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Peut-on reprocher à la philosophie d'être inutile ?

Publié le 17/01/2022

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philosophie
La science obtient des résultats. La philosophie n'est qu'un éternel discours qui n'aboutit à rien sinon à des chimères. Elle n'a donc aucune utilité. Elle n'est qu'un jeu vain de l'esprit. MAIS, la philosophie produit des idées et du sens. C'est pourquoi il est impossible de lui reprocher d'être inutile et vaine. Avec la science et l'art, elle témoigne au génie de l'homme.
Est-il légitime de faire grief à la philosophie ( recherche de la sagesse ) de ne servir à rien ? La question s'autodétruit d'elle-même, car la philosophie apprend à vivre et à mourir.  La philosophie est d'abord exercice spirituel et sagesse. Montrez bien, en vous appuyant sur des exemples (stoïcisme, épicurisme, etc.) qu'elle n'est pas d'abord spéculative. Par conséquent, comment lui reprocher d'être inutile ?
  • [La philosophie n'a aucune influence sur la réalité. Elle pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses.Elle est donc inutile.]
  1. Philosophie et ignorance
  2. La philosophie est un "champ de bataille" (Kant) où personne n'arrive à se mettre d'accord d'où son inutilité
  3. Science contre philosophie
  • [La philosophie est une quête de sens. Elle éclaire les finalités de l'existence humaine. Elle a une utilité majeure dans notre culture.]
  1. La philosophie est créatrice de sens
  2. Le retour sur soi de la pensée
  3. Une interrogation sur les fins
 


philosophie

« philosophes, prétendait n'enseigner aucun savoir, mais faire réfléchir ses auditeurs.

Par exemple, Socrate demande àMénon : « Qu'est-ce que la vertu ? » Et Ménon répond que « la vertu consiste à savoir commander aux hommes ».Socrate lui fait alors observer qu'un enfant et un esclave peuvent être vertueux et qu'il ne leur appartient pourtantpas de commander.

Ménon se trouble alors et cherche une autre définition.

On le voit, Socrate ne transmet àMénon aucun savoir ; il se contente de poser des questions.

Ménon ne reçoit pas un enseignement, il réfléchit à cequ'il savait déjà.

Grâce à Socrate, il met en question son propre savoir, il fait de la philosophie.

Ménon (à Socrate qui lui demande : « Qu'est-ce que la vertu? »).

— Mais, Socrate, il n'y a pas de difficultépour moi à parler.

En premier lieu, si c'est la vertu de l'homme que tu souhaites, il est aisé de dire que ceciconstitue la vertu d'un homme : être ce qu'il faut être pour gérer les affaires de l'État, et, dans cette gestion,faire le bien de ses amis et le mal de ses ennemis, en se gardant soi-même d'avoir, en rien, pareil mal à subir.Souhaites-tu la vertu d'une femme? Il n'est pas difficile d'expliquer que cette dernière a le devoir de bienadministrer la maison, en veillant à l'entretien de ce que renferme la maison, en étant docile aux instructions deson mari.

De plus autre est la vertu de l'enfant selon que c'est un garçon ou une fille, autre celle d'un hommeplus âgé, d'un homme libre, d'un esclave.

Comme il existe une prodigieuse quantité d'autres vertus, on n'estpas embarrassé, au sujet de la vertu pour dire en quoi elle consiste.

(...).Socrate.

— Ah ! quelle bonne fortune extraordinaire c'est pour moi, semble-t-il, si étant en quête d'une uniquevertu, j'ai trouvé, placé sous ta main, un essaim de vertus.

Et pourtant, Ménon, si je t'interrogeais, pour garderl'image de l'essaim, sur ce que peut bien être la nature d'une abeille et que tu m'eusses dit que des abeilles, il yen a de beaucoup de sortes, que me répondrais-tu si je te demandais : « Prétends-tu que ce soit du fait mêmed'être des abeilles qu'elles sont de beaucoup de sortes et différentes les unes des autres? Ou bien que, par cefait même, elles ne diffèrent nullement, mais par quelque autre caractère, ainsi par leur beauté ou par leurgrosseur, ou par quelque autre caractère du même genre ? » Dis-moi, que répondrais-tu interrogé de la sorte?Mén.

