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Peut-on rendre compatible les exigences de la liberté avec celles de l'égalité ?

Publié le 10/12/2009

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La devise de la République française est bien connue : « Liberté, Egalité, Fraternité «. Toutefois, il semble aisé de proclamer de telles valeurs sans même les définir au préalable. L’association de liberté et en même temps d’égalité est-elle seulement concevable ? La liberté est une notion vaste dans la mesure où son effectivité dépend du domaine considéré. Au sens courant, la liberté exige l’absence de toute contrainte ; c’est pouvoir faire ce que l’on veut, sans que qui que ce soit nous en empêche. Cependant, la liberté est une notion qui peut se présenter sous forme de différentes strates : il faut distinguer la liberté de fait et la liberté de droit. La liberté de fait est elle-même constituée de la liberté de pouvoir et de la liberté de vouloir. La liberté de pouvoir c’est avoir les moyens de faire ce que l’on veut ; en ce sens il y a donc autant de libertés que de moyens pour vivre.

« projet dans son œuvre Du Contrat Social : « chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous et la condition étant égale pour tous, nul n'a intérêt à la rendre onéreuse aux autres.

» Chacun acquiert donc le mêmedroit que celui qu'il cède à son voisin.

Le contrat social repose dans son principe sur l'idée que la liberté civile estreçue par tous de la loi ; pour que la société soit juste, il faut que cette liberté et les droits et devoirs qui lui sontliés soient également répartis parmi tous les citoyens.

L'égalité des droits constitue ainsi le principe de la justice,symbolisé par les plateaux d'une balance en parfait équilibre.

Le juge s'efforce de rétablir l'égalité, de compenser lesfaiblesses des uns pour les protéger des plus puissants.

Celui que a été frappé et celui qui a frappé sont inégaux, lajustice ôte donc à celui qui a frappé le profit qu'il en a tiré en le punissant, afin de rétablir l'égalité.

Mais comment être certain que la loi exprime bien l'intérêt général et non celui d'une classe particulière voulantdominer les autres ? En abolissant les différences, na passion de l'égalité ne risque-t-elle pas d'aboutir à uneuniformisation unilatérale des individus qui porterait préjudice à la liberté ? La loi est faite par des individus, des citoyens, qui représentent une majorité de la population votante. En effet, l'opinion majoritaire définit la loi.

Si cette majorité représente la part des individus les plus faibles, ilsmettront en place des lois qui seront à l'image de leur intérêt personnel, c'est-à-dire des lois qui leur permettront dese protéger des plus puissants par nature.

En ce sens, égaliser les conditions signifie brider les énergies des plusfougueux, abolir l'initiative individuelle.

Ainsi, puisque les plus faibles font passer leurs valeurs pour des valeursabsolues, la société va stagner, car tous les individus seront réduits au même niveau, étant donné que la loi lesempêche d'exploiter leurs connaissances sous prétexte qu'elles sont supérieures à celles des autres et les individusseraient inégaux s'ils exploiteraient leurs connaissances.

L'égalisation des individus peut donc les empêcher de faireévoluer la société en ceci qu'elle bride les énergies de certains individus.La forme pervertie de l'égalité des droits, c'est-à-dire l'égalitarisme, induit ainsi une uniformisation des individus.Chacun devient interchangeable et finit par s'assoupir, perdant tout sens du devoir et de l'initiative qui pourraitl'élever au-dessus du rang commun.

C'est l'usage de la liberté lui-même qui est mis en péril.

Alexis de Tocquevillepose le problème d la compatibilité de l'égalité et de la liberté dans son œuvre De la Démocratie en Amérique ; il observe avec stupéfaction la progression de « l'égalité des conditions » en Amérique.

Il s'agit d'un triple processusdynamique : une égalité politique qui se traduit par l'exercice d'un contrôle social formel, une égalité des chancesqui rend possible la mobilité sociale et une égalité des considérations qui conduit les individus démocratiques à sevoir égaux.

Ce peuple a un tel amour pour l'égalité, que Tocqueville se demande alors si cette amour ne va pasdétruire la liberté : « les peuples démocratiques ont pour l'égalité une passion ardente, insatiable, éternelle,invincible ; ils veulent l'égalité dans la liberté, et, s'ils ne peuvent l'obtenir, ils la veulent dans l'esclavage.

» L'égalitéfinit par uniformiser les individus et ainsi par détruire leur liberté.

En effet, par le biais de l'extension de l'égalité desconditions, la démocratie permet l'émergence d'une vaste classe moyenne qui se caractérise par le goût du bien-être matériel.

Les individus se repli sur leur sphère privée, deviennent matérialiste et individualiste, en négligeant ledébat public.

Tocqueville dénonce une telle mollesse sous la forme du « despotisme démocratique » : « je vois unefoule innombrable d'hommes semblables et égaux […] chacun d'eux, retiré à l'écart est comme étranger à la destinéede tous les autres […] les esprits les plus vigoureux ne seraient se faire jour sans dépasser la foule ».

Les individussont prêts à s'en remettre à un Etat « immense et titulaire » afin de conserver leur bien-être matériel.

L'égalitarismepouvait provenir, à l'origine, d'une intention louable, mais il finit par dégénérer en laisser-aller : on délègue à autruisa liberté, dès l'instant que l'on conserve ses petits privilèges et son patrimoine.L'égalitarisme est ainsi une des conditions du totalitarisme : le projet de maîtrise et d'uniformisation du systèmetotalitaire abolit l'hétérogénéité sociale.

Les modes de vie, les pensées, les croyances, les droits doivent être lesm^mes.

Ainsi, à trop valoriser l'égalité, on finit par nier toute forme de liberté : l'égalitarisme devient m^me unedoctrine meurtrière.

A titre d'illustration, si l'on regarde où ont mené les idéologies égalitaristes dans leursdifférentes déclinaisons, nationale-socialistes et communistes, on s'aperçoit qu'elles ont effectivement toutes mené,d'une manière ou d'une autre, à la mise en place de machines à tuer.

Pour égaliser les individus, on supprime ceuxqui ne « rentre pas dans le moule ».Est-il possible de concilier l'égalité des droits citoyens et la préservation des différences entre les individus, c'est-à-dire une liberté authentique ? Afin de conditionner la liberté, l'égalité doit préserver les différences.

On a vu que la notion de justice. »

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