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peut-on ne rien désirer ?

Publié le 27/02/2008

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Mais peut-on alors ne rien désirer ? Pouvons- nous être toujours pleinement satisfaits ou bien le désir renaît-il sans cesse de sorte qu'il est impossible de ne rien désirer, c'est-à-dire d'en finir avec le désir ? Et pourquoi chercher à éteindre en nous le désir ? Une vie sans désir n'est-elle pas une vie d'inaction pour autant que le désir est ce qui nous met en mouvement ? Et dans ces conditions, l'idéal de la sagesse n'est-il pas plutôt d'accepter le désir plutôt que de tenter d'y mettre un terme ?  

1-      Il est possible de ne rien désirer pour autant que l'absence est constitutive du désir  

a)      Qu'est-ce que désirer ?

Le désir est un processus finalisé, c'est-à-dire qu'il est mouvement vers ... Si je désire, c'est que je tends vers quelque chose, vers un objet que je conçois plus ou moins clairement. En effet, le désir se distingue du besoin en ce que son objet n'est pas déterminé biologiquement ; il peut s'étendre au superflu comme à des choses imaginaires, irréelles, alors que le besoin « sait « ce qu'il recherche.  

b)      Le manque

En tant que processus finalisé, le désir  vise un objet manquant (car on ne désire pas ce qu'on a déjà). Or de ce point de vue, l'objet absent n'existe pas.

Il nous arrive parfois de ne rien désirer car il nous arrive d’être content : nous ne sentons aucun manque. Mais du coup, ne rien désirer = ne pas désirer. Ainsi ne rien désirer est logiquement impossible : ou bien nous désirons quelque chose (dont nous manquons) ou nous ne désirons pas du tout. Mais peut-on alors ne rien désirer ? Pouvons- nous être toujours pleinement satisfaits ou bien le désir renaît-il sans cesse de sorte qu’il est impossible de ne rien désirer, c’est-à-dire d’en finir avec le désir ? Et pourquoi chercher à éteindre en nous le désir ? Une vie sans désir n’est-elle pas une vie d’inaction pour autant que le désir est ce qui nous met en mouvement ? Et dans ces conditions, l’idéal de la sagesse n’est-il pas plutôt d’accepter le désir plutôt que de tenter d’y mettre un terme ?

« Le fond de la nature humaine porterait désormais la trace de cette union ou plénitude originaire, dont le désird'amour serait la nostalgie.

Désirant l'autre, nous visons ce paradis mythique de la fusion, lorsqu'il n'existait niséparation ni différence, mais seule une toute-puissance qui nous plaçait à l'égal des dieux.

Suivant ce mytheplatonicien, l'essence du désir serait un manque d'être, la recherche d'une totalité, à laquelle il nous est impossibled'accéder, suite à une opération des dieux, sinon par l'expérience fugitive d'une union sexuelle. Le mythe des Androgynes Le discours d'Aristophane est doublement placé sous l'égide d'Empédocle : d'abord par sa référence au principe selonlequel le semblable désire le semblable, ensuite par la valorisation ontologique de la sphère.

Il raconte que, àl'origine, les hommes étaient sphériques et possédaient quatre paires de membres.

Ils étaient de trois genres : lesuns masculins, les autres féminins, les derniers, enfin, des deux sexes.

Il est donc abusif de parler du mythe desAndrogynes, puisque une seule catégorie relève de ce genre.

Leur puissance était telle qu'ils décidèrent d'escaladerle ciel pour renverser les dieux.

Zeus les punit en les divisant en deux par peau sur le ventre et fit une couture enlieu et place du nombril, marque toujours située sous nos yeux de la faute des hommes.

Bien qu'ils aient diminué leurpuissance, les dieux tenaient à les garder en vie pour qu'ils continuent à les honorer de leurs sacrifices.

Mais voilàqu'ils dépéris¬sent.

Soit que chaque moitié, désespérée de ne pas retrouver sa partie manquante, se laisse mourir,soit que, s'étant retrouvées, les deux moitiés ne veulent plus se détacher l'une de l'autre et, ne prenant aucun soinde leur survie, finissent par mourir.

Une fois encore, le comble du désir est de mourir d'amour.

Mais le trait comiqueest de plus en plus accentué.