— Ce que je répondrais, moi ? c'est qu'elles ne diffèrent en rien l'une de l'autre, en tant qu'elles sont desabeilles !Socr.

— Mais si, après cela, je te disais : « C'est donc, Ménon, de cette seule chose que je te demande deparler : ce en quoi elles ne diffèrent nullement, mais sont, toutes, sans exception, la même chose, qu'est-ceque c'est d'après toi? » sans doute serais-tu à même de me faire une réponse.Mén.

— Oui, ma foi !Socr.

— C'est précisément ainsi qu'il en est également au sujet des vertus ! Quand bien même elles seraient debeaucoup de sortes, toutes sans exception possèdent du moins un certain caractère identique, qui est unique,par lequel elles sont des vertus et vers lequel aura tourné son regard celui qui, en réponse à la question qu'onlui a posée, est, je pense, convenablement en état de faire voir quelle peut bien être la réalité de la vertu. Cette page, située au début du dialogue, présente les tâtonnements du vulgaire face à l'exigencephilosophique.

Alors que Socrate cherche à définir les caractères essentiels de la vertu, que l'on retrouve entous les exemples d'actes vertueux, Ménon se perd dans l'accumulation d'exemples.

Facilement content de lui-même, il croit que l'abondance d'exemples est signe de la pertinence de sa réponse : son ton est méprisant ; larecherche est facile, dit-il, parce que la question est trop simple ; le philosophe est celui qui cherche desdifficultés là où, de toute évidence, il n'y en a pas ! ?En réalité, Socrate, fidèle à sa méthode, va introduire le doute chez son interlocuteur par le moyen de l'ironie :en feignant de le complimenter (« quelle bonne fortune extraordinaire...

»), il va l'amener à s'apercevoir qu'il nesait pas ce qu'il croyait savoir, que la simplicité apparente recèle une question plus délicate : au-delà de lapluralité des exemples, comment saisir ce qui les unit ; comment comprendre que, dans leur diversité, ils soientprécisément les exemples d'une seule et même idée? La quête philosophique s'efforce de remonter de lamultiplicité des exemples à l'unicité de l'idée, de la pluralité des effets à l'unicité de la cause, en un mot, despréjugés au vrai savoir.Curieusement, Socrate parle de l'idée comme s'il s'agissait d'un être : « par lequel elles sont des vertus et verslequel aura tourné son regard...

».

Il semble ici que ce qui est visé par la recherche du philosophe ne soit passeulement le sens des mots : la philosophie n'est pas un jeu de mots...

ni même un jeu sur les mots! Le butn'est pas de savoir ce que, dans une culture donnée, on entend par le mot vertu ; plus fondamentalement, ils'agit de connaître la cause pour laquelle des actes aussi différents que celui de l'homme, de la femme, ou del'enfant ont les mêmes qualités : de même que les abeilles ont en commun des caractères constitutifsidentiques par leur espèce commune, de même les actes moralement bons doivent avoir une structureessentielle, objectivement identique : ainsi, l'idée que nous avons à l'esprit n'est que la formulation d'unecommunauté de nature que nous n'avons pas inventée — et qui existerait même si nous l'ignorions.La recherche philosophique peut ainsi être pensée comme une réelle « conversion » : il s'agit de sortir de sesimpressions premières, des fausses évidences offertes par la profusion des exemples pour « tourner son regard» vers la réalité.

Ainsi, retrouve-t-on ici l'itinéraire célèbre que Socrate présente dans l'allégorie de la caverne(Platon, La République, livre VII) : le prisonnier qui, au fond de la caverne, ne voit que des ombres, estcomparable à Ménon, au début de cette page : les choses vont de soi, la question philosophique n'a pas lieude se poser...

en réalité, le désir de connaître la vérité n'a pas pu naître faute d'avoir pris conscience del'ignorance.

L'ironie de Socrate joue le rôle de la contrainte que l'on exerce sur le prisonnier pour le libérer «malgré lui » : Ménon, comme le prisonnier, est amené à faire l'effort de dépasser son habitude intellectuelle.

Ilva être ainsi conduit à découvrir une vérité au-delà des impressions sensibles.La philosophie suppose ainsi un changement de point de vue : les exemples concrets ne donnent pas lieu, pareux-mêmes, à de véritables connaissances ; il faut savoir discerner par la parole (dialexis) l'idée qui en fait. »

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