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Peut-on opposer la société civile à l'Etat ?

Publié le 22/02/2012

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D'une part, l'autorité du souverain a pour but non de dominer mais d'assurer la sécurité des biens et des personnes, de protéger les citoyens du conflit. Le dirigeant de l'Etat (que se soit un président d'une République, un Monarque d'une monarchie parlementaire, ...) agit au nom de l'intérêt général. Dans un Etat démocratique où, à travers la loi, s'exprime la volonté générale, l'obéissance ne menace pas la liberté. L'Etat devient ainsi l'espace où l'homme peut accéder à une dimension universelle de son existence, comme citoyen concevant son intérêt général au-delà de son égoïsme naturel, et obéissant à l'autorité commune et réglée de la loi, plutôt que de se soumettre à la force imprévisible, et finalement toujours précaire, d'un tyran. Hegel défend cette idée de l'Etat bienfaiteur, protecteur du citoyen, et l'oppose à la société civile qu'il qualifie de société bourgeoise, régie par la quête de profits ; dans le système hégélien, cette société bourgeoise médiatise la relation des individus avec l'Etat.

« leur existence en référence à des normes collectives.

Le principe de la société civile est donc à la fois la division,l'éclatement et l'association.

L'opposition entre Etat et société civile est donc peu visible dans la mesure où lasociété civile se compose d'individus qui se rassemblent, à la différence que les individus se rassemblent dans leurpropre intérêt commun et non dans l'intérêt général.

Cette association d'intérêts privés forme une société égoïste,où l'idée de la collectivité dans son ensemble, n'est qu'un moyen, et ce moyen est au service des fins particulièresdes individus.

Dans l'Etat au contraire, l'individu particulier n'est plus que l'agent du fonctionnement de son systèmeglobal.La société civile n'est qu'une présentation incomplète de l'Etat.

Les relations qu'entretiennent les individus entre euxsont superficielles et extérieures, elles ne sont motivées que par des intérêts propres.

Ainsi, cette société civilemontre alors que ce ne sont pas les intérêts de tous les citoyens qu'elle défend, et par conséquent, certainscitoyens restent en marge de cette société.

La société civile est alors à l'origine d'inégalité, et exprime uniquementla voix des citoyens que Hegel nomme les « les bourgeois ».Ainsi on voit que la société civile manifeste des forces contradictoires.

Étant le royaume des intérêts capitalistes, ilya une possibilité de conflits et des inégalités en son sein.

Par conséquent, la surveillance constante de l'Etat estimpérative pour maintenir l'ordre moral dans la société.

L'Etat doit donc s'opposer à la société civile et il convient àprésent de voir de quelle façon l'Etat peut lui aussi, à son tour, être remis en cause.

Il s'agit de montrer la nécessitépour la société civile de s'opposer à l'Etat afin de préserver les libertés des individus. On peut opposer la société civile lorsque l'Etat ne répond pas ou mal aux attentes des citoyens, lorsque lesinstitutions politiques de l'Etat ne conviennent plus, lorsque les citoyens se trouvent soumis à des institutionspolitiques qui s'opposent aux valeurs démocratiques, entre autre.Il va de soi que la société civile ne peut éclore que dans un système démocratique où les citoyens exprimentlibrement leur point de vue face à la gestion du pouvoir.

La société civile nous apparaît comme étant faite d'hommeset de femmes qui s'engagent en toute responsabilité, face à l'Etat ou à toute autre autorité reconnue, à prendre encharge la quête de solutions de ce qui à leurs yeux dans l'Etat constituent des urgences non ou insuffisammentprises en compte.

Ainsi l'opposition peut apparaitre à partir du moment où l'état ne représente plus la société civile,car la légitimité de l'autorité politique lui vient du fait que c'est une autorité par délégation, de même qu'on dit quela loi est la volonté de l'expression générale, l'Etat est dans ses décisions, son action, l'expression d'une volontécommune en laquelle chaque citoyen doit se reconnaitre.

Il y a divorce entre la société civile et l'Etat à partir dumoment où celui-ci ne satisfait plus les attentes des citoyens et par conséquent ne représente plus leur volonté.

