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Peut-on se mettre d'accord sur ce qui est beau ?

Publié le 06/01/2005

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Ainsi l'homme dans ce stade vit dans l'immédiateté, et a pour règle, tel Don Juan : « il faut jouir de la vie ». Ainsi cette vie hédoniste (relative au plaisir) individuelle montre le côté toujours inachevé d'un plaisir qui se nourrit seulement des objets extérieurs qui lui parviennent, sans réflexion sur un plaisir commun. Ce centrement sur soi amènera vite au désespoir du sujet.   III. Le beau se suffit à lui-même.                           a. L'avis d'un public de l'art, même averti, ne saurait influer sur l'idée de ce qui est beau. En effet l'oeuvre d'art parle d'elle-même, et ce à tel point que l'artiste qui l'a produite en est effacé. La nature aussi est l'expression d'une beauté originelle, comme le dira le poète Hölderlin. Il n'est pas besoin de définir le beau puisqu'il est toujours là devant soi, et qu'il n'a pas de règle.

« L'art égyptien ne vise pas à flatter de façon sophistique le point de vue du spectateur.

Ce n'est pas l'homme qui estla mesure des choses représentées, mais ce sont les choses mêmes.

L'artiste égyptien s'efforce de s'identifier avecles figures peintes ou sculptées qui sont représentées dans une proximité sans distance.

Il ne cherche pas à rendrele naturel, l'apparence de la vie et du mouvement, le relief pictural, ce que les Grecs appelaient skiagraphia (c'est-à-dire dessein ou peinture avec ombres) ou bien le modelé, la perspective.

L'artiste égyptien néglige cette donnéeélémentaire de la perception qui fait qu'un corps est toujours vu d'un certain point de vue.

Aussi n'introduit-ilaucune déformation, aucun raccourci.

Les corps sont présentés au repos, trônant dans une immobilité auguste etéternelle.

Ils sont soumis à une loi de symétrie invariable, étant le plus souvent rigoureusement divisés en deux parties égales par une ligne idéale partant du front et aboutissant à l'entre-jambe.

Les poses, car il n'y a pasvéritablement de mouvement, sont limitées et figées.

Ce sont des attitudes, stéréotypées, mécaniques, quin'affectent pas l'ensemble du corps.

Les figures sont vues soit totalement de face, soit totalement de profil, ou biend'une façon combinée, tout à fait antiréaliste, par exemple la tête et les jambes de profil, la poitrine et les bras deface.

L'artiste égyptien obéissait à des canons très stricts, déterminant par exemple la longueur des différentesparties du corps humain, et il travaillait à partir d'une division préalable de l'ensemble de la surface à peindre encarrés d'égale dimension.

Cette mise en carrés était également pratiquée pour la sculpture.

Le caractèregéométrique de ce procédé était si précis que l'on a pu supposer que deux artistes travaillant chacun de leur côtésur une moitié d'une statue aboutiraient à une statue parfaitement symétrique. La fonction de la statue égyptienne n'est pas de représenter une individualité mais de présenter son essenceintemporelle.

L'art égyptien est en effet lié à la croyance religieuse en la survie d'un double du corps, le « ka ».

Ce double pouvait résider dans une statue du défunt jusqu'à sa réincarnation éventuelle.Davantage que l'art grec, l'art égyptien est un art profondément religieux, art qui confirme le point de vue de Hegel selon lequel: « C'est la vérité divine que l'art offre à la contemplation intuitive et au sentiment, et c'est cette vérité qui constitue le centre du monde de l'art tout entier [...

] » Ce qui, soit dit en passant, permet de comprendre que de la mort des dieux devra résulter la mort de l'art en général.

Comme le dit Panofsky , l'art égyptien n'est pas imitation, mais reconstruction.

Puisque c'est l'eïdos du défunt qui est mystiquement reconstitué, tout réalisme, toutsouci du détail serait superflu.

Ce sont les attributs essentiels et immortels d'un grand personnage qu'il s'agit derendre présents ; et par rapport à cette exaltation de l'éternel, le plaisir du spectateur est absolument négligeable.À la différence des canons immuables qui régissent dans l'art égyptien la figuration du corps humain, les canons misen œuvre dans l'art grec ont considérablement évolué.

Ils devaient concilier trois exigences, celle, géométrique etnormative, des proportions idéales du corps ou encore celle de l'harmonie des parties entre elles, et vis-à-vis dutout; celle ensuite du réalisme, c'est-à-dire d'une fidélité relative à l'individuel, et aux variations anatomiquesempiriques; celle enfin esthétique de la satisfaction visuelle du spectateur.

Par rapport à l'exigence initialementnormative qui fut celle d'un Polyclète , qui cherchait une beauté pure et quasi mathématique, ce fut le réalisme et même le naturalisme qui finirent par l'emporter.

L'art de l'apparence illusoire l'emportait sur l'art de la copie.

Pourtantla « mimèsis » des apparences resta longtemps tempérée par la recherche d'un modèle idéal, troisième voie que Platon n'avait pas imaginée.

Plus tard, dans l'art hellénistique, le réalisme, le sentimentalisme, la sophistique du trompe-l'oeil éclipsèrent la recherche d'une beauté en soi au profit du seul mimétisme, à la façon de Zeuxis .

Il apparaît rétrospectivement que l'attitude réactionnaire de Platon s'explique par le pressentiment d'une décadence toute proche.

c.

Nietzsche posera aussi une antinomie entre l'art et la vérité.

Mais Nietzsche renverse la conception de Platon puisqu'il croit plus en l'art qu'en la vérité.

La réalité est multiple et contradictoire, et seul l'art est capable demontrer les multiples facettes de la réalité.

A la différence des sciences, de la philosophie, qui veulent à tout prixsimplifier le monde en posant des essences (telle l'Idée de Beau chez Platon) pour toutes choses.

Ainsi avecNietzsche le perspectivisme reprend ses droits et chacun selon son point de vue à la possibilité, sans faire obstacle à quelques règles imposées, d'avoir son avis sur le beau.

L'accord sur le beau n'est que l'illusion, lefantasme des philosophes.

II.

Le beau relève du plaisir.. »

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