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Peut-on vouloir le bonheur des autres ?

Publié le 27/02/2008

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Peut-on vouloir le bonheur des autres ?

Est-il possible et légitime de vouloir le bonheur des autres, sachant que le bonheur est un vécu subjectif et personnel ? Avons-nous la capacité de nous donner comme but un intérêt autre qu'égoïste et privé ?  Et, dès lors, est-il même permis de vouloir le bonheur des autres ? Les plus grands drames de l'Histoire ne sont-ils pas ceux où quelqu'uns voulaient faire le bonheur de tous ?   De plus, n' y a-t-il pas autant de bonheurs qu'il y a de têtes ? L'idée d'un bonheur collectif et partagé est-elle possible ?

« grâce à laquelle nous pouvons nous dégager de nos désirs et instincts premiers.Mais ne peut-on pas douter de la capacité de l'homme à vraiment se détacher de son intérêt personnel ? Commentagir sans motif personnel ? Certes Kant a démontré que cela était possible à l'homme, mais pourtant, on peuttoujours soupçonner que ce qui semble être fait par devoir n'est au fond fait que par inclination, par intérêt ! Cf.sauver quelqu'un qui se noie : peut-être est-ce fait par désir de succès, par peur d'être accusé de non assistance àpersonne en danger, etc.On pourra encore nous répondre que ce qui est important, ce n'est au bout du compte pas qu'on veuille le bonheurdes autres au sens où on pourrait le désirer (pour lui comme pour soi), mais que les hommes ne se fassent pas tortmutuellement, et fassent le bien les uns des autres.

Même si c'est pour leur propre bien à eux, le résultat sera lemême : il y aura plus d'heureux que de malheureux, et ce sera pour le bien de la communauté Cf.

but du devoir debienveillance chez Kant : celui qui n'est pas heureux peut trouver dans son malheur une tentation et une raisond'enfreindre son devoir : il faut donc vouloir le bonheur des autres car c'est une condition de la vie pacifique ; celapermet en effet d'éviter les conflits entre les hommes.

Etre bienveillant est un devoir qui a une nécessité sociale, etdonc, peu importe que qu'il ne soit pas accompli par intention de faire le bien et uniquement le bien ; l'importantc'est qu'on le fasse… (cf.

distinction droit et morale)Là où les individus font défaut en ce qui concerne la bienveillance, la collectivité, l'Etat, le droit, prennent donc lerelais.

Cf.

aujourd'hui le « droit au bonheur » inscrit dans les droits de l'homme (déjà signalé dans l'introduction).Cela signifie qu'il est pratiquement devenu une loi positive, qui est assortie de sanction possible pour celui qui ne lerespecterait pas. Deuxième partie Problème : le bonheur n'est-il pas subjectif, c'est-à-dire personnel, propre à chacun ? L'Etat a-t-il le droit delégiférer en ce domaine ? N'est-ce pas une contradiction dans les termes ?Qu'est-ce en effet que le bonheur ? Nous en avons parlé, ci-dessus, de façon très vague.

Le bonheur c'est le « bien» de l'individu.

Nous en avons également parlé comme d'un sentiment, comme d'un état subjectif de l'individu (lebonheur, c'est le sentiment de bien-être total, c'est se sentir bien, dans son corps comme dans sa peau…).

Ce quenous n'avons pas vu, c'est que, à partir du moment où le bonheur est quelque chose de subjectif, c'est la questionmême, finalement, de savoir s'il faut vouloir le bonheur des autres, qui pose problème.Que veut en effet dire précisément la thèse selon laquelle le bonheur est quelque chose de subjectif ?Elle signifieque rien n'est plus personnel que le bonheur.

Chacun a une vision personnelle du bonheur, qui dépend de son milieusocial, culturel, etc.

Le contenu du bonheur est différent non seulement d'un individu à l'autre, mais encore, changeau cours de la vie d'un individu.

Différent d'un individu à l'autre : pour l'un, le bonheur résidera dans la possessionmatérielle de biens, pour l'autre, dans la lecture, pour l'autre encore, dans la possession d'une belle voiture, etc.

Aucours de la vie d'un individu : selon les expériences qu'on va faire dans la vie, notre « vision » du bonheurchangera… Cela signifie aussi l'incertitude du bonheur : son contenu est indéterminé, nul ne sait jamais aveccertitude en quoi il réside (son caractère indéterminé vient justement d'une impossibilité à s'accorder sur le contenudu bonheur, que ce soit entre nous ou bien avec soi-même).Il est donc faux de dire que vouloir le bonheur des autres est un devoir au sens où cela profiterait à la société et enserait même la condition de possibilité.

Cf.

texte de Kant (bonheur versus liberté).La société a en effet pour origine, comme on peut le voir dans le Léviathan de Hobbes, le désir (aidé de la raison)d'échapper aux conflits en luttant contre l'individualité.

C'est en effet le droit naturel (entendu comme droitd'exercer sa puissance comme on l'entend) de juger de ce qui est bien et mal pour satisfaire ses désirs et son désirultime ( = rester en vie pour satisfaire ses désirs le plus longtemps possible), qui, à l'état de nature (étathypothétique dans lequel on vivrait sans lois positives, et sans but commun), mène les hommes à se battre et mêmeà s'entre-tuer.

Mais aucune société ne peut reposer alors sur ce qui est le plus personnel en chacun ! Nous avonsbesoin d'un but commun si on veut cesser de s'entre-tuer, et la notion de bonheur ne permet nullement des'accorder sur quelque but que ce soit.

Il ne faut donc surtout pas se donner comme but, en société, de vouloir lebonheur des autres car loin de créer la paix et l'harmonie entre les hommes, cela ne mènerait qu'à une série deconflits. On peut se donner comme but la liberté des autres, pas à proprement parler le bonheur.

On peut même soutenir quevouloir le bonheur des autres mènerait justement à la négation de nos libertés respectives.

Vouloir le bonheur desautres, que l'agent de ce vouloir soit un individu, une association d'individus quelconques ou l'Etat, c'est au bout ducompte prétendre régir la vie personnelle d'un individu à sa place.

C'est la négation ultime de la liberté individuelle.On sait bien que c'est le but même du totalitarisme de vouloir régenter tous les domaines de la vie humaine, ycompris ce qui relève de la pensée et même du sentiment (cf.

1984 ; Le meilleur des mondes…).

Même sous couvertde vouloir vraiment le bien des autres hommes, la volonté de faire le bien des autres est toujours à suspecter.

Ellemène trop souvent à vouloir imposer à quelqu'un de « différent » une vision du monde, un système de valeurs (cf.les guerres de religion, la chasse aux sorcières, et le terrorisme).

Mis au service d'une vision politique, le bonheurn'est qu'un instrument de tueries !C'est l'idée même de bonheur collectif qui est ici mise à mal… elle est contradictoire, et il n'est donc finalement nipossible ni permis de vouloir le bonheur des autres. Troisième partie Problème : le bonheur est-il si inconstant et si subjectif que ça ? ne peut-on s'accorder sur les conditions minimalesdu bonheur ?. »

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