Endémocratie, les élections peuvent être un moyen de rendre compte de ce phénomène ; un fort d'absentéisme oubien des voix inattendues témoignent du mécontentement de la société, de la dépolitisation des citoyens qui ne sesentent pas représentés par les candidats ou les partis, et ainsi les citoyens tournent alors leur espoir vers lasociété civile, la société civile leur apparait un moyen de combler les insuffisances et les erreurs de l'Etat.On peut voir clairement voir cette opposition entre société civile et Etat chez Marx.

En effet, il montre que l'Etatn'est pas une destruction en soi mais qu'il se préoccupe uniquement de la classe dominante, qu'il appelle la classebourgeoise.

Ainsi, dans La Question Juive, Marx alerte sur la scission que le droit bourgeois introduit dans lesdimensions individuelles et collective de la vie humaine.

D'un côté, l'individu est pris pour un citoyen par rapport àl'Etat, et, de l'autre, dans la vie privée, il devient bourgeois.

Cette séparation entre la sphère privée et la sphèrepublique de l'individu, légitime, selon l'auteur, l'exploitation, la domination et la discrimination qui caractérisent lasociété bourgeoise.

L'Etat est donc néfaste au développement de tous les citoyens, et la société civile se doit alorsde s'opposer à cet Etat qui opère des discriminations et qui ne se préoccupe que d'une seule classe (Marx s'opposealors radicalement à Hegel).

On peut prendre, comme le fait Marx, l'exemple de l'émancipation des juifs.

En effet,celle-ci est a priori jugée impossible car l'Etat est chrétien.

L'Etat n'étant pas chrétien de par « sa nature », lapersonne de religion juive ne peut pas l'émanciper.

On voit alors bien que l'Etat est un frein à ma liberté, et dans cecas, la société civile apparait primordiale et nécessaire pour que je puisse vivre librement, sans contraintes.

Lasociété civile, en se détachant et en s'opposant à l'Etat, doit me soutenir.

La société civile apparaît donc comme unprocessus général d'appropriation, par les peuples et les citoyens d'un pays (organisés en dehors de l'Etat et desautres cadres politiques traditionnels de la politique), c'est-à-dire du droit à la participation à l'activité publique pourla définition et la détermination de leur condition générale d'existence.On peut alors, comme le fait Marx dans La Question juive, tirer les conséquences de sa critique de la politique :certes "L'émancipation politique constitue un grand progrès", mais elle n'est pas "la forme dernière de l'émancipationgénérale"; En effet, ce n'est pas parce que l'Etat peut se libérer d'une entrave qu'il en va de même pour l'homme.

Lapreuve en est que l'Etat démocratique s'est séparé de la religion, mais l'homme ne cesse pas pour autant d'êtrereligieux .Finalement, l'erreur consiste à "confondre l'émancipation politique et l'émancipation humaine".Ensuite, on peut prendre l'exemple d'une dictature.

En effet, un Etat sous dictature ne respecte pas la volonté deses citoyens, il les soumet à une autorité illégale et la société civile doit alors s'opposer à un tel Etat.

Nous pouvonsprendre le cas de l'époque franquiste en Espagne où les républicains étaient tués, où l'Espagne était sous unevéritable dictature militaire.

On comprend alors, dans un tel contexte, à quel point la société civile peut mais doitsurtout s'opposer à un tel Etat, à de telles institutions politiques qui ne respectent en aucun cas les droits del'homme.D'autre part, l'Etat représente un travail de désaliénation, c'est-à-dire selon Marx, qu'il ne représente pas les réelsintérêts des particuliers et qu'il est à l'origine du développement de la lutte des classes : « l'Etat représente uneforme indépendante, distincte des réels intérêts particuliers et généraux (...) Il s'ensuit que toutes les luttes au seinde l'Etat, c'est-à-dire la lutte entre démocratie, aristocratie et monarchie, la lutte pour le droit de vote etc..etc..ne sont que des manières illusoires dans lesquelles se développent les luttes réelles entre différentes classes ».Cette élucidation théorique sur la nature sociale du pouvoir politique permet de trouver l'origine de l'aliénation dansla propriété privée des moyens de production.

En ce sens, la société civile se révèle comme la forme d'échange par. »

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