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Peut-on vivre sans travailler ?

Publié le 14/02/2005

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L'homme d'action, le politique ne travaillaient pas et leur activité était perçue comme d'autant plus éminente qu'elle était délivrée de cette nécessité. Rousseau voit dans l'absence de travail l'état premier de l'homme et que "l'homme est naturellement paresseux". Il ne travaille que pour pouvoir survivre mais si ses conditions de survie sont assurés, il pourrait passer sa vie "à dormir, végéter et rester immobile." Pour Nietzsche, la glorification du travail était une volonté sourde de capter des forces créatrices, de les détourner de leur vocation naturelle- la pensée, le plaisir, pour les investir dans des activités socialement utiles. Le travail "consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour." (Aurore, 1880) Il est donc possible de ne pas travailler et d'occuper son temps à d'autres activités plus nobles. Le but de toute vie humaine ne s'incarne pas dans le travail, comme le dit Nietzsche le travail n'est pas une fin mais un moyen.   3. Le travail permet à l'homme de se réaliser et de devenir humain "Il est tout aussi faux de s'imaginer que, si Adam et Eve étaient restés dans le paradis, ils n'eussent fait autre chose que demeurer assis ensemble. L'oisiveté eut fait leur tourment[.

 

Avant la Chute, Adam et Eve jouissaient des richesses du jardin d’Eden, sans avoir à travailler. Cet état d’innocence et de béatitude est bien vite anéanti, et les hommes condamnés à gagner leur pain « à la sueur de leur front «. La paresse devient un des sept pêchés capitaux : l’oisiveté est prohibée tant par l’Eglise que par la morale. Pourtant, la tentation de vivre sans travailler reste forte : mais est-il possible de préserver des liens sociaux sans apporter sa contribution à la communauté ? Ne pas travailler, n’est-ce pas également éviter de se heurter à son environnement et à autrui ? Si les enjeux de ces interrogations s’avèrent tout à la fois relever de la morale et de la politique, c’est que le travail est synonyme de transformation tant de soi que de la nature : une vie sans travail, n’est-ce pas une vie sans résistance, menée uniquement dans le souci de soi et de l’instant ?

 

« Le travail dont il est question ici, est celui qui n'a pour but que le gain d'argent et les plaisirs qu'on peut acheter («un but mesquin… »).La valorisation du travail gagne-pain a la même origine que les autres discours moraux : la dépréciation et la peur del'individu.

Et de fait, ce travail empêche ce qui est d'ordre strictement personnel.

Il signifie « oubli de soi »,soumission à un rythme imposé, intégration à une collectivité.

Il n'y a plus de temps pour la solitude, pour laméditation personnelle, plus d'énergie pour les passions individuelles.L'individu, en tant que tel, est dangereux pour la société car il n'a pas pour but l'intérêt général, l'utilité commune,mais seulement lui-même.

Il est du plus grand intérêt pour la société que les hommes oublient qu'ils sont desindividus, pour se percevoir comme des membres de la société, et le travail est un excellent moyen pour lesdépouiller de leur être individuel.

Il faut remarquer la spécificité du point de vue de Nietzsche : il ne s'agit pas pourlui de défendre les travailleurs en tant que tels, mais de voir, derrière le travailleur, l'individu.

3.

Le travail permet à l'homme de se réaliser et de devenir humain "Il est tout aussi faux de s'imaginer que, si Adam et Eve étaient restés dans le paradis, ils n'eussent fait autre choseque demeurer assis ensemble.

L'oisiveté eut fait leur tourment[...] le meilleur repos est celui qui suit le travail."(Kant, traité de pédagogie) Le travail a en effet une autre valeur, par notre travail nous occupons une place dans lasociété, nous avons une fonction sociale.C'est dans cette transformation que l'homme s'affirme.

En effet pour Hegel, le travail arrache l'homme de l'animalité,à son existence immédiate, en lui imposant la médiation du temps et aussi celle de l'outil.

Le travail est alors nonseulement le moyen de la maîtrise de la nature mais aussi celui d'une extériorisation de soi.

Le travail forme etéduque, il transforme le monde et le civilise.

C'est donc par le travail que l'homme se réalise en tant qu'homme et sedéfinit.

En façonnant la nature à son image, il accède à la conscience et à la liberté.De même, pour Kant, l'homme en travaillant s'impose une discipline.

Le travail est formateur et permet à l'individud'accéder à l'estime de soi.Marx, de même, souligne combien la conscience se forme et évolue à partir du moment où le travail correspond à unprojet : en imaginant le produit qu'il veut obtenir, l'homme développe ses capacités de penser et sa volonté.

Pour Emmanuel Kant le travail n'est pas seulement un devoir moral, uneobligation pénible.

Kant insiste au contraire sur la dimension positive de cettecontrainte.

Elle est un bienfait pour l'Homme : pour l'espèce humaine commepour chaque individu. Kant affirme la positivité du travail pour trois raisons : 1.

Dans la perspective d'une philosophie de l'histoire, l'impossibilité de vivresans travailler apparaît comme le moyen par lequel la Providence assure ledéveloppement des facultés humaines.

Sans cette nécessité vitale, jamaisl'espèce humaine n'aurait été contrainte au progrès.

(« Il lui faut beaucoup depréparation...

») 2.

Dans une perspective métaphysique, le travail apparaît comme le moyenpour l'homme d'échapper à l'ennui.

L'ennui tient à l'absence de sens, le travailest ce qui permet à l'homme de donner un sens à sa vie.

Les distractions fontpasser le temps, le travail, lui, donne un sens au temps humain.

(« L'ennui leseût torturés.

») 3.

Dans une perspective anthropologique, le travail est le moyen de mieuxjouir de la vie.

Si le plaisir est absence de douleur, on ne jouit vraiment durepos qu'après un effort ! (« Que le meilleur repos soit pour lui celui qui suit letravail.

»).

Ainsi, le travail dans un premier temps est la condition essentielle de la survie de l'homme, parce la nature ne luioffre pas les choses nécessaires à sa vie et qu'il est donc obligé de travailler, de transformer la nature et de gagnersa vie pour satisfaire ses besoins élémentaires.

Mais une fois ceux-ci assurés, l'homme peut très bien arrêter detravailler, surtout quand le travail est pénible et déshumanise le travailleur.

Il libère ainsi des forces qu'il peutinvestir dans d'autres domaines tels que l'art, le sport,...

Pourtant le travail peut avoir une autre valeur.

Il permet àl'individu d'accéder à sa pleine humanité en se formant et en exerçant sa puissance.

Le vrai travail doit procurer unesatisfaction à l'homme et lui permettre de s'épanouir.

En tout cas, nous devons oeuvrer pour que ce soit le cas.... »

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