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Peut-on se mettre à la place d'autrui ?

Publié le 18/04/2004

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Elle n'est pas être une boite fermée mais au contraire, pour reprendre la métaphore de Sartre (interprétant Heidegger) l'ouverture d'une fenêtre sur le monde. Cette perspective nous offre peut-être la possibilité de pénétrer dans la conscience d'autrui. Il faut donc se demander en quoi consiste précisément cette ouverture au monde. L'homme ou, en termes heideggériens, le dasein (l'être-là) possède la structure de l'être-au-monde. La conscience relève, dans cette structure d' « être-au-monde «, du « -au- «, c'est-à-dire de la relation qui existe entre le dasein et le monde. Cette relation, comme nous l'avons dit est une ouverture. Comment nous ouvrons-nous au monde ? L'ouverture du dasein au monde est décrite en terme de compréhension par Heidegger.    Par conséquent, même si la conscience est ce qui individualise l'individu et donc ne appartiendra jamais, nous pouvons espérer pouvoir coïncider avec une conscience étrangère en nous rapportant au monde de la même manière qu'autrui s'y rapporte, c'est-à-dire, en le comprenant de la même manière, dans une sorte d'imitation de la conscience.     II - Peut-on se rapporter au monde comme autrui le fait ?

 

Toujours dissuasive, la première rencontre de l’autre n’est pas sans laisser quelques problèmes : quelle attitude adoptée à son encontre ? Que veut-il de moi ? Est-il mon ennemi ou mon ami ? Est-ce que je peux prétendre le comprendre comme je me connais moi-même ?  Mais plus fondamentalement : qu’est-ce qui se cache derrière celui qui n’est pas moi ? Mais dois-je le reconnaître, cet autre est mon semblable ,  cet autre qui est tout à la fois différent, mais pour lequel j’ai une certaine estime et donc qui ne m’est pas indifférent. Mais que penser de l’autre si j’ai déjà du mal à me penser moi-même ? Autrement dit peut-on se mettre à la place de l’autre ?  

 

Nous envisagerons le problème sous diverses angles :

 

1 Les difficultés de la conscience individuelle, c’est-à-dire du Moi à se mettre à la place de l’autre.

2 Nous pouvons nous mettre à sa place lorsqu’il partage avec nous des sentiments en commun, mais jusqu’à quels points ? 

3 La nécessité de se mettre à la place de l’autre puisque nous partageons un monde en commun 

 

« d'imiter le processus. Référence : Heidegger, Être et temps ( §15 : L'être de l'étant qui fait encontre dans le monde ambiant. ) « Les Grecs avaient, pour parler des « choses », un terme approprié pragmata , c'est-à-dire ce à quoi l'on a affaire dans l'usage de la préoccupation ( praxiV ).

Cependant, ils laissèrent justement dans l'obscurité le caractère ontologique spécifiquement « pragmatique » des pragmata et déterminèrent « d'abord » ceux-ci comme « simples choses ».

L'étant qui fait encontre dans la préoccupation, nous l'appelons l' outil .

Ce que l'on trouve dans l'usage, ce sont des outils pour écrire, pour coudre, pour effectuer un travail manuel, pour se déplacer, pour mesurer.

Le moded'être de l'outil doit être dégagé.

Ce que nous ferons en prenant pour fil conducteur une délimitation préalable de cequi fait d'un outil un outil, l'ustensilité. Un outil, en toute rigueur cela n'existe pas.

A l'être de l'outil appartient toujours un complexe d'outils au sein duquel il peut être cet outil qu'il est.

L'outil est essentiellement « quelque chose pour...

».

Les diverses guises du« pour...

» comme le service, l'utilité, l'employabilité ou la maniabilité constituent une totalité d'outils.

Dans lastructure du « pour...

» est contenu un renvoi de quelque chose à quelque chose.

Le phénomène indiqué par ce terme ne pourra être manifesté en sa genèse ontologique qu'au cours des analyses qui suivent.

Provisoirement, ilconvient de porter phénoménalement sous le regard une multiplicité de renvois.