Et Aristophane nous entraîne dans le carnaval le plus strict —puisque le carnaval atoujours été un moment de victoire de la vie à la faveur d'un mélange de la mort et de la sexualité.

Donc : deuxièmeopération de chirurgie plastique : Apollon ramène sur le devant le sexe de chaque moitié.

Ainsi est rendue possible lapossession sexuelle, d'où résultent une satisfaction et un apaisement du désir permettant de vaquer auxoccupations nécessaires à la survie.

Ce mythe est, une fois encore, l'occasion de magnifier les amourshomosexuelles et masculines.

Les hommes qui désirent d'autres hommes sont issus d'un être sphérique entièrementmasculin dont le modèle cosmologique est le soleil ; les femmes qui désirent les femmes, d'un être entièrementféminin dont le modèle est la terre.

Quant à l'amour hétérosexuel, il est le signe d'une imperfection ontologique,puisque le fait d'un être originairement mixte, dont le modèle est la lune.La tradition a donc vu dans ce mythe l'expression la plus parfaite du désir, dont le but serait de ne faire qu'un avecl'être aimé et, finalement, de nier la différence sexuelle qui le fonde.

En témoigne, aux xviiie et xixe siècles, le mythede l'Ange androgyne présent chez des illuministes, comme Swedenborg, ou dans de nombreux récits fantastiques.

Lesuccès de ce mythe tient aussi à la glorification de la sphère, qui, du Sphairos d'Empédocle à la figure géométriquedu cercle ou à la forme des planètes, a toujours figuré la perfection d'une sorte de jouissance autarcique.

Le désirne viserait pas un objet ou un autre, mais soi-même dans l'autre.

Il serait donc de nature narcissique, même dansl'hétérosexualité.

Or, à bien y regarder et à bien écouter l'histoire farfelue d'Aristophane, l'accent est plutôt mis surla coupure, la division, voire la castration, comme origine du désir.

D'où le commentaire de Lacan :Platon a l'air de s'amuser à faire un exercice comique sur sa propre conception du monde, et de l'âme du monde.

Lediscours d'Aristophane, c'est la dérision du Sphairos platonicien, tel qu'il est articulé dans le Timée (Le Transfert, p.114).Suit Agathon qui, peut-être par ce qu'il devra se retrouver en position d'objet désiré à la fin du dialogue, tient lediscours ampoulé et vide du parfait sophiste.

Et il revient, cette fois, à Socrate de s'en moquer. C'était à peu près nul, laisse-t-il entendre, mais que de belles tournures et que de trouvailles rhétoriques.

C'est simonstrueusement beau qu'on en a le souffle coupé, au point, dit Socrate, que « j'ai craint qu'Agathon, en finissantson discours, ne lançât sur le mien la tête de ce monstre d'éloquence qu'était Gorgias et ne m'ôtât la voix en mepétrifiant» (p.

58).

Est-ce une conséquence de la peur du vide causée par ce dis¬cours ou un ultime effet du récitaristophanesque des corps découpés, des sexes décousus et recousus, qui fait ici surgir la tête de Méduse ? Freud,dans un texte consacré à cette figure mythique, y a vu l'image de la castration que découvre l'enfant qui aperçoit lesexe féminin, et dont il se défend par une pétrification phallique.

C'est peut-être là ce que toujours recouvre le riredu dialogue socratique. Transition : - A moins d'être excessivement réaliste, on peut concevoir ce qui fait qu'il est possible de ne rien désirer : désirer = tendre vers l'absence, ce qui n' est pas. - Cependant , sur le plan logique, « rien » = non-être, c'est-à-dire un néant qui est, non pas simplement absence d'être ou être en puissance, mais négation d'être.

Le rien est au sens strict ce qui est exclu del'être. - Dès lors, l'expression « ne rien désirer » n'est-elle pas contradictoire ? En quoi le « rien » pourrait-il provoquer le désir ? Car en toute rigueur, rien ne peut venir de rien .

Si mon désir est motivé par rien, est-il encore un désir ? 2- L'IMPOSSIBILITÉ LOGIQUE DE NE RIEN DÉSIRER a) Ne rien désirer = ne plus désirer Il ne faut pas confondre le fait de désirer vaguement quelque chose, c'est-à-dire de désirer une chose. »

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