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Peut-on parler de raisonnement passionnel ?

Publié le 10/10/2009

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CONSEILS PRELIMINAIRES   1. Il importe de prendre dès le départ un exemple et de ne pas le quitter. 2. Il y a évidemment une contradiction dans l'expression « raisonnement passionnel «, raisonnement mettant sur la voie de la clarté, de la distinction, de l'activité de l'esprit et passion au contraire orientant vers l'irrationnel qui est au contraire subi par l'esprit. C'est pourquoi le sujet se présente dès le départ comme une question sur la validité de l'expression «raisonnement passionnel«. 3. Même si on ne reconnaît pas à la passion la moindre valeur rationnelle, c'est-à-dire si l'on déclare qu'il ne saurait être question de parler de « raisonnement passionnel « il ne faut pas oublier que la vie psychologique est un tout et que la passion n'est pas une étrangère dans l'homme. Si la vie intellectuelle peut s'édifier, c'est à partir d'un donné vivant et confus où la passion joue évidemment un très grand rôle.  4. Le sujet ne doit pas être traité uniquement sur le plan psychologique ; l'histoire des sciences nous apprend en effet que les raisonnements que nous appelons à présent scientifiques (induction, déduction par exemple) se sont peu à peu dégagés de raisonnements plus grossiers, plus empiriques (pour n'en citer qu'un : le raisonnement par analogie).    PLAN    Préambule : Exemple de raisonnement passionnel (Hermione, Phèdre). Il comporte une contradiction évidente.    1re partie. — Le raisonnement passionnel a des caractères spécifiques.  1. Il identifie ce que nous distinguons, distingue ce que nous identifions. Il n'est pas logique ou mathématique.  2. Il n'est pas expérimental.  3. Il est dépourvu du pouvoir de généralisation.  4. Rapprochement avec les raisonnements prélogiques.    2e partie. — La passion comme connaissance confuse.  1. Analyse spinoziste et cartésienne de « les raisons que la raison ne connaît pas«.  2. Que la passion est une étape vers l'activité de l'esprit.  3. Utilité des raisonnements prélogiques. Le raisonnement par analogie.  Conclusion : La réforme de l'entendement et la libération des passions.  Etude scientifique des passions.

« ;et même s'il l'était il lui est difficile d'assurer qu'elle l'aimerait encore dans cette hypothèse.

De toutes façons cetype de raisonnement hypothétique mérite-t-il le nom de raisonnement ?Enfin le raisonnement passionnel, dans les cas pathologiques comme l'a montré la psychanalyse ne peut jamais êtredétaché du contexte du malade.

C'est le raisonnement qui correspond à son histoire et en conséquence jamais lesconclusions auxquelles il aboutit ne seront susceptibles de généralisation.C'est pourquoi, la conversation d'un passionné est surprenante pour un homme qui ne partage pas sa passion.

Oncroit parler avec un être qui vous ressemble et brusquement une phrase révèle un monde particulier auquel on n'apoint accès.

Homère raconte que les vieillards qui se promenaient sur les murs de Troie, en voyant passer Hélène quiétait, dit-on, assez jolie, pensaient que la guerre de Troie était une guerre juste ou du moins justifiée et que celavalait la peine de mourir pour elle.

Ce raisonnement nous paraît singulier peut-être parce que nous ne connaissonspas Hélène.Ce raisonnement passionnel rappelle sur beaucoup de points les raisonnements « prélogiques » dont nous parle lasociologie et les raisonnements enfantins qu'étudient les pédiatres.

En effet, le primitif aussi identifie ce que nousdistinguons et distingue ce que nous confondons.

Or, ce que nous appelons aujourd'hui raisonnement est fortéloigné du type de raisonnement prélogique.

En conséquence, l'expression « raisonnement passionnel » n'est-ellepas une contradiction dans les termes ? Pourtant le langage commun continue à considérer la réflexion du passionné comme un raisonnement eteffectivement elle s'accompagne d'un appareil rationnel qui peut impressionner.

Mais s'agit-il seulement d'un hasard?Toute une tradition philosophique, issue en grande partie de Descartes et de Spinoza, a présenté les sentiments etles passions comme des idées confuses : « Aimer, vouloir, percevoir, sentir, c'est toujours penser ».

L'esclavage dela passion c'est celui de l'ignorance.

L'ennui, avec la passion c'est qu'elle distingue mal son objet et se trompe surles moyens de l'obtenir.

L'esprit dans la passion est passif; c'est pour cela qu'il est esclave.

Pour se libérer, il luisuffit de rendre ses idées claires.La tradition romanesque française d'ailleurs a abondé dans le même sens.

Les romanciers du XVIIe au XIXe sièclesont décrit le rôle que jouent les infiniments petits, les pensées obscures dans l'élaboration des passions.Dans une perspective semblable la guérison de la passion sera le résultat d'une analyse de ses éléments opérés surle plan purement intellectuel.

En fait il ne s'agit là que d'une solution fictive.

Le passionné qui s'analyse parvient àune connaissance qu'il croit exhaustive de sa passion, mais il n'en a point la maîtrise et ne souhaite point l'avoir.

Lapsychanalyse représente un progrès thérapeutique par rapport au traité des passions de Descartes parce quel'analyse n'est plus seulement intellectuelle à cause de la présence du médecin comme catalyseur maiss'accompagne d'un « déconditionnement » qui rend au malade l'empire sur lui-même.N'acceptons pas le postulat métaphysique suivant lequel la passion est de nature intellectuelle.

Tout ce que nouspouvons dire, c'est que la passion est profondément naturelle chez l'homme.

Il ne servirait à rien d'imaginer unhomme qui serait sans passion.

«Autant vaudrait l'imaginer, comme dit Voltaire, avec quatre pieds et deux ailes.

»Le problème n'est donc pas de supprimer les passions mais de les orienter correctement, de les adapter au inonderéel.

Le raisonnement passionnel, est une étape vers l'activité, vers le raisonnement tout court.On peut se moquer à présent des raisonnements prélogiques ou des erreurs de jugement chez l'enfant, il n'en restepas moins que sans ces erreurs et sans ces aberrations logiques comme l'a démontré la sociologie, notreraisonnement n'aurait pas cette clarté et cette distinction qui caractérisent les constructions de notre science.La division hétérogène du camp sacré est à l'origine de notre notion d'espace, la répartition mystique et arbitrairedes faits dans le calendrier de ta tribu est à l'origine du concept du temps.

D'ailleurs, il suffit de considérer le rôlequ'a joué et que joue encore le raisonnement par analogie où se mêlent inextricablement l'induction et la déduction.Ce type de raisonnement a malgré tout joué son rôle dans l'histoire de la science, il a rendu notre action plusefficace et mérite d'être considéré comme un raisonnement. Compte tenu de l'état actuel de la science et du progrès des recherches méthodologiques, il est certain que nousserions tentés d'avoir un certain mépris pour les raisonnements de la passion et même de leur refuser tout caractèrerationnel.Mais il ne faut pas oublier que la vie psychologique est un tout.

La science s'édifie à partir des besoins de l'hommeet des passions qui en résultent.

Aussi nous devons éviter d'être méprisants à l'égard des passions et desraisonnements qu'elles élaborent.

L'histoire de la science nous apprend que c'est à partir de raisonnementsempiriques peu cohérents ou hasardeux que la méthode scientifique s'est peu à peu précisée.

De même qui pourraitdire d'un homme passionné qu'il ne parviendra pas à une maîtrise de sa passion et de lui-même ? Il faut faireconfiance à l'homme.. »

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