politique vous paraît-il regrettable, voire dangereux pour la démocratie ?

Publié le 02/03/2011

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tocqueville

Charles-Alexis Clerel de Tocqueville (1805-1859) Vieille noblesse du Cotentin par son père. Arrière petit-fils de Malesherbes par sa mère. Enfance tranquille, chrétienne, assez indépendante, mais élevé dans la haine de la Révolution. Carrière politique sous la Restauration, puis sous Louis-Philippe, malgré une certaine réprobation de sa famille. Voyage de travail en Amérique du Nord pour y étudier le régime pénitentiaire ; mais surtout, il s'intéresse passionnément à cette démocratie toute neuve. Il écrit à son retour De la démocratie en Amérique (1835-1840). Il démissionne de sa charge de magistrat, puis se présente à la députation où il est élu en 1839. Après la chute de Louis-Philippe, un ralliement peu enthousiaste de Tocqueville à la IIe République, une acceptation de ministre de Louis-Napoléon, Tocqueville s'écartera définitivement de la vie politique à la suite de la prise de pouvoir de Napoléon III et l'instauration du second Empire. Il ne s'occupera plus que de ses recherches et écrits : L'Ancien Régime et la Révolution (1856). Oeuvres historiques mais aussi littéraires car le style de Tocqueville est vivant, intense, tout en demeurant rigoureux et ferme.

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« Cependant ce qui était très intéressant dans cette conception, c'était la notion de donner du temps à ceux quitravaillent.

Il faut l'étendre à tout travailleur.

Il ne s'agit pas d'un « regret » d'ordre humanitaire chez Tocqueville,mais d'une observation d'ordre technique. Au nom de cet état de fait, des hommes politiques se voudront les représentants de ceux qui travaillent : ainsi estnée la classe politique ou politicienne.

Plus tard Lénine a fait la théorie de cette observation en légitimant l'existencede partis, avant-garde de ceux qui travaillent et qui, épuisés par ce travail (ou obnubilés...) ne sauraient avoir laforce (ou le temps...) de participer à la chose publique. Cependant ces représentants ne sont pas toujours forcément compétents ; correction : s'ils ne sont pashéréditaires c'est déjà un point acquis.

Pourtant comme la masse des électeurs « vote pour qui défend son intérêtparticulier », est-ce que l'intérêt générai est vraiment bien considéré ? Voilà qui pousse à demander aux « hommesd'affaires », citoyens qui justement ont l'habitude du travail, et de travailler pour réussir, d'appliquer leurs qualitésd'organisation, d'action, de but à atteindre à cette « affaire » générale qu'est l'État. Contre-pied cependant à cette solution : a) Les « hommes d'affaires » sont réellement très pris et l'« affaire » qu'est l'État risque de demander qu'on y soitoccupé à part entière : impossibilité de ce dédoublement ou, pire, de cette addition.

b) Quant aux autres sortes de travailleurs, sont-ils assez au courant ? N'y a-t-il pas risque de ce « Café ducommerce » où l'on bâtit de pseudo-solutions en taillant de tout et de rien ? (voir Épreuve 6 : texte deMontherlant.) c) Bien diriger l'État demande compétence, habitude du pouvoir (voir les maladressses commises quand despolitiques longtemps dans l'opposition dirigent enfin).

Être dans l'opposition, ou dans des affaires privées, loin descouloirs du pouvoir, savoir même bien critiquer, c'est très différent de se trouver confronté avec les problèmes etdifficultés à dominer. D'autre part est-ce compatible : être homme d'affaires et homme politique ? Tentation d'ingérences d'un domainedans l'autre.

Monde industrialisé, guerres commerciales, grands marchés mondiaux ont pris une envergure queTocqueville ne pouvait soupçonner.

Luttes d'influences, rivalités entre magnats, loi de la jungle du monde desaffaires, jeux de bourse constituent un univers commercial féroce.

Pour être à la fois homme d'affaires privées etd'affaires publiques, donc politiques, il faut posséder une honnêteté à toute épreuve, une « vertu » - au sens le plusrigoureux du terme - presque austère, sans la moindre compromission, une force de caractère exceptionnelle, poursavoir, entre autres, résister à l'entourage, tout pétri d'intérêts, d'ambitions, d'appétits.

Certains exemples de traficspas propres du tout entre affairistes et classes politiques, certaines malversations plus ou moins admises, ou mêmeprotégées peuvent développer bien du scepticisme à propos d'une participation active des « citoyens qui travaillent», ceux-ci étant compris comme les hommes d'affaires.4.

Conclusion Cependant il est certain que chacun devrait s'intéresser à la chose publique. Il est bon d'ailleurs qu'il n'y ait pas un intérêt unilatéral pour les affaires.

L'État mental qui consiste à en êtreobnubilé (voir Rappel de connaissances : vocabulaire) est une forme de maladie de l'emploi comme de l'homme. S'intéresser à la chose politique c'est aussi participer à la chose publique mondiale qui devient de plus en plusprésente et dont l'univers commercial, lui-même placé désormais à l'échelle mondiale, est un échelon. L'homme d'affaires peut apporter à la politique particulière de son pays l'ouverture d'esprit et la mainmise de gestionsans lesquelles ses affaires particulières ne peuvent plus être à la hauteur d'une compétition généralisée, pire que laloi de la jungle. Parallèlement la « chose politique » ne peut plus actuellement ne pas tenir compte de toutes les donnéeséconomiques universelles.

Être un peu spécialiste d'autre chose que de vie politicienne serait valable.

Mais il ne fautsurtout pas oublier que si comme Tocqueville le croit la démocratie seule est « la traduction politique de l'idéed'égalité », elle est alors le seul « régime d'avenir » et chacun pour sa propre part - l'homme d'affaires, dontl'importance est grande, particulièrement - doit œuvrer à la maintenir dans son pays en luttant contre toutdésintérêt.

Charles-Alexis Clerel de Tocqueville (1805-1859) Vieille noblesse du Cotentin par son père.

Arrière petit-fils deMalesherbes par sa mère.

Enfance tranquille, chrétienne, assez indépendante, mais élevé dans la haine de laRévolution.

Carrière politique sous la Restauration, puis sous Louis-Philippe, malgré une certaine réprobation de safamille.

Voyage de travail en Amérique du Nord pour y étudier le régime pénitentiaire ; mais surtout, il s'intéressepassionnément à cette démocratie toute neuve.

Il écrit à son retour De la démocratie en Amérique (1835-1840).

Ildémissionne de sa charge de magistrat, puis se présente à la députation où il est élu en 1839.

Après la chute de. »

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