L'outil, conformément à sonustensilité, est toujours par son appartenance à un autre outil : l'écritoire, la plume, l'encre, le papier, le sous-main, la table, la lampe, les meubles, les fenêtres, les portes, la chambre.

Ces « choses » ne commencent pas par semontrer pour elles-mêmes, pour constituer ensuite une somme de réalité propre à remplir une chambre.

Ce qui faitde prime abord encontre, sans être saisi thématiquement, c'est la chambre, et encore celle-ci n'est-elle pas nonplus l'« intervalle de quatre murs » dans un sens spatial géométrique — mais un outil d'habitation.

C'est à partir delui que se montre l'« aménagement », et c'est en celui-ci qu'apparaît à chaque fois tel outil « singulier ».

Avant tel ou tel outil, une totalité d'outils est à chaque fois déjà découverte.

» Lorsque notre conscience se rapporte au monde, elle se rapporte à des « choses » que nous comprenons toujourssous l'angle de leur ustensilité (cf.

texte), c'est-à-dire, de ce à quoi elles servent, ou encore leur fonction. Si donc notre conscience attribue à une « chose » la même fonction que celle qu'une conscience étrangère auraitattribuée à cette même « chose », alors nous pouvons dire que nos compréhensions de cette « chose » estidentique.

Dans ce cas, nos consciences ont bien coïncidé.

Nous pouvons donc nous mettre à la place d'un autre. Mais justement il semble que des consciences différentes n'attribuent pas la même fonction à un même objet : parexemple, un masque africain à une fonction rituelle en Afrique, et la fonction d'oeuvre d'art dans un muséeeuropéen.

La coïncidence des consciences n'est donc pas assurée.

Pour qu'elle soit possible, il faudrait que noussachions quelle fonction autrui va attribuer à l'objet, en fonction de sa culture, son éducation, etc. III – Comprendre autrui pour se mettre à sa place : Pour comprendre complètement autrui, il faudrait, comme nous l'avons dit, connaître son milieu socioculturel,l'éducation qu'il a reçu, etc., c'est-à-dire, connaître l'ensemble des préjugés à partir desquels il va attribuer, en serapportant au monde, telle fonction à telle chose.

Il faudrait donc, pour comprendre parfaitement autrui, préalablenécessaire à une coïncidence des consciences, connaître toute son histoire. Référence : Hans-Georg Gadamer, Vérité et méthode « La naïveté de ce qu'on appelle historicisme consiste à se dérober à une telle réflexion et, en se fiant à laméthodologie de sa démarche, à oublier sa propre historicité.

Il faut en appeler ici d'une pensée historique malcomprise à une autre qu'il reste à mieux comprendre.

Une pensée vraiment historique doit inclure sa proprehistoricité.

A cette seule condition, elle cessera de poursuivre le fantôme d'un objet historique – objet d'unerecherche en progrès – pour discerner dans l'objet l'autre que ce qui nous est propre et par là apprendre àreconnaître aussi bien l'un que l'autre.

Le véritable objet de l'histoire n'est pas un objet, mais l'unité de cet « un » etde cet « autre », relation en laquelle consiste la réalité de l'histoire autant que celle de la compréhensionhistorique.

» Pour comprendre les préjugés d'autrui, constitués par son histoire, il faudrait soi-même pouvoir ne pas juger autrui àpartir de préjugés.

Or, comme le montre Gadamer, il est naïf de penser que l'on peut suspendre ses proprespréjugés : cela reviendrait à s'extraire de l'histoire et la regarder du dessus dans être soi-même historique, ce quiest impossible.

« Comprendre c'est toujours comprendre autrement » écrira Gadamer. Conclusion : Ainsi, nous avons avec Gadamer mis en évidence la distance irréductible qui existe entre deux consciences.

Cettebarrière est celle de nos préjugés, dont nous ne pouvons jamais nous débarrasser puisqu'ils se sont constitué toutau long de notre histoire et continuent à se constituer.

Il est donc absolument impossible de comprendre. »

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