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Peut-on tout attendre de l'État?

Publié le 31/03/2014

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Mais, en tant qu'homme, il ne doit pas tout attendre de lui. Il doit

prendre des responsabilités politiques, morales, existentielles selon ce que sa raison

lui commande de faire. La raison d'État ne peut pas être la raison de toutes choses. Il

est donc nécessaire de dire que le citoyen doit s'attendre à tout de la part de l'État :

sa vigilance est à ce prix. Il doit penser la possibilité permanente de la raison d'État

comme le risque inhérent à tout pouvoir politique (et l'on sait avec Montesquieu que tout

homme qui possède du pouvoir " est porté à en abuser «).

« s'en occupe à sa place.

La politique ne concerne l'individu que dans la mesure où elle lui permet de " bien vivre ..

(Aristote) , c'est-à -dire de se réaliser en tant qu'indi­ vidu sur les plans du bonheur (vo1R FICHE 44), de l'existence et de la pensée.

C' est dans la mesure où l' État parvient ainsi à satisfaire les intérêts de tous qu'il est pos­ sible de tout attend re de lui.

2.

C 'est pour cela qu'il est également légitime de tout attendre de l'État.

En effet, il de­ mande à l'homme de quitter un état premier pour accéder à une forme d'existence plus haute : celle de citoyen, pourvu de droits (vo1R FICHE S 37 ET 38) et de devoirs (vo1R FICHE 40).

N'est - il pas légitime , dès lors, de considérer que le citoyen est dans une dette permanente à l'égard de l'État? Celui-d ne lui apprend-il pas que c'est à lui qu'il doit recourir pour régler ses différends ou ses conflits avec les autres membres de la société civile ? Ne lui doit-il pas tout ce qu'il est devenu ? En ce sens, l'État englobe même la sphère particulière, transcende la société civile pour lui donner la forme de l'universalité .

Seul il doit poser et réaliser des fins supérieures aux individus, auxquelles ceux-ci doivent se remettre pour être reconnus par lui et accéder ainsi à une forme d'existence nouvelle.

L'État est un pôle unificateur qui demande obéissance à ses membres ; en retour, il leur assure la réa lisation de fins communes : sécurité, liberté, justice, éducation .

Il détermine ainsi les conditions d'une vie bonne pour tous ses membres.

Si le citoyen peut exister comme citoyen, il le doit donc à l'État: aussi ne peut­ il qu'attendre de l'État qu'il réalise les conditions de son existence même et lui donne par là son sens essentiel : " le gouvernement ayant pris la place de la Providence, il est naturel que chacun l'invoque dans ses nécessités particulières " (Tocqueville) .

Le citoyen doit donc tout attendre de l'État parce qu'il doit tout à l'État.

Sans lui, il ne serait qu'un pauvre être perdu parmi la violence (vo1R ACHE 36) des hommes, incapable d'assurer sa propre vie.

L'État est un père protecteur, qui ne peut manquer de porter secours à ses enfants, mais qui doit pour cela s'assurer de leur obéissance.

• Transition N'est -ce pas, cependant, conférer à l'État un pouvoir (VOIR FICHE 37) sans limites et ainsi abolir l' individu lui- même? Placer l'État au-dessus des individus , ou concevoir que le citoyen n'a pas à s'intéresser à la vie publique, présente le danger de voir l'État s'emparer de la totalité de l'existence : de la totalité au totalitaire, il n'y a qu'un pas.

Si l' État est ainsi investi d' un pouvoir sans bornes, il ne peut manquer d'abu ­ ser du pouvoir qui lui est ainsi donné .

Mais, de son côté, l' homme n'est-il pas lui­ même responsable de cet état de fait ? En laissant à l'État le soin d'organiser l 'ensemble de son existence , en s'en remettant à lui seul pour déterminer les condi ­ tions de son existence et les fins qu'elle peut poursuivre, il l'autorise à tous les ex­ cès et s'expose lui-même à un sort funeste.

Il se met dans la condition d' un assisté qui, incapable d'user de ses droits et de ses libertés, demande à un État protecteur et paternaliste de le prendre pleinement en charge et de régler pour lui ce qu'il ne veut pas faire pour son bien.

N'est- il pas alors de son devoir de citoyen de ne pas tout attendre de l' État? • Tout pouvoir étatique est tyrannique dans son essence 1.

Il n'est pas possible que l'État réalise une quelconque totalité, parce que cela n'est pas propre à sa nature.

En tant qu'il incarne un pouvoir qui se veut supérieur et sou­ verain, l'homme ne peut attendre de lui qu'il se préoccupe véritablement de son sort.

Il est toujours au service de quelques-uns, qui assurent par là la pérennité de leur propre pouvoir.

Nietzsche parle ainsi de " plus froid des monstres froids '" dont le Corrigé des sujets du bac /178 ' ' 1 ' ' .

' ' ' ' t. »

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