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Peut-on se passionner pour la vérité ?

Publié le 20/03/2005

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■ Mots clés • peut-on : interroge sur la capacité, la possibilité de faire ou de ne pas faire quelque chose, d'être ou de ne pas être (cf. « Conseils pour la dissertation «). • se passionner : avoir un intérêt très vif, excessif pour quelque chose ou quelqu'un. C'est s'attacher, s'éprendre. Le passionné porte un intérêt exclusif à l'objet de sa passion. On oppose généralement la passion, domaine de l'émotion, à la raison, faculté de calculer, de bien juger, d'analyser, de maîtriser. • vérité : s'oppose à mensonge et à erreur selon que l'on se place d'un point de vue moral ou scientifique. Mais que ce soit une vérité logique en conformité avec la cohérence interne de la pensée (ex. : la vérité d'un principe), ou une vérité subjective, telle la foi, on associe généralement vérité et réalité. Le problème de la vérité est ainsi celui du rapport entre la pensée et la réalité. ■ Problématique La passion aveugle la raison. Il semble donc paradoxal de se passionner pour ce qui est contraire à la vérité rationnelle. On peut alors se demander dans quelle mesure la vérité, qui appelle l'exercice de la raison, peut être objet de passion.

« Il apparaît donc que la recherche du vrai non seulement ne peut pas être un élan passionnel mais consiste en uncombat permanent contre tout lien passionnel, tout attachement non motivé à un quelconque objet de pensée.

Setourner vers le vrai, c'est se détourner des croyances par lesquelles nos passions nous tiennent. 2.

La recherche de la vérité est une passion parmi d'autres A.

Le désir de raison est une passion Mais quel est le statut exact de ce désir au second degré, négatif, qui s'attaque aux désirs en leur opposant la priseen compte rationnelle de la réalité ? Pourquoi soumet-on ses désirs à la réalité ? Pourquoi vouloir sortir du rêve pourprendre en compte, par le discours, l'ordre des choses ? Pour nous adapter et survivre, dira-t-on ? Mais lareconnaissance de cette nécessité vitale, très réelle en effet, suppose déjà la capacité à prendre en considérationla réalité et ne saurait donc l'expliquer.

Il faut donc admettre que le désir de raison n'est pas lui-même motivérationnellement.

Il est subi, c'est une passion.

Comment ce désir s'y prend-il pour contrecarrer les illusions del'imagination désirante ? B.

La passion du vrai est métaphysique C'est le postulat de l'existence d'une réalité transcendante (c'est-à-dire dépassant notre esprit) qui paraît ouvrirl'espace de la recherche de vérité.

Mais ce réel en soi, au-delà de notre esprit, qu'on peut qualifier de métaphysique(au-delà des apparences), n'est-il pas une fiction, une construction imaginaire ? Qui peut le connaître ? Pardéfinition, pas l'intelligence humaine.

Seul l'entendement divin serait capable de l'appréhender.

Autrement dit, vouloiratteindre cette vérité métaphysique, c'est rivaliser avec Dieu.

N'est-ce pas là l'expression d'un désir, d'un fantasmede toute-puissance ? Si la passion de la raison pour le vrai pose le sujet dans un rapport critique à lui-même, n'est-ce pas dans l'espoir d'un dépassement de soi qui rapprocherait le sujet du point de vue divin ?La vérité, avons-nous dit, ne se gagne que contre l'illusion engendrée par les passions.

Toutefois, c'est une passionqui anime cette quête de vérité.

Le désir du vrai est donc en réalité passionnel.

La passion de s'opposer auxpassions demeure une passion.

La vérité serait donc un leurre (métaphysique), au même titre que les autres objetspassionnels, à moins que l'on puisse proposer une autre manière de penser la vérité. 3.

La vérité comme production rationnelle A.

Redéfinition du concept de vérité Nous avons vu qu'au sens métaphysique du terme, la connaissance vraie consistait en une appréhension quasidivine de la réalité.

Mais en science comme en toute discipline rationnelle, un autre concept de vérité a cours : estjugé vrai tout énoncé qui, sous certaines conditions, logiques ou empiriques, s'avère nécessaire.

En ce sens, onpeut parler d'un théorème comme d'une vérité mathématique parce qu'il est rendu nécessaire par un certain nombred'axiomes.

Il existe aussi des vérités en physique concernant certains faits produits expérimentalement.

Dans cetteperspective, le vrai est pluriel : la Vérité n'existe pas, il n'y a que des vérités, toutes conclues, toutes relatives àdes systèmes de pensée et/ou des données d'observation déterminées. B.

La raison est au-delà du désir Le vrai se révèle donc toujours sur le mode d'une expérience contraignante de la pensée.

Je reconnais la vérité àl'impossibilité de penser contre elle, d'imaginer qu'elle soit différente (sous certaines conditions qui ne sont pasforcément explicites).

La mise en évidence de cette impossibilité constitue une véritable production intellectuelle(démonstration).

La vérité vient donc limiter mon désir et cela sans lui opposer un autre désir.

Le vrai se découvresans passion, par simple enchaînement des déductions.

La raison est capable d'imposer déductivement àl'intelligence des conclusions qu'elle doit finir par admettre même si elles contrarient de profonds désirs. Conclusion La vérité que l'on recherche, que l'on espère, à laquelle on se voue est toujours la vérité illusoire d'un désir.

Lavérité rationnelle, elle, se trouve sans qu'on l'ait cherchée et peut à ce titre entraîner une profonde criseintellectuelle.

Inattendue, parfois décevante, la vérité est, en tant que limite de notre pensée, toujours difficile àadmettre.

On peut se passionner pour l'idéal métaphysique de Vérité.

Mais sur le terrain du savoir, les vérités seproduisent sans passion par le jeu des signes et par la logique du discours.

Les vérités ne sont jamais que les effetspresque mécaniques de suites d'idées ou de calculs.. »

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