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Peut-on triompher de la mort ?

Publié le 26/12/2005

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Toute une tradition philosophique s'est attachée à contrer ces effets sur l'homme, tradition commencée avec Epicure. Dans la « Lettre à Ménécée » celui-ci déclare : « Familiarise toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privation de cette dernière ». Nous avons donc la faculté de lutter contre la mort en acceptant l'idée qu'elle n'est rien, puisque nous ne pouvons avoir d'expérience de la mort, qui est privation de toute sensation. En ce sens, la mort n'existe pas pour nous : nous triomphons d'elle, dans la mesure où elle est un adversaire inexistant. Ce combat est gagné encore plus facilement par les animaux et les végétaux puisque, au même titre que les hommes, ils ne peuvent faire l'expérience de la mort ; mais aussi parce qu'ils ne peuvent pas avoir en d'idée. b.    La faculté d'indifférence radicale vis-à-vis de la mort Mais pour répudier la pensée de la mort (et donc annuler ses effets moraux sur nous) l'homme peut également se placer à un niveau supérieur à celui de l'existence sensible. C'est ce que fait Spinoza (dans « L'Ethique ») lorsqu'il affirme que l'homme libre ne pense jamais à la mort et que « sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie ».  Spinoza refuse la pensée de la mort car il refuse de se placer au niveau su sensible, de la passion et de l'imagination : l'exercice de l'entendement nous permet de nous placer au niveau de la Vérité, de l'Etre absolu où la mort n'a plus de sens. Ainsi, l'homme peut triompher de la mort en méditant sur la Vérité.

« La mort n'a pas que des effets sur notre organisation physique, mais aussisur nos représentations morales : elle provoque crainte, effroi etinquiétude.

Toute une tradition philosophique s'est attachée à contrer ceseffets sur l'homme, tradition commencée avec Epicure.

Dans la « Lettre àMénécée » celui-ci déclare : « Familiarise toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or,la mort est la privation de cette dernière ».

Nous avons donc la faculté de lutter contre la mort en acceptant l'idée qu'elle n'est rien, puisque nousne pouvons avoir d'expérience de la mort, qui est privation de toutesensation.

En ce sens, la mort n'existe pas pour nous : nous triomphonsd'elle, dans la mesure où elle est un adversaire inexistant.

Ce combat estgagné encore plus facilement par les animaux et les végétaux puisque, aumême titre que les hommes, ils ne peuvent faire l'expérience de la mort ;mais aussi parce qu'ils ne peuvent pas avoir en d'idée. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celledu platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pasune évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne enrien, puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout malrésident dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cettedernière." Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nousserons heureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : il n'y a rien de sigrave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne sesoucient pas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels, rien pour les dieux :leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.Une chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que déjà nous ne sommes plus là pour ensouffrir.

L'homme ne rencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instantprésent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instant présent, sans passé ni avenir : "Lamort n'a par conséquent aucun rapport avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour lespremiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance.Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, cen'est pas chercher à jouir le plus longtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. b.

La faculté d'indifférence radicale vis-à-vis de la mort Mais pour répudier la pensée de la mort (et donc annuler ses effets moraux sur nous) l'homme peut également seplacer à un niveau supérieur à celui de l'existence sensible.

C'est ce que fait Spinoza (dans « L'Ethique »)lorsqu'il affirme que l'homme libre ne pense jamais à la mort et que « sa sagesse est une méditation non de lamort mais de la vie ».

Spinoza refuse la pensée de la mort car il refuse de se placer au niveau su sensible, de la. »

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